Samedi, dans la journée

Soleil radieux - l'astre qui illumine la vie et qui attire la joie - il amène l'enfant à quitter le dortoir et à s'aventurer sur l'île - jamais bien loin toutefois. Elle croise le monde, voit le jour - renouveau exquis qui a des goûts de lendemain d'enfers - infernale soirée où modération n'était présente que sur papier. Heureusement, le crâne n'est pas trop atteint, certes, elle a cette sensation éternelle de planer, d'être à l'ouest, mais ça ne la change pas tant que ça.

C'est dans le bâtiment principal qu'elle se retrouve sans trop savoir, dessinant la suite de son aventure dans des souvenirs flous, traçant du bout des doigts les lignes murales qui lui indiquent le chemin, lui faisant oublier de se perdre. Elle est plus trop sûre d'avoir déjà visité la bibliothèque, bien trop égarée dans un autre univers - où les astres dansaient et les arbres chantaient, c'était marrant en y repensant - alors elle la cherche, peu attentive à ce qu'il se passe autour d'elle ou aux ombres qu'elle croise par moment.

Enfin, jusqu'à ce qu'un rayon de lumière n'éclaire ses pas - silhouette au loin qui étrangement se fait envoûtante, aura solaire qui attire les prunelles froides - elle pourrait s'y brûler la rétine à force d'admirer tel Phébus. Heureusement pour elle, il n'y a que le dos de visible - qui se fait familier dans les méandres de son esprit. Alors elle le suit, parce que c'est bien connu, stalker des inconnus ça permet de se rappeler d'où et quand on les a déjà vu (non). Ou alors c'est juste qu'elle peut pas s'empêcher d'être attirer par son opposé.

A force de torturer les neurones, elle finit bien par trouver une ressemblance avec son camarade de dortoir - le beau à l'allure impérial. Mais celui ci à plus des manières princières - dans les formes qui se mouvent, puis dans le regard qui se porte sur le monde, lorsqu'enfin elle les aperçoit, les flamboyantes iris - elle s'en cache derrière un mur et le reconnait enfin, le demi-vélane qui s'est démarqué la veille par son p'tit show de diva - qui a fait rire et fondre les cœurs de ses dames - pas le sien, heureusement, elle était trop occupée à s'inquiéter de l'avenir de la brouette face au grand taureau.

Et quand elle veut redevenir son ombre, le sorcier a disparu. Froncement de sourcils, elle s'avance encore, marche, trace un nouveau chemin, limite déçue de ne pas avoir pu percer les mystères entourant l’Apollon - elle en oublie d'être attentive, de nouveau, jusqu'à tourner à un croisement et s'trouver le nez contre le torse d'un homme - ou d'une femme plus grande et plus plate qu'elle - c'qui est donc peu probable.

Trois pas en arrière, relevé de tête - l'âme est perdue dans un océan de charme éblouissant - pas besoin de plissage de paupière pour capter que c'est le don juan qui faisait les yeux doux à Aonyobo y a moins d'un jour en arrière. Fièvre montante et regard fuyant - elle tente de se reprendre, offrant un sourire timide et désolé. « Désolée. Je ne t'avais pas vu. » Faux - et l'excuse est bidon en plus. Mais elle fera pas mieux pour le moment - et peut-être même jamais. Est-ce que c'est maintenant qu'elle doit partir en courant ?