Quelque chose de mélancolique dans la manière dont son doigt tapote en rythme contre le bureau, et puis dans le regard aussi. Des yeux cerclés de noirs avec discrétion toujours, qui regardent là où personne d'autre ne semble capable de voir.
S'il y a des royaumes dans les yeux de Lancelot, elle ne les partage pas. Un silence, un sourire entre douceur et excuse, un sourire comme pour dire “ce n'est pas grave, tout ira bien”.
Les étudiants, certains professeurs aussi, se trompent alors, l'imaginent médicomage. Capable de guérir. Elle rit lorsqu'ils se trompent ainsi, d'une certaine manière ce rire est beau, il y a des promesses dedans.
Parfois, on la surprend un livre à la main, un roman toujours. Dérangée dans sa lecture, elle peut sursauter, rougir, et tout balayer de ce même rire encore une fois. Ce n'est jamais bruyant, comme la tristesse qu'elle porte aussi. Une tristesse sans larmes, une tristesse de faible pour beaucoup sûrement.
Elle ne claque jamais les portes aussi, elle les ferme et souvent, regarder ses gestes, sa manière de bouger, c'est comme avoir l'impression de partager un secret avec elle. Peut-être à cause de son regard, du demi sourire aussi?

Ca ira, ce n'est pas grave. Tout ira bien.

Elle ferme la porte alors, celle que l'on VEUT prendre pour un médicomage, comme pour donner une logique au monde.
Elle ferme la porte, annonce son cours.
Continue de sourire, sincère.
Torture, et résistance à la torture. Parce qu'elle semble être le visage tout à fait humain et ordinaire que peut avoir le bourreau tout autant que la victime. Il n'y a pas de pitié dans ses cours, pas plus qu'il n'y a de sadisme ou de froideur. Sa voix garde le même ton, peut-être est-ce cela le pire? Et tout est contrôlé, réfléchi. Pragmatique.
Peut-être qu'on ne la trouve pas qualifiée pour ce rôle, peut-être qu'elle effraie au contraire.
Et à côté, certains étudiants se trompent encore, vont jusqu'à l'appeler “maman”. Parce qu'elle a ce visage là, celui de la femme, de l'amante, de la mère ou de la soeur. Celui que l'on a envie d'aimer pour ses sourires et des distractions, pour des éclats de rires soudain entre deux silences.
Pas pour les cours, l'autre côté d'un miroir de logique et si effectivement on peut se rassurer en l'estimant trop faible, trop humaine, trop imparfaite face à des sociopathes de romans pour enseigner cela, chacun a hurlé ou hurlera bien plus d'une fois quand la porte se refermera sans bruit, que la leçon sera pratique.
Ils parleront, quand bien même Lancelot doit leur apprendre à se taire. Dans la valeur et l'apprentissage du silence, se découvre aux yeux des autres, son vrai rôle de professeur.
Le silence sera appris dans les langues qu'elle-même parle : anglais, français, allemand, ainsi que dans toutes celles qu'elle n'a jamais maîtrisé et ne maîtrisera jamais.
Ne pas parler, ne pas trahir, ne jamais dévoiler, divulguer, peu importe le prix.

Ca ira, ce n'est pas grave. Tout ira bien...

Et casser le propre silence de leurs ennemis.

Derrière l'humanité imparfaite, l'hiver de tout ce que Lancelot a perdu, le froid ce ce qu'elle ne retrouvera jamais.  

Oupsy
certain
Jennifer Connelly
mes mimines à moi