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Shishi est nerveuse. C'est le moins que l'on puisse dire. Elle se tient un peu en retrait, ses cheveux plaqués en deux tresses sur son crâne, dégageant son visage poupins. Elle n'a pas la gueule de l'emploi. Si frêle, si petite, si fragile au milieu d'un top vingt qui a l'air près à en découdre. Elle déglutit. Rapidement, cependant, son attention est attirée par la directrice de Uagadou, Kora, et la caisse pleine de fioles qu'elle faire léviter. Encore des fioles. Elle commence à en avoir assez, des potions de cette île. Vraiment. Puis, Jupiter prend la parole, et s'accapare toute l'attention de la nippone. Il leur rappelle qu'ils sont l'élite. Un instant, son regard se perd sur l'irlandais, qui fait des grands signes à toutes les recrues de la pièce, un sourire imbécile flanqué sur le visage. Galaad est un amour, certes, mais Shishi a tout de même un peu de mal à se dire que son dossier était si irréprochable que ça. Elle repose alors ses iris noisettes sur Jupiter. Chaque information donné par le directeur est enregistrée et méthodiquement classée dans son esprit. Discrétion, subtilité, efficience. Bien, ça, c'était dans ses cordes. Kora ouvre la malle, révélant plusieurs survêtements parfaitement identiques, accompagnant l'ultime consigne du roi des dieux. Shishi retient une grimace. Avant de se redresser et de s'avancer vers la table. Après tout, l'africaine avait insisté sur le terme maintenant. Bon petit soldat, Shishi s'exécute et enfile le survêtement par dessus sa brassière et son legging, sans plus de cérémonie, sans même se soucier de si d'autres l'imitaient ou non. Sa main saisit ensuite l'une des fioles, qu'elle porta à ses lèvres sans l'ombre d'une hésitation.

Elle était à présent un américain d'une quarantaine d'années. Et la chose ne semblait pas particulièrement la déranger.

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Résumé:

Contrairement à son habitude, la jeune femme est arrivée en avance, semblant prendre beaucoup plus à cœur les missions que les cours. Se tenant en retrait, elle regarde les directeurs, les bras croisés, tentant de deviner ce qui les attendrait, mais sans véritablement y parvenir.

Jupiter prend la parole. Les remerciant pour leur ponctualité (elle se sent tout de suite visée), il leur rappelle que les attentes sont hautes. Ce n’est pas le fait d’affronter les meilleurs du classement qui embête Risha, ce sont les mots suivants, le fait que ce ne serait pas eux qui seraient lâchés bêtement sur un champ de bataille. Elle se reprend rapidement, refusant de se laisser emporter par les émotions. Les mots d’ordre sont discrétion, efficience et subtilité. Plus que jamais, il était important de tenir compte de leur environnement immédiat.

Risha commence à penser, réfléchir, elle ne pense pas que tout se jouera à la chance, ce sont des probabilités, certaines choses ont plus de chances d’arriver que d’autres. La mission est axée sur l’infiltration et l’analyse d’un territoire ennemi, mettre hors d’état de nuire ses camarades. Sortant de ses pensées, la jeune femme reporte son attention vers Kora, leur ordonnant de prendre une gorgée dans la bouteille et d’enfiler un des survêtements.

À la manière de Shishi, Risha s’exécute, sans se poser de questions, retirant ses vêtements les plus amples, pour ne conserver qu’un pantalon et un haut près du corps, ainsi que ses multiples foulards, se refusant de les laisser derrière. Elle les replace autour de son corps, pour qu’ils ne la gênent pas, pendant la mission. Elle se saisit ensuite de l’une des fioles, pour en boire le contenu et revêtir sa nouvelle apparence.

Pour la première fois, elle est un homme blanc d’âge moyen. Marchant, elle tente de s’habituer à sa nouvelle stature, non sans quelques regards en direction du directeur et des jeunes hommes constituant ses camarades de mission, beaucoup moins prise au dépourvu que ce que l’on pourrait attendre d’elle.

Sourire plastique (poli mais fermé) sur les lèvres soleil ne bronche pas. Il attend sage et tranquille, les mains dans les poches, triture du bout des doigts la montre qu'il ne porte pas. Légers mouvements du chef pour les quelques silhouettes qu'il reconnaît, pas un mot n'échappe avant que les deux têtes se soient tues. Azurs glissent vifs sur la table et les visages des participants, soupir long soulève la poitrine. Le mot, l'idée de polynectar dégoûtent et la nausée pointe rien que de l'imaginer.

L'irlandais braille, offre légère diversion que l'astre saisit avec plaisir, une main se pose sur l'épaule du diable à ressort et le visage du divin se penche jusqu'à chuchoter quelques mots à son oreille. Et aussitôt le relâcher, l'idiot s'envole déjà. Les autres s'activent déjà, le visage du tonnerre se répète jusqu'à l'angoisse et blond-ange réprime un haut le coeur. Il récupère les vêtements du bout des doigts, retenant une grimace, se change en fermant les yeux pour minimiser le massacre, passe la montre à son poignet droit, plie son pantalon et sa chemise avec des gestes experts.

Reste la potion, donc. Il se plante devant tout sauf décidé, réfléchit déjà à une façon de se défiler quand les mirettes croisent celles menaces de Jupiter. Gamin n'a donc pas le choix, son visage perd quelques teintes mais d'un air qui se veut décidé il avale la décoction. Et puis tousse un peu, descend ses manches jusqu'à masquer le bracelet d'or à son poignet, glisse une main dans les cheveux devenus trop courts et rêches, regarde partout sauf où il pourrait croiser son nouveau reflet.

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