La jeune femme se porte plutôt bien. Impatiente de commencer les cours, elle trottine dans le bâtiment principal, admirant les lieux autour d’elle, se disant qu’elle était tout de même chanceuse d’avoir été sélectionnée pour le projet. Ce n’était que les plus grands talents, les plus grands espoirs qui avaient eu cet honneur, alors, elle devait leur montrer qu’elle en valait la peine.

Continuant de contempler le sous-sol comme s'il s'agissait de la huitième merveille du monde, Alrisha arrive devant une grande salle d’entraînement. Autour d’elle se trouvent des écrans, des machines, des planches sur lesquelles sont écrites plusieurs lettres de l’alphabet arabe, des chiffres, même des virgules, des points. Fronçant les sourcils, elle tente de déchiffrer ces étranges figures, non sans un brin de poésie. ♡

« Les lettres sont telles un périscope,
Sortent de la bouche comme le ferait la fumée d’une clope,
Il me suffit de taper sur ces carrés,
Pour voir la vérité se révéler »

Croisant les bras, la jeune femme s’assoit sur le banc, tentant de comprendre le fonctionnement du… comment ça s’appelle déjà… clavier ! Prudemment, du bout des index, elle écrit son nom de code, cherchant les lettres, ne comprenant pas pourquoi elles ne sont pas placées dans un ordre alphabétique. Lorsqu’elle appuie sur le A, elle retient un sursaut, non familière avec le bruit, se demandant si elle n’a pas brisé la machine. Apparemment non. Levant la tête vers l’écran, elle reste bouche bée, souriante, comme si elle avait assisté à un miracle.

« Vérité révélée ! Inscrite dans un carré encore plus grand !
Certains lui donneront le nom d’écran !
De ce que je touche, rien ne s’efface
Facilement, il est possible de laisser sa trace »

Amusée par l’ordinateur, Alrisha se plait à inscrire son nom, et vient le moment de sélectionner une option. Bien évidemment, elle choisit le difficile. Sinon, ce n'est pas drôle, et puis, le rouge, c'est sa couleur préférée. ♡

« C’est dans les épreuves,
Que l’on est en mesure de faire ses preuves
Il ne faut le faire ni dans les chicanes,
Ni en ayant l’intelligence d’un âne,
Qu'est-ce qui rime avec âne... »

Alrisha sourit.

« Viviane. ♡ »

Lorsque la jeune femme se retourne, elle aperçoit sa camarade à la porte. Alrisha ne retient pas un cri de surprise. Sautant sur sa chaise, avec l’adresse et la rapidité d’un félin, elle se saisit de la souris (souris, félin, lololol) de l’ordinateur pour la jeter sur la tête de sa camarade, tir lancéolé qui atteint parfaitement sa cible. C'est certain. Dans un autre monde, Alrisha aurait pu se faire appeler Jeanne d’Arc. ♡

« Je ne suis pas restée suffisamment au lit,
Je ne sais pas si tu es une invention de ma tête ou de mon esprit
C’est une salle d’entraînement
Alors je t’affronterai vaillamment »

Si seulement Vivianne était son unique adversaire,
Les choses sont moins simples qu’elles n’en ont l’air,
Dans cette histoire, les touches
Ont eu le même effet que des cartouches
La salle se retournera contre les deux recrues
Qui l’aurait cru ?
Elles ont intérêt à travailler ensemble
Et rapidement, parce que déjà la terre tremble…

Défis placés:

Aurore chatoyante se mêlant à l'horizon verdoyant, ensemble resplendissant sonnant tel une hymne à la vie, invitant à laisser l'encre s'écouler en de maintes lignes afin de dépeindre la beauté de l'instant. Tableau à la splendeur désuète éclatée par le pas trainant et la sale gueule d'une britannique dont la mine n'avait rien de resplendissante ni même d'inspirante. Lundi. D'ici quelques heures, les premiers cours commenceraient. D'ici quelques heures, elle devrait d'nouveau poser son cul sur une chaise durant des heures - retour sur les bancs d'école comme si elle n'avait que 11 ans. Retrouve dans un sourire amer, la flamme de ses souvenirs.

Ingénieuse un instant - ou curieuse à en vendre son âme, elle profite de l'heure matinale afin d'explorer les couloirs du bâtiment principal. Elle déambule - et ne fait pas de bulles, porte son intérêt ci et là; frivole. Dévale les escaliers menant jusqu'au sous-sol, car c'est généralement là où s'abrite les plus sombres secrets d'un lieu. Et si elle doit découvrir que les sous-sols renferment des secrets glauques et sordides, elle préfère encore l'savoir dès le début; histoire de savoir où envoyer s'perdre ceux qui l'emmerde un peu trop.

A s'improviser Dora l'exploratrice, un bruit lui parvient - Chipeur ? Intriguée par la mélodie désaccordée des mots se mêlant au tempo des parasites sonores informatiques, elle s'attendait à bien des choses, mais pas la scène sur laquelle elle tomba - personne s'attend jamais à ceux sur quoi il tombe de toute façon. Adossée à l'encadrure de la porte - parce-qu'elle est un peu fatiguée quand même, dissimule à peine un bâillement lorsqu'elle se fait attaquer par une souris sauvage. Immobile, c'est certain, dans un autre monde elle aurait été une superbe pomme. ♡

Beuguer - autant que l'ordinateur sûrement, type erreur 404, elle cligne des yeux plusieurs fois pour être certaine d'avoir bien piger ce qu'il s'est passé. Non seulement celle qui confond clavier et piano venait de la traiter d'âne, mais en plus elle lui balançait une souris à la gueule sans complexe ? P a r f a i t. Puis elle se met à parler en plus. En rime. Elle avait bouffée Verlaine au p'tit dej ?

« J'peux au moins te dire ce qui n'est pas une invention : qu't'aurais dut rester au lit.» Ou p'têtre que c'est Viviane qui aurait dut y rester ? Allez savoir. La tonalité sec tandis que le regard jauge et juge - ouvertement.

« Maintenant, pourrais tu cesser ainsi de parler
Car tu commences déjà à m'agacer,
S'il te plait
Ne soit pas une plaie.»

Flash info : Viviane sait ce que sont des rimes et sait même en faire apparemment. Truc de dingue. Par contre, y a un truc beaucoup moins dingue qui se passe : le sol qui tremble. Type, on dirait qu'il convulse. Ça pouvait convulser le sol ? Sûrement qu'non. Ça pue en tout cas - et non, la sorcière n'a pas oublier de se doucher. Regard qui se perd sur la silhouette de la quatrième du classement : t'as foutu quoi ? Pour question tacite.

Elle s'approche et s'accroche à l'ordinateur. Décor se teintant d'un gris obscur, l'ensemble semble être neutre - pas de mobilier particulier, quatre colonne à chacun des points cardinaux de la salle. Y avait une portoloin sur l'ordi ?? Elle pige pas tout Viviane, mais en revanche, elle voit que y a un troll sortit de nul part qui leur fonce dessus.

« Tu veux pas affronter ça plutôt ?» Qu'elle articule, nonchalante, alors que ses mains déposées sur les épaules d'Alrisha - sans le moindre embarras, invite la demoiselle à faire demi-tour afin de faire face à la bestiole. Elle pouvait pas retourner dans son lit la britannique ?

Dé: