Tu tenais plus en place, t'en avais assez d'être enfermée sur cette ile. T'avais la passion des grands espaces et petits comités, on en était loin. Y'avait que les yeux rivés sur le ciel la nuit que tu te sentais un minimum en paix, planquée sur le toit de ton dortoir. Même si ça manquait de reflets labradorite à ton goût, il fallait croire que même ici, la pollution avait percée, et cachait quelques étoiles.
T'es en pleine promenade, occupée à essayer de pêter un ormeau en deux, lorsque ta vision périphérique est perturbée par un énergumène agité. Ah, le grand-père aux discours claqués. Il est accroupis dans les herbes, et réclame que toi et deux autres malheureuses qui passaient par là en fasse de même. Tu lève les yeux au ciel, soupire un bon coup en balançant ton défouloir derrière ton épaule, puis tu te baisses, progresse dans les herbes pour rejoindre le quatuor improbable. L'anglaise prend la parole, chuchote une théorie à ton avis très pertinente sur un possible burn out du directeur français.
Il avait du abuser de la poudre de perlimpinpin, voilà ce qui se passait. Après les américains, t'ajoutes les français comme individus à pas trop fréquenter. Entre la brunette suicidaire de la dernière fois et le représentant en plein PTSD, c'était clair qu'on partait sur une délégation bien corsée.
Tu te contente d'un simple haussement d'épaule à la question. T'en savais rien, et t'étais pas sur de vouloir savoir, ça puait l'après midi gênante à plein nez.
"Oui monsieur ?" Que tu chuchotes tout de même après un coup d'oeil à la tente. Si il vous avez fait venir pour un camping sauvage, tu exiges une évaluation psychologique pour vérifier qu'il soufre pas d'un retard mental avancé.