Mizuchi observait la lisière de la forêt, plus loin, les mains sur les hanches. Le long de son dos, un peu malgré elle, un frisson d’excitation la parcourait, quand elle imaginait les dangers potentiels qu’elle pouvait y rencontrer. Cette matinée s’annonçait dépaysante. Elle avait mangé un petit rien à la table du petit-déjeuner, puis était montée se changer pour des vêtements plus adaptés à son programme. Ample pantalon de coton noir, fin débardeur ajusté, chemise beige à manches longues, rangers à lacets. Si elle devait s’attaquer aux pénombres de la forêt et aux premières arêtes de la montagne du Nord, elle n’irait pas en robe et en sandales. Couvrir sa peau, cela protégerait légèrement des attaques du soleil et de quelconques insectes. De bonnes chaussures, indispensables. Un foulard dans ses cheveux brillants. Un sac à dos léger, une gourde vide, sa baguette magique. Voilà qui conviendrait.



L’enseignante s’installa au bord du lac Nord, et alluma une cigarette. Elle fumait peu, mais aimait clore ses repas et initier ses journées par quelques bouffées de fumée bleue. Et puis, elle attendait quelqu’un, qu’elle espérait voir arriver sous peu, s’il ne l’avait pas oubliée. L’infirmier n’avait pas vraiment confirmé texto qu’il viendrait, mais il semblait plus enthousiasmé par ça que par … whatever il avait prévu de faire aujourd’hui.

Elle l’aimait bien, le bougre. Elle aimait bien les gens ronchons de manière générale. Ils lui inspiraient une sorte d’étrange sympathie sans arrière-pensée, un sourire teinté d’attendrissement. Et puis, généralement, ils étaient les premiers à se mettre sur pieds pour saupoudrer un peu de piquant dans leur vie. Les véritables allergiques sociaux, on les voit pas, ils prennent pas ce risque.

Jouant du bout de sa baguette avec les volutes de fumée, les faisant épouser de jolies arabesques d’eau, elle songeait aux détails de sa préparation.



Elle n’avait ni la carrure d’une professeure de Poudlard, ni d’une instructrice de l’armée Russe, mais elle avait pour elle l’expérience et l’opportunité de la partager. Alors elle n’épargnerait pas ses jeunes recrues, et si elle espérait que son collègue infirmier ne se fasse pas trop solliciter, elle n’hésiterait pas à risquer sa mise à contribution. C’est pas le jardin d’enfant ici, c’est le vrai monde, et dans ce monde, c’est la guerre.

hooooy:

Matin léger - c'est si rare, il le savoure. Goutte de café dans le whisky pour réveiller la tête, endormir le corps. Poison qu'il distille dans les veines toute la journée, à trop petites doses pour qu'un oeil léger aille le remarquer. Il n'est jamais ivre l'Ortiz, juste engourdi. Pressé aussi. Il traverse le parc d'un pas vif, pantalon à poches, baskets aux épaisses semelles et sur les épaules l'éternelle veste de treillis - il doit y avoir caché son âme, il ne la quitte jamais. Main droite dans la poche, la gauche prend soin du thermos.

Il l’aperçoit vite la dame sirène. Russe ne saisit pas tout à fait en quoi cela consiste (lacunes évidentes en culture générale) mais l’appellation poésie lui plaît. Toujours élégante, même de loin, même de dos, même habillée pour la randonnée. Slave aurait la dégaine d’un réfugié si l’on comparait, quelque part entre l’enfant sauvage et le déserteur (c’est si loin d’être faux). Elle embaume la sympathie, ces fragrances confiances qu’il se surprend à humer.



Il approche du calme, sérénité qu’il pourrait appeler la petite femme toute en mines légères, port altier et commentaires joyeusement piquants. Ses yeux alertes surtout, discrètes iris malice dont les étincelles sagaces attirent, irrémédiables, les esprits curieux et agités. Assemblage de traits feutrés qui l’ont poussé à accepter la surprenante promenade de santé. Par manque de chance l’infirmier baragouine à peine quelques phrases d’anglais et il doute fortement que la collègue maîtrise ses mots à lui.

Il échange le thermos de main alors (après en avoir bu une gorgée), extrait sa baguette d’une poche cousue à l’intérieur de la veste et chuchote quelques mots, tente une imitation sommaire du sort de traduction mis en place dans la cité. Les tempes palpitent presque aussitôt, coups rythmés qui remontent dans le crâne et gamin estime qu’il doit avoir réussi. Il rejoint la naïade, tend le thermos avec un sourire ferraille. Ceux qui tirent trop fort les joues tant on veut les forcer. « Koffié ? non, ça n’a pas marché. Rouages tournent derrière les mirettes. Uh.. Strong ? » Grimace, pour le whiscafé (chargé, donc), les langues qu’il ne connaît pas et la tête qui se plaint déjà.

Elle n'en voudra pas c'est certain mais pauvret n'a rien d'autre à offrir, souffrirait bien trop de ne pas partager ses quelques biens avec qui passe devant lui. Le regard quémande, un peu. Une main tendue ? Ou juste un départ. Il sautille un peu sur place l’enfant, ses tulipes quittent vite la vis à vis pour se perdre à l’horizon, et là enfin elles pétillent.  

Citation :

1 - 10 : échec critique, non seulement il entrave toujours pas le rosbeef mais la migraine pointe
11 - 50 : échec, anquoi ?
51 - 90 : réussite, on se comprend
91 - 100 : réussite critique, il retiendra même quelques expressions

Spoiler:

Slave affiche soleil, un vrai rayon de lumière qui passe sur les traits quand la dame nymphe partage la boisson. Il n'a aucune idée de ce qu'elle raconte mais ça sonne agréable, rythme joyeux alors il sourit. Elle pourrait bien l'insulter il n'en saurait rien pour l'heure. Il devrait se faire donner quelques cours d'anglais histoire de s'y retrouver.

Par chance elle a compris, répète (avec plus de succès) le sortilège et la voilà qui s'emballe. Il comprend. Regrette un peu. L'étrangère déblatère elle parle et parle et parle et l'Ortiz opine vivement du chef en lui emboitant le pas. La mine reste sobre, les questions s'enchaînent. Il fallait vraiment organiser des cours ? Quelqu'un l'avait fait ? Quelle était sa matière ? " Oui. " il répond juste.