Orbes bleues, lac à la surface tranquille mais opaque, un regard où il est facile de se perdre. A force de chercher ce qui s’y cache, on finit par se noyer. Se méfier de l’eau qui dort. Façade aimable, lisse, où rien ne dépasse. Portrait classique, aura d’un temps révolu depuis longtemps, port altier mais sourire avenant. Petit, discret, un secret semble flotter dans le coin de ses lèvres pastel. Peau claire et cheveux soleil, nord visible dès le premier regard.

Physique élégant mais aux lignes droites. Une dureté se dessine, origine imprécise, où on se demande si la forteresse était déjà présente ou si la vie l’a construite. Question sans réponse, existence ne semble se résumer qu’à son rôle dans l’île. Épais voile posé sur ce qu’elle considère sien. Rares élus possèdent des clés mais tous les verrous ne cèdent pas.

Cordes vocales s’agitent telle une harpe, calme modulant chaque son. Mots divers, culture dans la diversité dans laquelle elle s’exprime. Trinité principale, allemand, anglais , français. Notions plus ou moins vastes dans d’autres. Léger accent épice la recette, écho de sa germanique ascendance. Voix ne monte jamais, cris étrangers de sa personne. Volume constant mais mélodie variable, émotions colorant le ton. Couteaux tranchants lorsque descendent les nuages sombres.

Fumée des chaudrons pour décor, art précis où chaque geste a son importance. Valse complexe qu’elle aime, yeux brillants d’une passion dévorante. Rare moment où la peinture s’anime, où la vie emplit l’espace. Seul moment où on entrevoit une femme, celle qu’elle a été autrefois. Peut-être. Rien n’est jamais sûr avec elle. Cours où les questions sont plus nombreuses que les réponses, instructions teintées de devinettes. Recherche de réactivité, d’inventivité. Volonté de pousser à l’indépendance. Elèves ne savent jamais vraiment quoi attendre une fois la porte franchie. Elle le préfère ainsi. Ne jamais être prévisible.  

Recherche de la poésie silencieuse des plantes. Les serres, pari sûr si l’on cherche à la retrouver. Adoptée par la population environnante, lieux semblent briller en sa présence. Tout semble calme, harmonieux, tiges et feuilles murmurant une comptine connue d’elles seules. Tendresse pour le monde végétal, douceur qu’elle étend aux recrues. Situation complexe, si complexe, coeur veut apporter un peu de chaleur, un peu de réconfort. Mais toujours portes closes, masque distant en public. Privé, toujours protéger le privé.

Lilac
24 printemps
Diane Kruger
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