Il a le bras rouge, Hito, et le sang qui ruisselle sans pouvoir s’arrêter. Pas le temps de s’amuser avec ce russe qui a des relents du front, qui semble croire qu’ils doivent se mettre en danger ici pour être capables de surmonter demain. On ne s’amuse pas avec ça. Il y a un infirmier, et ils peuvent aller le voir, ce n’est pas un signe de faiblesse, juste du foutu bon sens. Mais Lénine est obtus, et ses mots claquent, de plus en plus violents, de plus en plus secs. Il est pas doué, c’est vrai, mais il progressera, il le sait. Il aurait pu le contourner simplement en lui balançant ce qu’il pense de lui et aller chercher de l’aide, mais il l’intimide. C’est un guerrier, un vrai, et il ne veut pas trop descendre dans son estime. C’est important pour lui que le russe reconnaisse aussi ses qualités. Alors il vacille un peu mais ne scille pas des yeux. Recule de quelques pas quand la main le pousse, ne s’esquive pas quand la ceinture s’enroule à son bras pour en former un garrot.
Lénine transforme son sac en nécessaire de secours rudimentaire, du fil et une aiguille, et il comprend ce qu’il va faire. Le regarde se préparer, les jambes qui tremblent, la vision moins claire, petites étoiles qui passent devant ses yeux. S’asseoir déjà, dos contre le mur, et ne pas regarder la flaque de sang au sol. Serrer les dents pour ne pas se plaindre. Ne pas le regarder non plus se recoudre, voile pudique. Le mur d’en face ? Ouais, bonne idée ça. Le mur d’en face c’est bien. Faire le vide, calmer ses pulsations, évacuer la douleur, le bras qui vrille. Ne pas laisser les ténèbres gagner. Et puis, il lui file le kit, mordant. Ses yeux se lèvent pour voir sa joue, parfaitement recousue. A lui de se débrouiller seul ? Tester ses capacités de survie seul, sans appui de camarades ? Nulles, à priori. Mais il va essayer ouais, il est pas du genre à se démonter, Hito.
Il essuie l’aiguille et la désinfecte laborieusement avec son briquet, puis regarde enfin la plaie à son bras. Profonde. Il n’a qu’une main de libre pour s’aider, l’autre est inerte au sol. Ok. Prendre sa baguette et la coincer entre ses dents. Enfoncer l’aiguille dans sa chair ouverte, et commencer son travail. Surtout, surtout, ne pas perdre conscience. Ça lui ferait trop plaisir. Plaintes qui s’échappent de sa bouche, dents qui grincent sur le bois et larmes qui coulent. Il s’applique, fait au mieux avec sa seule main tremblante. Il s’accroche, ne veut pas défaillir, pas sous le regard intransigeant sur russe. Regard dur, presque assassin. Ça va le faire, ça avance.
C’est fini. Maladroit mais ça fera l’affaire jusqu’à ce que quelqu’un de compétent ne passe pour finir le travail. Baguette qui tombe au sol, marquée, et main qui se pose sur la ceinture pour se défaire de son emprise. Il la rend à Lénine. Essaye de bouger un peu son bras gauche, mais le sang n’est pas revenu encore, il doit faire attention. Ne se relève pas, pas la force, mais regarde son camarade. «
Je ne serai pas un boulet au front, Lénine. » Hargne dans les pupilles humides, il affirme avec force.
Je ne suis pas celui que tu vois en moi. - Les dés:
-10 car une seule main
0-10 : Hurlement qu'il a du mal à étouffer, tombe dans les pommes très vite.
11-50 : Recoud au mieux, mais c'est vraiment dégueu. Tombe dans les pommes à la fin.
51-90 : Recoud pas trop mal, on se dit qu'il est pas si sensible que ça. Or pourra faire quelque chose de propre avec ça.
91-100 : EH OUAIS MEC, MOI AUSSI JE SAIS TISSER, T'AS CRU QUOI ?