Aussi profitait-elle de sa première nuit réparatrice lorsqu'un "Et meeeeeeeerde" claqua dans le bâtiment. Dans un sursaut, Kitsune se réveille. Son masque de nuit est de travers, elle est tout échevelée, et sa nuisette menace à tout moment d'exposer une poitrine récemment refaite. Pas qu'elle ait un problème avec ça, mais il semblerait que les autres, si. Cependant, malgré les apparences franchement ridicule, sa main s'était aussi tôt refermée sur sa baguette, située sous son oreiller. Il lui fallut quelques instants tout de même pour comprendre ce qu'il se passait, à savoir qu'un énergumène complètement bourré s'était lancé dans une expédition ninja pour ... on ne savait pas trop pourquoi. Mais mieux valait ne pas laissé le dénommé Hitodama seul. Oh, pas pour lui porter assistance, mais uniquement pour se foutre de lui durant les prochaines semaines. Ne la regardez pas comme ça ... elle l'aimait bien Hitodama. Et c'est précisément pour ça qu'elle se glissa comme une fleur hors de ses draps, saisissant BeBop au passage - des fois que le nippon mériterait de se faire filmer.

Après avoir remis de l'ordre dans ses cheveux, et enfilé un pull (préalablement piqué au camarade, puisque c'était pour ses yeux chastes qu'elle se couvrait), Kitsune se mit à le suivre avec toute la discrétion du monde. C'était vraiment hilarant. Dommage qu'il faisait trop noir pour filmer. Mais elle ne perdait pas espoir. Mais que fabriq... de l'eau ? Ah, oui, de l'eau semblait appropriée vu son état. Sauf que son état ne lui permettait pas de lancer un simple aguamenti. Evidemment. Ces foutus sorciers et leur incapacité à faire les choses simplement. Enfin, en cet instant précis, Kitsune leur était franchement reconnaissante. En attendant, Hitodama s'énerve, et Kitsune plaque une main contre sa propre bouche afin de retenir un éclat de rire. Elle n'est pourtant pas au bout de ses surprises, vu que le nippon décide de ... se servir d'un reste de saké ... pour ... du thé ? Alors, il n'a pas tort, l'alcool est censé s'évaporer mais ... « Hikari. » aussitôt, la lumière se fait, dévoilant la silhouette de la jeune-femme, appuyée contre le mur de la cage d'escalier. « Eh bien eh bien, chaton, tu es sacrément arrangé » d'une démarche féline, elle s'avance vers la bouilloire, et vide son contenu dans l'évier le plus proche « Laisse-moi te faire du thé, tu en as drôlement besoin ». Deux-trois sorts de première années plus tard, un thé vert est tranquillement en train d'infuser, tandis que la jeune-femme se retourne vers l'énergumène « Alors dis-moi, Hitodama, tu es tombé dans une barrique de saké ? » raille-t-elle un sourire amusé accroché aux lèvres.

Il s'emballe, mais Kitsune garde son calme, imperturbable. Dans ces moments, elle a enfin l’air d’une femme japonaise, sage et docile. Enfin, si on omet ce sourire amusé sur ses lèvres. De toute façon, elle a l’habitude des réactions épidermiques. Elle les provoque. Elle ignore pourquoi, d’ailleurs ? Oh, peut-être cela a-t-il avoir avec ses sourires provocants, sa voix faussement mielleuse, sa façon de minauder de façon inappropriée. Oui, peut-être bien. Le fait d’appeler les gens par des surnoms mielleux n’aide sans doute pas. Mais en cet instant précis, Hitodama avait tout du chaton qui se prend pour un lion, qu’y pouvait-elle. Elle déclenche néanmoins une tempête lorsqu’elle se débarrasse du saké. A nouveau les mots coulent sur elle comme de l’eau pendant qu’elle s’affaire à sa tâche. On croirait presque qu’elle ne l’entend pas. Pourtant, elle ne perd pas une miette des accusations portées à son encontre. Elle attend simplement que passe l’orage. Quand il lui dit de laisser tomber, elle se retourne à nouveau vers lui. Pas un seul muscle de son visage ne semble crispé, et son ton reste égal à lui-même tandis qu’elle répond « Il faut que l’alcool cuise pendant au minimum deux heures pour qu’il s’évapore. Je suppose que tu allais laisser ton thé infuser pendant tout ce temps ? » elle reporte alors son attention sur le thé qui frémit tranquillement dans la bouilloire pendant qu’elle sort deux tasses en gré des armoires. « Oh, et pour le pull… » elle marque une pause, jette un regard par dessus son épaule et … le retire. « Ma volonté n’était pas de ton contrarier, juste ne pas t’imposer la vue de mon corps. Pas que ça me dérange, cela dit. » Elle s’amuse. Gentiment. Il devrait le savoir. Après tout, il l’a vue en tourmenter d’autres. Peut-être est-ce comme cela qu’il a développé autant d’animosité à son égard ? Il devrait savoir que là, c’est sa façon à elle d’être sympa. Mais elle ne se formalise pas. Il a trop bu.

La référence aux barriques semble néanmoins le dérider, et sa réaction arrache un rire cristallin à la jeune femme. « Love, s’il y avait des barriques de saké sur cet île, je serais actuellement dans le même état que toi. » Enfin, peut-être avec un poil plus de dignité. Mais elle n’allait pas lui balancer ça dans la face. Pas alors qu’il avait l’air un peu susceptible. Mieux valait ne pas jouer avec le feu. Surtout qu’il lui propose une clope, que Kitsune ne se refuse pas. « Je suis dans ses petits papiers » confirme-t-elle sans honte quand Hitodama mentionne Aonyobo « Quant aux avantages … tu sais, c’est Aonyobo, si elle peut avoir des privilèges, elle les gardera pour elle. Mais être sa copine ne peut pas faire de mal. » Rares étaient les choses laisser au hasard avec Kitsune. Peut-être cela coulait-il dans son sang, après tout, cette disposition au succès et à l’ambition ? Ou alors était-ce ce que la vie avait fait d’elle après trop de coups durs. Impossible de démêlé l’héréditaire du reste. « Mais promis, je lui toucherai deux mots à propos des barriques. Et je te tiendrai au courant. A condition que tu laisses le saké cuire pendant 2h30 avant de te faire un thé. » elle le raille gentiment tandis qu’elle sert celui qu’elle vient de faire infuser d’une main. Puis, elle s’installe sur le comptoir de la cuisine, sa tasse à côté d’elle, la clope au bec. « Et plus sérieusement, qu’est-ce que t’as foutu pour finir dans cet état ? » parce que s’il y avait une rave party à laquelle elle n’avait pas été invitée, elle risquait de très, très, très mal le prendre.

Kitsune voit bien qu’il est pas dans son assiette, le Hitodama. Elle s’inquiète, laisse pas d’un instant, puis prend du recul. Ils sont pas faits du même bois, ces deux-là. Ils réagissent si différemment. Elle ne le comprend pas, sans doute parce que comprendre l’autre impliquerait de s’ouvrir à sa propre humanité, et ça, elle n’y est pas prête. Alors, elle se contente d’être sarcastique, et d’attribuer le comportement d’autrui à des facteurs qui lui échappent. C’est un peu compliqué, quand il s’agit de gens que l’on a si bien connu. Alors, elle accuse les années qui se sont écoulées. Les gens changent, non ? Hitodama s’installe au sol, et pour une fois, elle le surplombe. C’est fou, comme vu d’en haut, les gens ont toujours l’air d’enfants. Etait-ce l’effet qu’ils faisaient à Dieu, qui les observait depuis là-haut ? Sans doute. Même s’il avait dû, depuis longtemps, détourner son regard de la pécheresse invétérée qu’elle était.



Kitsune ne peut s’empêcher de rouler des yeux lorsque Hitodama répond qu’il a bu. Elle l’avait remarqué, évidemment. Ce qu’elle voulait connaître, c’était les circonstances. Elle était comme ça, curieuse, avide de connaissances. Et surtout, elle ne laissait aucun détail au hasard, surtout pas le taux d’alcool préoccupant de l’un des sorciers partageant son lieu de vie.