Clope sagement calée entre les lippes, mains noircies par trop de fusain, pages éparpillées un peu partout autour de lui, esquisses de ce qui a été, des images qui tournent en boucle. Il est temps, la nuit s’est déjà bien étirée, paroles qui lui viennent. Il se penche pour sortir sa plume et son encre, se saisit d’un dessin – page recouverte de fusain dégradé en son centre, vague lueur grisâtre – et le retourne. La plume se plonge et ses yeux se font distants, fumée de clope qui gêne à ses narines. Il les cherche, ses regrets, et ses mots surtout, trop conscient de la portée de leur construction. Cheminement lent et précis de la plume sur le papier, encre qui dessine cet alphabet peu familier. Doute qui se déverse, mais lumière aussi, un peu de celle qu’il lui reste.
Se pose au dessus du message pour le relire, s’assurer de sa retranscription. Pas évident, de peser ses mots. Mais cela lui semble être la meilleure tournure pour la soirée au moins, alors il laisse sécher un peu, puis plie patiemment les coins pour former un origami, fleur de lotus noire. Il la lui glissera le lendemain, d’une manière ou d’une autre.