Lorsqu’elle foule le dortoir des Durmstrang, la Lune à laisser l’éclat rouge recouvrir sa facette blanche. Le minois est froncé mais l’on peut tout autant y lire une certaine satisfaction médusée – l’air ahurit à l’ouest qu’on lui connaît s’y bien. Autrement, ce qui marque, outre que toujours le pas est léger voir fantomatique, c’est l’apparence négligée – de ceux qui se sont traîner dans la boue pour s’amuser. Ou qui ne savent pas courir et on trébucher. Traces de terre sur la robe blanche – gilet trop grand par-dessus troué à certains endroits – égratignures sur les jambes nues, les mains – le visage pas vraiment épargné non plus. Les cheveux en bataille. Elle revient des tranchées ?

Un peu de mal à se repérer, quoiqu’elle n’a pas mis longtemps à trouver les chambres. Spectre de discrétion qui ose à peine franchir leur pas – médecin où es-tu ? Finalement la silhouette se dessine dans un lit – assez grand. Elle pose une main sur l’épaule – délicate, et secoue légèrement. « Uruz. » Voix toute basse, mélange de ceux qui ont fait des bêtises et ne veulent pas que ça se sachet et de la mère réveillant le petit. Phénomène de contradiction. L’astre met plus de conviction sur la fin, sans pour autant manquer de subtilité – surtout et grimace lorsqu’enfin les yeux s’ouvrent, parce que le mouvement était traître à son propre corps.

« J’ai besoin de toi dehors. » L’inquiétude qui se revêt sur la frimousse. « C’est Raidho. On a eu un accident. » Qu’elle révèle pour faire presser un peu le pas. Ne donne pas trop détails non plus tant qu’il n’est pas debout à se préparer – simple méthode psychologique pour tenter de faire accélérer la cadence. Elle ouvre le chemin – le pas soudainement plus franc, poussée par l’émotion. « Il... » Il verra bien puisque déjà ils arrivent en bas – on seulement besoin de contourner le bâtiment pour retrouver le loup. Elle a un haut le cœur quand elle le voit – connaît l’état déjà. « C’est ma faute. » Elle préfère prévenir – assume qu’elle est responsable. « Et celle de la montagne. »

Esquive les charbons du loup - pas les mots du médic'. Promis, un jour elle finira pas intégrer que ça ne sert à rien de se culpabiliser et elle ne s'excusera plus autant que maintenant. Mais pour l'heure il y a plus grave - l'état de Raidho, qui récite de nouveau la liste de ses blessures. Grimace nouvelle - n'a l'impression de ne faire que ça, appuyer son inquiétude mécontente. Elle n'est pas certaine que ça soit une bonne idée mais elle ressort sa baguette - se dit que tout au plus rien n'en sortira ou qu'elle déviera le sort avant qu'il n'atteigne le garçon s'il semble étrange. Inspire - douleur - expire - outch.

Elle lève la baguette, murmure le sort. Pas de problème, c'est maitrisé, Raidho se soulève lentement. Elle est concentrée à en froncer les sourcils, fait attention au moindre de ses mouvements - parce qu'elle a bien trop peur d'empirer l'état du garçon. « Ca va ? » Qu'elle demande quand même alors que le corps lévite - dans le doute - tout en reculant jusqu'à la porte du dortoir - suit les directives imposées. « Il vaudrait mieux le mettre dans un lit non ? » Parce qu'elle a bien vu des fauteuils en bas mais ça ne sera pas des plus pratiques ou confortable - ceci dit, ailleurs ça serait les chambres, et niveau discrétions on repassera.

Dé:

Dédé:

Enfant n’a pas le temps de répondre que déjà le loup informe – marque d’ironie au passage. Préfère se concentrer sur le sort, soulagée de ne pas plus le blesser, se réjoui de savoir que ça lui convient.  « T’as quelque chose toi ? » C’est à elle qu’on parle ? Oh, Lune à l’ouest, elle regarde ses mains, n’a rien sur elle qui pourrait servir à former cette couche improvisée avant de comprends par la réponse de Raidho qu’il lui demandait en fait son état à elle. Imbécile un peu, et n’est pas inquiète non plus parce qu’elle peut marcher. « C’est que des égratignures, ça peut attendre. » Une ou deux côtes de casser c’est rien à côté de l’état du brun.

Délicatement, elle positionne son rendez-vous avorté sur l’amas de coussin. Bien, voilà, elle s’éloigne un peu pour laisser la place à Uruz, ne pas le déranger, mais observe chaque faits et gestes, parce que tout de même, elle s’inquiète. « On a été emporté dans des tornades avant. Pas longtemps et on est pas tombé de très haut. Mais... » tout de même, ça aurait pu le fragiliser. Elle tente quand même de compléter le récit, peut presque détailler la peur qui l’a envahi aussi, mais n’en dit rien parce que ce genre d’informations ne sera pas utile au docteur.

« Je peux faire quelque chose ? » Qu’elle demande incertaine, parce que trépigne à être inutile, grimace aussi lorsque le médic appuie sur des points sensibles de l’amant – et n’y résiste pas, à se rapprocher et prendre sa main, comme pour partager la douleur, tente de sourire un peu mais l’inquiétude le fend en deux. « Je peux aller chercher de l’eau peut-être ? » Pour nettoyer les blessures de manière certaine au moins, vu que le plus grand ne semble pas encore assez réveillé pour faire fonctionner la baguette – et il s’avérerait pas de casser un peu plus son loup.

Petite fille regarde ses chaussures – bien sur que si ils ont écouté les informations cruciales à leur survie sur l’île – ou peut-être que c’est passé au moment où Lune était trop occupée à regarder les nuages, elle sait plus, mais après ce qu’elle avait vu dans la forêt elle savait bien qui fallait faire gaffe. Ne pipe pas mot pourtant, s’inquiète plutôt de l’état de Raidho, essaie de pas trop traîner dans les pattes mais plus fort qu’elle, elle veut encore le toucher, se rassurer un peu aussi peut-être. Propose alors son aide. Hochement de tête. Bien m’sieur.

Cours pas cours pas – lalala, elle fait bien comme elle veut, elle a l’adrénaline dans le sang t’façon, pas encore redescendue pleinement de touts ces évènements – enjambe les escaliers trois à trois – pratique d’avoir de grandes jambes – et hop se souvient que ça fait mal quand même, une ou deux côtes cassées. Bon, ça grimace, veut ignorer, mais faudrait pas qu’elle empire son cas, pas trop envie qu’Uruz tape un peu plus sur les doigts. Moue boudeuse, rentre dans la chambre discrètement – retrouve lit cette fois à l’abandon et table de nuit. Thermos trouvé, elle s’en empare sans un autre geste. Demi-tour dans la salle de bain, se retrouve face au miroir. Cheveux en pétard, égratignures à foison – ampleur des dégâts superficiels déplorable. Tant pis, c’est vraiment elle qui va s’inquiéter d’être jolie ou non dans ce genre de situation.

Fouille un peu plus cette fois, trouve bassine, gant de bain et de quoi soigner les plaies en un spray désinfectant et des pansements – se souvient avoir vu les mêmes chez les Beauxbâtons. Nickel. Ne prend pas de risque alors, ouvre le robinet pour remplir, cale dans les poches du gilet le reste et redescends précautionneusement les marches. Manque plusieurs fois de renverser le contenu parterre lorsque concentration s’en allait ailleurs.

Lunaire s’en revient, pose bassine à côté d’Uruz et lui tend le thermos, veillant un peu plus cette fois à ne pas raviver côte douloureuse en se penchant. « Et j’ai trouvé ça aussi si jamais tu en as besoin. » Sort les trouvailles et les pose à leur tour juste à côté, puis s’éloigne, laisse au médecin de quoi faire son travail, consciente tout de même qu’on l’a envoyée parce qu’elle ne tenait pas place. Et elle s’assoie, dos au mur, support de la fragilité et se concentre sur la respiration, tout en observant consciencieusement les mouvements du docteur.

Dédé: