L'impression de tourner en rond. D'être comme un animal en cage, sur cette île qui paraissait si grande les premiers jours. Deux semaines passées ici maintenant. Et l'Aurore américaine qui commence à se demander pourquoi ? Comme si, dans le fond, leur objectif était inatteignable. Elle en a croisé, des recrues, pendant ces deux semaines. Quelques unes prometteuses, oui. Mais si peu. La plupart ne comprennent pas comment elles sont arrivées là, ni de quelle manière elles peuvent servir la cause. Mais l'Américaine préfère encore ceux-là à ceux qui regardent dans le vide, en espérant être ailleurs. Au final, elle a l'impression qu'ils ne sont qu'une poignée à être réellement motivés. Ce qui explique peut-être qu'elle a réussi à grappiller quelques places au classement, sans pour autant se montrer exceptionnelle. On garde ça pour plus tard, hein.

Les rumeurs qui circulent racontent qu'il ne faut pas mettre les pieds dans la forêt, encore plus une fois que la nuit est tombée. Et puisque tout semble toujours réfléchi sur l'île, Aurora se doute que la supposée dangerosité de la forêt n'est qu'un test parmi tous les défis qui se trouvent déjà sur cette île. Rien ne leur interdit formellement la forêt, après tout. Alors fin de semaine rime avec aventures (ça ne rime pas vraiment, mais Aurora n'a jamais été vraiment douée pour manier la langue), et c'est chargée de son sac à dos, d'une gourde et de quelques biscuits récupérés à la cuisine qu'elle s'aventure vers la forêt. Seule. Pas qu'elle soit suicidaire, mais simplement qu'elle ne s'est pas encore fait un véritable ami... contrairement à beaucoup d'autres, qui batifolent déjà entre eux. Elle n'est pas de ces gens-là. Détour fait par la passerelle nord, elle veut voir le soleil se coucher derrière les montagnes. Elle distingue une silhouette connue, accoudée à la barrière de la passerelle. "Ehwaz !" La Durmstrang avec laquelle elle a partagé un (ou plusieurs, elle ne se souvient plus trop) verres lors de la soirée d'accueil. "Je pars faire une balade digestive dans la forêt. Tu m'accompagnes ?"

Scandinave qui sursaute à son nom. En même temps, pas si étonnant, le soleil couchant projette des ombres presque inquiétantes sur le sol. Et puis bon, d'après Aurora, peu de gens sur l'île devaient connaître le nom d'Ehwaz, à part les autres membres de sa délégation. Et encore. Mais bon, c'est pas comme si elle avait l'air franchement désagréable, la scandinave. Peut-être juste un peu trop détachée. Enfin, les autres recrues doivent probablement penser la même chose d'elle, après tout. Même pas une seconde d'hésitation de la part d'Ehwaz, avant d'accepter la promenade quasi-nocturne. "Cool !" Satisfaction non feinte chez l'Américaine. Avant d'arriver sur l'Esperanto, elle ne jurait que par son individualité et sa capacité à se débrouiller seule. Mais c'était sûrement parce qu'une flopée de gens tournaient toujours autour d'elle. Ici, elle était pratiquement seule. Alors un peu de compagnie, un soir, c'est plutôt agréable. ""Y a des gens qui disent que la forêt est hantée." Rumeurs d'animaux morts-vivants, de monstres dans des étangs et d'esprits de la forêt. Aurora sort à son tour une cigarette de sa poche, qui à peine allumée laisse échapper une fumée bleu nuit. ""J'sais pas si c'est vrai, mais en tout cas ce sera clairement moins ennuyant que les cours." Heureusement, quelques uns sortent un peu du lot - ceux de Mizuchi notamment, la nouvelle idole d'Aurora. Il n'y a bien que la mission qui a répondu un peu aux attentes de l'Américaine, enfin un vrai défi. ""C'était bien votre mission, la semaine dernière ? J'ai entendu parler d'une plante de l'amitié ?" Clairement, ils n'avaient pas tous eu la même chance.

Les oiseaux du crépuscule chantonnent, botrucs et fées se courent après, il fait doux, c'est la fin de l'été. Visiblement, la forêt bouillonne de vie ce soir. Enfin, sauf pour ce pauvre marcassin gisant contre un arbre, une plaie béante au flanc, déjà assailli par les mouches alors qu'il remue encore faiblement. On ne l'entend pleurer qu'en arrivant près de lui, à quelques mètres. Là où sont @Aurora et @Ehwaz, maintenant, impossible de le louper.

En les voyant arriver, ses cris de souffrance s'intensifient. Et au vu de sa taille, plus que conséquente pour ce qui devait être pourtant un bébé, il crie fort. Il a peur d'elles, il a peur de mourir. Ce qui est sûr, c'est que l'horrible blessure est récente, et que le petit est seul. Pour l'instant.

C'est pas vraiment facile de savoir ce qu'elle pense vraiment, Ehwaz. Faut dire qu'elle a toujours la même expression sur le visage. Nonchalante, comme si rien n'a d'importance autour d'elle. Ça va bien à l'Américaine, ça lui change des réactions surjouées de ses pairs. Y a qu'à voir les vidéos sur Youtube des Gender reveal party avec tous ces idiots qui crient de joie pour que ça se finisse en incendie de plusieurs milliers d'hectares. Pas d'effusions avec la scandinave. D'après les analyses de l'Aurore, tant qu'elle répond, c'est que sa présence ne l'importune pas trop. "Ouais. Ou pour nous encourager à affronter autre chose que les recrues des autres délégations." Parce que ce serait bête qu'ils s'entretuent avant d'avoir vraiment été utiles à quelque chose. Mais si cela continuait comme ça, se défier les uns les autres serait peut-être leur seule opportunité de se distraire. "Ah ouais ça avait l'air vraiment fun." Ironie blasée, sérieusement, pour qui on les prenait ? Des gosses ? "Et tu lui as donné un prénom à ta p'tite plante ?"  Y avait quand même des chances à ce qu'elle cane avant la fin de la semaine. "Nous c'était un peu plus divertissant. Y avait un détraqueur, l'éclate franchement." Au moins ils s'étaient servis de leurs baguettes, et puis même que Viviane et elle s'étaient pas trop mal débrouillées.

"On va par où ?" deux chemins qui s'offrent à elles, un qui s'enfonce vers une partie plus sombre de la forêt, l'autre qui serpente joliment entre les clairières, même qu'il y a des fleurs au bord du chemin. L'Américaine aventurière a une préférence, mais c'était sans compter les petits couinements lointains. "T'as entendu ?" chuchoté à la scandinave. A première vue, pas d'ennemi à proximité. Au contraire, ça ressemble plutôt à une plainte d'un petit truc. "Oh, c'est un bébé sanglier." Enfin, elle croit. Les bêtes sauvages, à part celles qui vivent sous l'eau, elle les connait pas des masses. Et puis elle pas l'air vraiment en forme, la bestiole. "On va pas le laisser mourir, non ?" Baguette à la main, Vulnera sanentur murmuré mais est-ce que ça marche sur les animaux ? Les cours de soins aux créatures magiques sont bien loin, puis visiblement ça marche pas. Ah, si. Visiblement, le trou dans l'arbre est rebouché. Super.

Dés:

Spoiler: