Kitsune prend la confiance. Les cartes semblent de son côté. Pourtant, elle sait que tout pour changer, d’un instant à l’autre. Alors, elle en profite. Elle savoure. Fait rouler le goût de la victoire sur sa langue. Elle l’admet, elle aime ça, gagner. Elle aime la compétition, et le sentiment d’être vivante. Alcool, jeux, sexe, adrénaline, c’est toujours la même chose. Elle refuse de penser à la chute. A force, elle sait comment amortir le choc, de toute façon. Et puis, il y a ce rire qu’elle provoque, et qui lui permet un instant d’oublier les raisons de leur présence ici. Le temps est suspendu. Les dernières années disparaissent, et elle retrouve une parcelle d’adolescence, lorsque l’insouciance régnait. Loin de la morosité du dortoir, loin de la méfiance des amphithéâtres. La réalité, cependant, toujours les guète. Il mentionne ses journaux intimes, et, sans répondre à l’éclat de rire, mais dans un air mutin, la renarde penche la tête sur la côté « Ce serait trop facile … » elle aime le défi que représente le jeu. Se dire que si elle perd aux cartes, elle perdra également une occasion de connaître un ami, ou un ennemi. Qui sait, après tout ?

La première réponse de l’astre lui provoque une bouffée de chaleur, elle ne le niera pas. Mais elle reste stoïque, la tête penchée, un sourire imperturbable collé sur le visage. Ses yeux la trahissent, mais elle s’en moque. Lorsqu’elle récupère le pull, sa posture change. Son dos se cale contre son dossier, et ses jambes s’allongent sur la table. Juste assez pour frôler celle de l’astre. « Pas bien épais en effet » … confirme-t-elle sans vraiment avoir pris la peine d’inspecter le tissus « Je pense pouvoir te trouver mieux que ça. » Ou être. Mais chaque chose en son temps. D’abord, la deuxième réponse.



La japonaise rit quand il craint perdre encore. Elle comprend. Mais la pression monte. Les questions qu’elle a posé sont intimes. Elle a joué avec le feu, et elle finira sans doute par se brûler. Elle n’a pas peur, mais appréhende. Les cartes sont posées. La victoire est sans appel. Elle se mord la lèvre inférieure en soutenant le regard du Reqem, retenant un rire nerveux, attendant sagement son sort.



Un court instant, le masque s'était fissuré, mais elle reprend la main. Ou en tout cas elle essaie. « Comment tu as fait pour ne pas me renvoyer mes questions ? J'ai envie de savoir ta réponse maintenant. » Une vérité pour cacher un malaise, la reine remet en place sa couronne d'une main leste, de plus en plus habituée à la voir vaciller.

Spoiler:

Inventifs ? C'était le moins que l'on puisse dire en parlant des Mahoutokoro. Qu'y pouvaient-ils ? Ils étaient du pays où les robots fréquentent les temples. Bien sûr, pour les sorciers, c'était plus compliqué, mais pour ceux qui avaient grandi à la frontière magique, l'inventivité faisait à présent partie de leurs gênes. Mais Kitsune s'abstient de répondre, se contentant de sourire comme si cela était une évidence. Elle, plus que les autres, était inventive de par sa nature. Elle, plus que les autres, ne manquait jamais d'idées. Quel que soit le domaine évoqué. Mais peut-être aurait-elle l'occasion d'en montrer davantage au Reqem plus tard dans la soirée. Peut-être. Si elle ne se lassait pas avant.

L'astre évoque les règles et la renarde rit doucement en passant une main dans ses cheveux. Jouer selon les règles du jeu ... elle devrait apprendre, un jour, ça pourrait lui servir. Mais ce n'était pas son genre. « Je trouve les règles foncièrement ennuyeuses » réplique-t-elle, mutine. Fait qu'elle aurait bien du mal à cacher. « Je ne leur trouve pour seul intérêt que le fait de les enfreindre. Cela a rendu plus d'un professeur fou lorsque j'étais encore à Mahoutokoro. » se rappelle-t-elle avec une pointe d'amusement. Et cette robe dorée à laquelle elle n'a jamais eu droit malgré ses excellents résultats, punition pour ses coups d'éclat. Elle, dans une robe dorée ? Plutôt crevée. Cette couleur ne lui allait pas au teint, de toute façon. Lorsque Suhail évoque la possibilité d'abandonner les règles, elle abandonne d'abord ses souvenirs. Ici n'était ni le lieu ni l'instant de se remémorer ses années d'école. Une légère moue, une lueur curieuse dans le regard. Le yokai analyse l'idée, en imagine les conséquences. Que ferais-tu, Suhail, s'il n'y avait aucune règle ? « La version qui m'avantage le plus, toujours. » répond-t-elle sans honte « mais je crois que je n'ai pas encore décidé ce qui m'avantagerait le plus.  » mais après tout, elle avait le temps d'y réfléchir encore un peu, non ? Pour le moment, elle s'amusait, et c'était vraiment tout ce qui l'importait.



Le jeu reprend, et la chance n'est plus de son côté. Mauvaise joueuse, ou enfant capricieuse, Kitsune dépose ses cartes face cachée contre la table. L'amusement reprend le dessus. L'envie de voir la réaction qu'aura l'astre l'intrigue. Son pied quitte celui du Reqem, après l'avoir effleuré jusqu'au genou. Elle se penche en avant, légèrement, juste ce qu'il faut maintenant que le châle est tombé. Suffisamment pour que la plupart des hommes perdent leur vocabulaire. Tactique usée et éprouvée, mais Kitsune a l'espoir enfoui que Suhail ne tombera pas si facilement dans le panneau. « Ce que je désire, hm ? On peut s'en passer, aisément, je crois. Après tout, il y a d'autres façons d'apprendre à se connaître... » sous-entendu gros comme une maison, lueur bien plus amusée que séductrice dans le regard, et un sourire qu'elle tente de contenir, sans grand succès.

Les dés: