Dix-huit heures tapantes, Wunjo était arrivé un peu en avance. Il s'était assuré que personne ne débarquerait par surprise dans cette salle. Elle ne serait qu'à eux.

L'arène était vide, on y trouvait quelques meubles poussés contre les murs. Un bureau par-ci, une table par là, quelques chaises empilées dans un coin.
Le professeur, lui, était appuyé contre l'une des tables, il faisait face à l'entrée, il attendait de l'autre côté de la pièce.

Bras croisés sur son tee-shirt noir, cachant presque le logo Sabaton blanc, le tout rentré dans son jean. Il était prêt à en découdre, même s'il n'avait pas envie.

L'idée d'un combat prévu à l'avance avait toujours eu le don de lui mettre la boule au ventre. Il était confiant en ses capacités, il n'avait pas décroché ce poste pour rien sur l'île. Il avait donc passé une nuit à se traîter à la potion de sommeil, pour être sûr d'être en forme ce jour-là.

Il ne voulait pas se battre, c'était une exigence du Diable, cette folle furieuse obsédée à l'idée que les mots n'étaient que du vent, que seules les actions comptaient.
Et quelle action attendait-elle de Wunjo ? Qu'il la laisse lui casser la gueule ? Bah non, fallait réfléchir un peu. Pffff.

Elle entrerait bientôt dans la pièce, il lui tiendrait à peu près ce discours :

« Le Diable. Peut-être une pause. J'ai toujours pas envie de faire ça. T'as pas changé d'avis ? »

La connaissant elle allait l'insulter une fois ou deux et ils allaient s'y mettre. Wunjo n'avait qu'une hâte, retourner dans sa chambre.

Elle était redescendu, un peu, pas assez. Elle avait rapidement comprit que depuis l'instant ou elle était entrée en conflit avec Wunjo, elle ne parviendrait pas à calmer son hostilité en se la jouant diplomate, c'était pas son truc, elle avait envie de lui décrocher la mâchoire pour effacer son sourire suffisant et son air présomptueux. C'était comme ça qu'elle avait toujours fonctionné et changer de localité géographique n'y changerait rien. Elle avait cependant assez de jugeote pour ne pas se donner en spectacle, bien qu'elle ait craqué la veille en essayant de le gifler, sans succès. Il avait de bon réflex le bougre.

Elle se pointe à l'heure donnée. A l'entrée de la pièce elle se sépare de son attirail, sa baguette, son pistolet, son couteau, et leurs étuis respectifs, puis elle avance jusqu'à lui. "Wunjo" Elle s'arrête face à lui, à un bon mètre de distance. "Je ne veux pas d'un passage à tabac mais d'un combat, retiens pas tes coups, je retiendrais pas les miens. Quand je parlais d'actes, je faisais aussi allusion à ça, on est tout les deux sous tension et la méthode la plus efficace que je connaisse pour
y mettre fin, c'est ça. Si tu gagnes t'auras même droit à mon respect, et il n'y a que deux personnes qui l'ont sur cette île, c'est pas quelque chose que je prend à la légère. Ça te va ?"

« Je-... » ne suis pas sous tension moi, parle pour toi. Mais ouais Wunjo ferme ta gueule plutôt.

Régler les tensions à coup de poing, c'était une première pour Wunjo, mais après-tout il avait accepté de se soumettre à l'exercice.


Wunjo mis probablement quelques instants de trop à comprendre quelles étaient les règles de ce combat. Voir Le Diable se délester de ses outils de travail l'avaient rendu incrédule, son discours avait à moitié agit comme une confirmation, le fait qu'elle voulait tout de même se battre juste après avoir mis son attirail de côté l'avait enfin fait comprendre.

Il imita Le Diable, détacha le fourreau qui contenait sa baguette, le posa sur le bureau derrière lui. Fit le tour de son adversaire pour avoir un peu plus de place autour de lui. Elle avait pas intérêt à chourer sa baguette et partir en courant. Wunjo se mis en garde. Il détestait le combat rapproché. Il avait bien fait de ne pas mettre une chemise.
Cette idée le mettait mal à l'aise, cela se voyait.

« Je te laisse commencer, à toi l'honneur. »

Elle se demande un instant si il n'a pas déconnecté de la réalité tant il met de temps à lui répondre. En voyant son regard se porter derrière elle vers ses armes et ensuite enlever son fourreau, elle comprend qu'il s'imaginait un duel magique et elle ne s'étonne pas de s'être faite traiter de folle dangereuse la veille si il s'était imaginé qu'elle prendrait le risque de le tuer d'un coup de baguette un peu trop dosé.
Les scandinaves, toujours à prévoir le pire.

Elle hausse un sourcil dubitatif lorsqu'il propose qu'elle commence. Ah ouais. A ce point là. Elle s'approche d'un pas rapide, l'attrape par les épaules et son genoux se lève pour le percuter à l'estomac lorsqu'elle le bascule de force en avant "quel gentleman" elle chantonne, se foutant ouvertement de sa galanterie incroyablement déplacée.

dès:

Elle ne se laissait pas prier, la salope. Coup de genou à l'estomac direct. Il pouvait s'estimer heureux, elle aurait pu viser plus bas. Il se leva, recula d'un pas. Elle se foutait déjà de sa gueule. Elle ne perdait vraiment pas de temps, c'était terrible.

Bon bah quand fallait y aller.

Wunjo avança vers elle, il allait se refaire la main sur des enchaînements qu'il avait appris plus jeune, voir comme ça pouvait fonctionner. Mais il n'oserait pas taper avec toute sa force, il le savait pertinemment.
Au programme, une feinte d'un crochet du gauche, direct du droit.

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