Il était rare, vraiment très rare, de voir Kitsune transpirer. Elle n'aimait pas ça. Elle avait de bonnes raisons, d'ailleurs, de ne pas aimer ça. Pour commencer, parce que c'était incroyablement gênant. On puait, les vêtements collaient à la peau, on avait chaud, bref, que des désagréments. De plus, Kitsune étant toujours tirée à quatre épingles, cela impliquait également ses ongles. Cela faisait plusieurs années qu'elle était obsédée par sa manucure. Rien de bien extravagant, juste des ongles en gel assez court pour pouvoir démonter des objets électroniques, mais assez longs pour pouvoir les casser. Les couleurs, elles, variaient en fonction de ses envies : du rouge, du noir, ou comme en ce moment, une french manucure toute simple. Enfin. French qu'elle s'était faite en arrivant, et qu'elle n'avait pas pris la peine de refaire depuis. Pas par négligence, non ... Mais pas pragmatisme. C'était terrible mais elle allait devoir faire le deuil de ses ongles parfaits. Elle avait signé pour faire la guerre, et apparemment les deux activités n'étaient pas compatibles. Alors, elle aurait aimé se convaincre que si. Après tout, elle n'était pas de ceux qu'on envoie au front, en première ligne, à moins de vouloir perdre. Mais la mort de Shishi, et la façon dont cette dernière avait été orchestrée, lui avait fait prendre conscience qu'elle n'avait pas la main. Qu'elle était en danger, et qu'à tout moment, elle risquait de devoir se défendre. Ou attaquer. Mais surtout se défendre. L'idée ne l'inquiétait pas tant que ça, mais quitte à se casser un ongle, elle préférait le faire en se préparant à cette éventualité.

L'autre raison pour laquelle elle avait décidé de se rendre au sous-sol était bien moins superficielle. Depuis dimanche soir, elle se sentait mal. Alors, ok, elle avait vu sa camarade mourir et avait ensuite analysé son cadavre. On est bien d'accord que ce n'était pas la chose la plus agréable au monde. Mais Kitsune ne connaissait pas Shishi. Sa mort ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle n'était pas triste. Pas le moins du monde. Pourtant, l'événement en soi avait déclenché chez elle une fureur froide qu'elle ne comprenait pas, et ne parvenait pas à calmer. Ce n'était pas rationnel. Et, contrairement aux apparences peut-être, la renarde avait du mal avec ce qui n'était pas rationnel. Or, dans les films, quand les gens sont en colère, ils frappent souvent des trucs. C'était ce qui avait poussé la jeune-femme à se rendre au sous-sol, non sans avoir laissé une note à ses camarades de dortoir "je pars m'entraîner au sous-sol, hésitez pas à me rejoindre". Façade égoïste, certes. Ego démesuré également. Mais Kit avait bien conscience qu'à plusieurs, on était plus fort, et que la délégation asiatique y gagnerait à apprendre à se servir de leurs muscles (puisqu'ils étaient déjà meilleurs que les autres quand ils fallait se servir de leur cerveau, cela allait de soi).

Cheveux sommairement attachées, tenues de sports et protections de rigueur, Kitsune se battait contre un automate animé de magie, une espèce de golem faussement mangemort qui lui donnait du fil à retordre. Au bout de cinq minutes, la japonaise avait dû faire une pause, sentant un goût métallique envahir sa bouche. Trois gorgée d'eau plus tard, elle s'y était remise sans rechigner. Les minutes passant, elle sentait sa respiration se raccourcir, et la sueur couler le long de sa nuque. Si bien que lorsqu'elle perçut des bruits de pas derrière elle, elle prononça la formule pour stopper l'automate et se retourna afin de faire face à Mononoke, dont la présence provoqua un sourire quelque peu piteux. « De la frustration à évacuer également, princesse ? » demande-t-elle en se jetant sur sa serviette afin de s'éponger toutes les parties visibles de son corps. La sueur, c'était vraiment crade.

Kitsune l’avouerait volontiers : elle ne s’attendait pas à ce que Mononoke soit celle qui réponde présent à sa note. Mais c’était mieux ainsi. Hitodama avait sans doute mieux à faire de toute façon. Depuis la mort de Shishi, Kitsune l’évitait. Elle craignait sans doute l’explosion, ne voulait pas être là si ça devait arriver. Ne voulait pas ramasser les morceaux. Pire encore, ne voulait pas s’émouvoir. Pourtant, elle regrettait parfois de ne pas ressentir davantage. De ne pas sentir son coeur s’émouvoir, de ne pas le sentir battre dans sa poitrine. Depuis combien de temps n’avait-elle pas senti des larmes couler sur ses joues ? Elle avait arrêté de compter. Cependant, voir Mononoke soulageait un peu sa solitude. Elle appréciait la sorcière. Elles étaient différentes sur bien des points, mais se retrouvaient sur tant d’autres. Et, de manière égoïste, la renarde avait été ravie de la retrouver une fois sur l’île. Puis, au moins, si le besoin d’alcool se faisait un jour sentir, elle saurait vers qui se tourner. Cela ne saurait tarder. « Ça me va ! » répond énergiquement Kitsune en signant chaque mot prononcé, façon pour elle de mieux se remémorer ce langage qu’elle maitrise si peu.

Elle se remet en place, gardant un oeil sur Mononoke. Une fois que cette dernière lui semble prête, elle réactive l’automate. Prête à se défendre. Prête à attaquer.

Spoiler:

Spoiler:

Un air triomphant éclaire le visage de la renarde tandis que son sort heurte l'automate de plein fouet. Pas aussi belle réussite qu'elle aurait aimé, mais suffisamment pour regonfler son égo, surtout après sa chute du matin qui lui a valu de sacré bleus - camouflé par ses vêtements. Pour quelqu'un qui était extrêmement mauvaise en attaque, elle s'en sortait plutôt bien. D'autant plus que le sort semble suffisamment faire effet pour court-circuiter la défense de l'automate. Sur ses appuis, Kitsune se tourne vers sa camarade et lui lance un « A toi ! Finis-le ! » qui n'avait rien d'un ordre, et tout d'une remarque teintée d'adrénaline et de détermination.

Mononoke:

Golem:

C'est au tour de Mononoke de s'y mettre, et le moins que l'on puisse dire était qu'elle frappait fort. Mais à peine son Sectus Sempra lancé que le golem réplique avec un aguamenti. Kitsune hausse un sourcil. Elle n'avait jamais pensé à utiliser ce sort de cette manière, mais c'était à retenir. En même temps, elle l'avouait volontiers : l'attaque n'était pas le point fort de la jeune-fille. Au contraire. Elle claque néanmoins sa langue contre son palais tandis que sa comparse est trempée. Si ça avait été elle, elle serait rentrée dans une rage noire, même si c'était le jeu, ma pauv' lucette. En attendant, elle préfère ne pas prendre de risque, et hurle un bomba maxima qui résonne dans la pièce. A espérer que son sort ne loupe pas, sans quoi elle aurait l'air bien ridicule.

Kitsune:

Golem si en état - deprimo:

Trop d'entrain, pas assez de concentration. Kitsune est dépitée par sa propre explosion. Heureusement, ça a suffisamment déconcentré le Golem pour que celui-ci vise complètement à côté de la plaque. Mononoke, sauve l'honneur s'il te plait.

Mononoke:

Golem (si en état):

Le combat avait bien commencé. Mais il commençait à prendre une tournure plutôt déplaisante. Bien sûr, voir le golem à moitié explosé était plaisant, et dans la vraie vie, cela aurait sans doute suffit à mettre fin au combat. Kitsune s'attendait à ce que les principes de la vraie vie s'applique dans ce cas-ci, mais a priori, les golems ne disposaient pas des même paramètres que les humains. Si bien que la créature lance un incarcerem à Mononoke, et le lance foutrement bien. Alors, si on pouvait éviter de perdre une deuxième Mahoutokoro en l'espace de trois jours, ce sera appréciable, merci.

Spoiler:

Le sort prend fin, et Kitsune s'empresse de filer désactiver le golem, le temps que Mononoke reprenne ses esprits. Alors, ok, dans la vraie vie on ne peut pas désactiver les ennemis aussi facilement. Mais dans la vraie vie, les ennemis ne balancent pas des sorts aussi puissants alors qu'il leur manque la moitié du corps. Retournant près de sa camarade, Kitsune s'empresse de l'interroger " ça va, toujours en vie ? " tentative de dédramatisation pour cacher l'inquiétude. Elles n'étaient pas passées loin. Elle jette un regard au reste de golem qui gisait un peu plus loin, avant de reporter son attention vers Mononoke " On fait une pause ? "

C'était le jeu, oui. Et ils feraient mieux de le savourer, car quand ils seraient sur le terrain, ils ne joueraient plus. Alors, qu'ils en profitent. Qu'ils s'en prennent plein la gueule puis se laissent tomber au sol avec un sourire satisfait. Qu'ils n'aient pas peur de ce qui les attendait en dehors de l'île. Bien sûr, Kitsune n'avait pas été recrutée pour ses talents de combattante, ou du moins l'espérait-elle. Si elle l'était, c'était que la situation était vraiment désespérée. Non, sur un champ de bataille, Kitsune ce serait celle qui resterait dans le campement, en support. Ou celle au quartier général, qui améliorerait les balais, inventeraient des armes nouvelles, celle qui travaillerait dans l'ombre pour s'assurer que les combattants, les vrais, l'emportent à la fin. Cependant, cela ne l'empêchait pas de réellement vouloir apprendre à se battre. Pas pour finir en première ligne mais juste ... pour pouvoir protéger, en cas de besoin.