Lunaire – calendrier annonce bien des nouveautés, alors astre est nouveau, à mi-chemin entre deux univers, cœur tout à la fois lourdeur et légèreté. Les azurs s’égarent en direction des nuages, y trouvent des formes familières, étrangères – mais apprécie les courbes qu’elle retrace du bout des doigts. On la sait ailleurs – une fois encore. Elle ne sait même plus quand s’est fini le cours, et si même elle l’a quitté en chemin ou si elle a attendu qu’il soit conclu pour le quitter – est-ce vraiment important, au final ? Enfant deviendra poussière d’étoile lorsqu’elle cessera d’exister – déjà là n’est que spectre solitaire qui ne trouve répit qu’auprès du mutilé, torturé par ses lueurs.

Dortoir n’est plus très loin, avec les couettes chaudes et le lit moelleux – mais mouvement est capté dans l’herbe, long, rampant – glissant plutôt. Grâce trouvée au sein de l’animal étrange, beauté fascinante par la dangerosité – venin ou strangulation pour meilleures armes dit-on. Suit des yeux puis des pas, chercher le chemin, intriguée par l’aventure qu’il mène. Serpent semble bien inoffensif lorsqu’on compare avec les derniers évènements – avec le cerf zombifié au loin dans la forêt, à l’abri dans ses ténèbres sans espoirs. Satellite tourne autour, l’observe, encore, toujours avant de s’accroupir à ses côtés, sans un mot tandis que les mouvements semblent rompus – puis laisse le corps s’échouer, sans lâcher des horizons l’animal.

Elle ne juge pas mais jauge – si sa présence embête, ou dérange – et si la main peut venir toucher, dorloter les écailles cuirassées, la peau de dragon plus fine, plus douce sûrement – lisse. Finalement vient effleurer du bout des doigts le corps. « Je peux ? » Demande bêtement comme s’il allait lui répondre, mais il ne bouge pas, alors elle s’en empare, douceur et tendresse de rigueur, parce qu’elle ne voudrait pas le blesser, le brusquer. Autorise par la même occasion de s’aventurer sur la silhouette, de se caler comme il le désire – et puis reprend chemin jusqu’à la chambre, oublie qu’il n’y a pas de sortilège de traduction ou plutôt ne s’en soucie pas, parce qu’un serpent de parle sûrement pas le français.

« Là. » Et le laisse sur les draps quand elle arrive – ne se préoccupe pas des camarades qui peuvent se sentir apeurés par la vision de la bête – n’est pas bête à ses yeux mais être. Vivant – capable d’émotion qu’on lui a dit. « Tu as faim ? » Demande comme si il allait répondre – observe toujours, au pieds du lit, œil pour œil – sans dent. Elle tente de percer les secrets, lire l’esprit, mais décidément, il n’y a rien à faire, l’animal n’est sûrement pas humain et elle ne peut pas déchiffrer l’âme comme on le lui a appris. Triste vie. Sourire doux. « Je vais te trouver un nom. » Et y réfléchis longuement.

Elle peut presque reconnaître la satisfaction dans le regard de l’animal – s’amuse de le voir parcourir et explorer les draps, s’adapter à l’environnement imposé. Elle ne sera toutefois pas geôlière, si serpent veut partir, il partira – par porte ou fenêtre. Mais il semble s’accommoder à la française – semble même lui répondre lorsqu’elle propose de manger – ne sait toujours pas ce qu’aime un reptile mis à part de la viande. Ils ne doivent pas avoir de souris au frigo, les Beauxbâtons, si ? Elle ira chercher un peu tout ce qu’elle trouvera là-bas en bas lorsque serpentin sera descendu du bras – apprécie les douceurs laissées par le passage, affectif un peu, comme animal de compagnie jamais eu.

Elle voit que ça se faufile dans le sac. « Attention. » En vide le contenu parterre, foulards qui virevoltent à peine, couteau suisse trouvé, briquet – mais surtout morceau de verres trouvés, jolis, pris. Enfant n’est pas cleptomane, elle croit, mais dérobe lorsque maître des objets est absents – preuve est qu’outre les livres éparpillés tout autour du lit, ce sont cadavres de bouteilles, vêtements et autres objets fourrés dans la besace. Une fiole aussi, à moitié vide, d’un liquide qui apporte énergie et motivation. « Tu pourrais te blesser avec ça. » Montre capsule de bouteille, ouvre un tiroir et y balance avec boutons, pièces et autres trésors ronds – cailloux précieux sûrement aussi.

« Mauvaise habitude que de prendre et de garder. » S’explique, se confie – pensant – sachant – qu’il ne comprendra pas, fidèle serpent. « Peut-être un besoin de combler matériellement ce qui manque ici. » Pointe palpitant de la main apposée – confidence égarée, oubliée au coin des lèvres qui rient un peu et des yeux qui prient folie et supplient les cieux – lance regard au ciel qui s’assombrit, doucement, mais aux nuances qui sont encore trop faibles pour être perçu par des yeux peu aguerris. Elle les voit, comme elle observe sans cesse, apprend à chaque fois. « Aller viens, on va te trouver quelque chose à manger. » Tend la main pour proposer de s’enrouler autour – finit par se lever, laisse portes ouvertes sur le passage toujours et descend trouve frigo utile aux matinées et repas qu’on ne veut pas passer. Ouvre à nouveau. Cherche ce qui pourrait l’intéresser, et laisse nouvel ami faire ses choix.

Elle doit paraître étrange Lunaire - en a l’habitude. Coin des yeux peuvent observer serpent suivre le regard, puis revenir au visage poupon et répéter l’action avant de finalement changer d’activité. Ca l’intrigue parce que serpentine semble capter les contes récités, les actes manqués. Sûrement espèce plus intelligente qu’on a raconté, pas si loin de la sainteté humaine - ridicule et peu prospère. Finalement embarque nouvel ami, parce qu’il est temps de remplir la panse - ouvre et s’intéresse à ce qu’elle peut trouve à l’intérieur du lieu. Un peu vide à présent - elle finira par prendre céréales sur les étagères sûrement. Animal lui fait son choix en croquant citron puis en le posant en main. Bizarrerie appréciée - elle le dépiaute alors, plantant les ongles mi-longs sur les traces laissées par les crocs, puis enlève peau qui empêche de déguster fruit.

S’empare des sucreries avant de retrouver chambre, puis lit, s'assoit en tailleur et décortique citron pour donner morceau après morceau au serpent. En vol peut-être un au passage, pour se souvenir du goût - ne grimace pas sous l’acidité, Lunatique aux papilles accommodantes - accommodées aux mets les moins aguicheurs. Ce n’est pourtant pas aussi doux que les miels pops dans lesquelles main libre plonge, puis enfoure douceurs dans la bouche. Mélange des deux arômes exquis. « Oh. » Paillette dans les azurs qui deviennent étoiles. « Tu veux goûter ? » Proposition alors que poignée de céréales se tend avant qu’elle ne se laisse tomber complètement sur le dos. Ferme les yeux un instant avant de se retourner sur le ventre et de chercher carnet coloré sous le lit - de ceux qui diffèrent des noirs qu’elle enferme toujours dans un tiroir à double tour de baguette.

Ouvre une page au hasard tombe sur des croquis inachevés. « Serpent, tu sais dessiner ? » Se rend compte qu’elle a bien fini par oublier de trouver nom à l’allier. Cherche crayon de papier sous les coussins - partie de la chambre est un bordel sans nom mais Lune s’y retrouve toujours. « Un prénom. » C’est quelque chose d’important - un choix qui reste et qui devient souvenir lorsqu’on l’épelle. Regard se fait sombre d’un coup - même si le sien est devenu bénédiction dans la bouche de l’âme-soeur, ne peut s’empêcher de parfois se souvenir qu’il ne lui a pas toujours plu, autrefois. « Quelque chose de doux, de lisse, de joli, pour toi. Tu mérites un beau nom, qui te ressemble. » Cherche alors que les pages sont tournées - dessin sobre d’une vision imprimée - visage du rayonnant amant. Suffisant à allumer flamme dans les yeux. Et oublie encore de trouver de quoi l'appeller.

Pas de céréale – laisse tout de même sachet ouvert si jamais l’ami veut s’y essayer aussi. Parcourt alors du bout des doigts le dessin, les traits retracés à la main, comme pour ne jamais oublier, pour tester la mémoire qui s’est abreuvée inlassablement des courbes. L’a pensé, peut-être dit même, qu’elle voulait pouvoir se souvenir de chaque détail, de chaque imperfection de sa peau. Du coin de l’œil peut voir animal prêter attention au croquis et langue sortir, humidifier babine. Rire cristallin. Azurs espiègles. « Tu as bon goût. » Crayonne alors un peu pour rajouter des ombres, marquer grain de beauté sur la joue – exquis. Rougeurs – enfant roule le côté pour atterrir sur le dos. « Et il n’est plus libre. » Étirement des lèvres se mue en sourire béat alors qu’étoiles passent dans le regard, écho à une soirée d’été. « Tu veux un secret ? » Se tourne à nouveau, pour se rapprocher du serpent cette fois. « C’est mon homme. » Tout bas, pour que personne d’autre à part  lui ne puisse entendre – confident.

Lunaire à l’allure d’adolescente naïve, ne s’inquiète pas des images qu’elle renvoie, ni des mots qu’elle envoie – laisse filer les désirs comme des rêve à la nuit, avant de se décider à trouver prénom enfin pour l’adopté. Noir de jais, écailles scintillantes – elle a rarement vu si beau serpent, habillé par soirée brumeuse. « Rêverie, Nuit, ton habit est d’ombre mais reflète les lueurs stellaires – tu es belle dans ta splendeur voilée, dans tes eaux de ténèbres et dans la profondeur du ciel damné. Nuage vaporeux qui imbibe mes songes de rosées flamboyantes – divin vin du dieu matin. » Astres se posent sur noiraude. « Nephelae ? » Nymphe nuageuse. « Ca t’irait bien – mais on peut trouver autre chose aussi. » Parcourt page blanche à présent et y commence mouvement circulaire.

Qu’il est fascinant pour infante des émotions que de voir animal si attentif et compréhensif – là où on l’eut éduquée au fait que malgré les ressentis affectifs, développement cérébral n’était pas assez important pour comprendre toutes les nuances dont se paraît l’humanité saisissante. Et peut presque lire dans les pupilles une forme de fierté, sûrement d’avoir choper tel Apollon – ou de s’être faite pécho, à savoir.

Poème soufflé, esprit divague pour poser les mots aux maux qui s’imprègnent des ombres lisses – parle de nuage, de divinité – donne prénom nymphéal pour serpent noiraud. Le nom féminin qui rehausse une grâce qui ne saurait être prêtée qu’à la gente du même acabit, en réalité ne sait pas différencier l’un et l’autre sur cette espèce étrange et captivante. Semble apprécier apparat d’adoption, alors le nom sera gardé – et surtout est précautionneusement noté en bas de la page blanche.

Crayonnage superficiel pour donner première forme, concentration évaporée – chantonne, parce que la tête ne peut se contenter de faire une seule chose à la fois, relatif à ces gens qui pensent souvent trop, tout le temps, ne s’arrêtent pas même en songe, et ceux malgré l’attrape-rêve qui orne le dessus du lit. Serpentin ne bouge plus, comme s’il avait capté encore ce qu’il se passait. « Tu es un bon modèle. » Pour compliment coupant chansonnette inventée.

Note à côté les mots employés précédemment, comme pour complété dessin pas encore terminé – prend le temps, de gommer et de retracer par moment, n’a pas peur d’avancer l’œuvre et d’expérimenter appuie différent, audacieuse même si les mains ne sont pas les plus habiles à manier l’outil du savoir apposé. Elle s’en sort bien, parce qu’elle a travaillé – est prouvé par la petite cloque qui est née ses derniers jours à force de dessiner les mêmes traits toujours, mais qui disparaîtra bientôt parce que Lunaire change de phase ce soir et trouvera autres passions.

« Je n’y connais rien aux serpents. » Galère quant à sa physionomie, la tête donne fil à retordre alors que le corps était d’une simplicité remarquable à tracer. « Je devrais m’informer à la bibliothèque la prochaine fois. Je devrais même passer plus de temps là-bas. » Y consacre pourtant déjà pas mal de son temps à l’apprentissage de la langue des signes, mais pas encore assez au goût de la curieuse. « Mais les entraînements sont épuisants. » Et de toutes sortes – physiques et magiques – psychologiques à venir aussi. Devrait exploiter un peu mieux ce qu’elle a appris ces dernières années, mais veut pas révéler trop tôt les atouts dans sa manche.

Galère encore un peu, se rapproche du serpent comme pour voir l’invisible. Finit dessin alors. « Bon, on aura vu mieux, mais pour un premier essaie c’est pas si mal, non ? » Montre l’œuvre, qui rend bien malgré quelques défauts – pas de proportion mais surtout au niveau des ombres, qu’elle a toujours du mal à placer ou à accentuer. Manque ce côté des artistes nés aussi, mais on ne peut nier le travail et l’obtsination.

Dé:

Enfant ne sait pas, inconsciente sûrement, ou ayant une bonne étoile malgré tout – poursuivie par la chance. Plus jeune, elle avait une habilité incroyable a esquivé les problèmes. Depuis son arrivée sur l’île, c’est comme s’ils la poursuivaient – quoiqu’elle s’en est bien sortir jusqu’à maintenant, n’a pas trop souffert dans ses malheurs, mais là, on ne parle plus de bonne étoile, mais de bons protecteurs. Raidho veillait sur elle – peut-être un peu trop par moment – mais il y avait aussi Uruz, et l’Amoureux. Bien entourée, ne rendait pas encore assez l’appareil à son sens – le ferait un jour, veut y croire du moins, et puis recommencer à prendre les bonnes habitudes, aka arrêter de se mettre en danger, de s’occuper de chose qui ne la regardaient pas (ou continuer de manière plus discrète) et faire attention aux espèces adoptées. Un serpent – un loup, il va finir par éternuer, l’amant, à force de parler de lui – un gros matou (ça se tentait).

Griffonne, dessine, ombre le tout et montre carnet alors. Nephelae semble heureux comme vient s’enrouler en étreinte – Lune en profite pour caresser les écailles lisses, apprécie la matière sous les doigt, la préfère vivante tout de même. Laisse filer, serpent explorer, se diriger vers lit d’à côté – la partie du dortoir scrupuleusement bien rangée. « C’est le côte de l’Arcane sans nom. » La Mort. « Tu ne devrais pas trop fouiller de son côté – ou plutôt, évite de déranger. Je crois qu’elle a déjà du mal à supporter mon côté bordélique. » Rire léger à l’évocation. Pauvre aînée subissait la désorganisation frivole de l’esprit lunaire – ramassait toujours les vêtements qui traînaient pour les remettre sur le lit, parfois soupirait quand elle voyait qu’à peine ranger la commode était déjà dérangée.

« Je pense qu’elle t’aimerait bien. » Pas du genre à avoir peur des animaux dangereux. « Mais ça fait un moment que je ne l’ai pas croisée. » Sauf la nuit où les cauchemars réveillent et où enfant se glisse dans le lit pour aider à l’apaisement. Là aussi on peut voir un attrape-rêve au dessus du lit, un peu mieux ficelé que le sien, trônant fièrement – cadeau qu’elle avait finit par confectionner pour celle qu’elle considère comme mentor. Bâillement – la fatigue pointe un peu. Astre n’a pas eu beaucoup le temps de se reposer, derniers jours intenses en évènements et en émotion. Referme carnet, range sous le lit – regarde foulards avant de les remettre en sac – fais mine de ranger un peu, regroupe les livres en pyramides, les bouteilles vides d’un côté, celle encore un peu remplis de l’autre. Puis balance vêtement à laver en tas dans un coin – une adolescente un peu, on veut pas imaginer l’état de son appartement en dehors de l’esperanto sûrement.

Rampant fouille, fouine, se fait perfide et subtile, se faufile. Mais sûrement aventure ne mène a aucun trésor, car habile est l’Arcane – qui sait que le meilleur moyen de cacher ses secrets est de prétendre qu’il n’y en a pas. En tout cas ne trouvera que possibles potions basiques, livres de magie ou affaires personnelles sans véritable intérêt. Numéro treize qu’elle n’a pas vu depuis un moment, sauf au détours de couloir ou de nuit d’horreur. Espère seulement qu’elle ne se soit pas mise dans situations gênantes, ou pire – ne le supporterait que difficilement, ou peut-être pas. Occupe l’esprit en faisant du rangement – pas très utile comme le bordel finira par s’installer de nouveau d’ici peu alors que serpent finit exploration.

Finalement animal se glisse, en écho au bâillement, sous la couette et après s’être débarrassé du soutif et du pantalon, Lune rejoint nouvel ami sous les draps, ferme les rideaux du lit à baldaquin, cherche soupçon d’intimité dans le dortoir partagé – n’a décidément plus l’habitude de vivre en communauté. Et doucement s’endort, sur dernières notes crépusculaire. « Merci pour cette soirée Nephelae, c’était sympa, j’espère qu’on se reverra. » Parce qu’au fond esprit se doute qu’au petite matin serpent sera parti – qu’il se sera volatiliser dans la nuit.