Énième matinée passée à préparer un petit déjeuner pour une assemblée plus ou moins joviale, plus ou moins maussade. Ambiance beau fixe partie depuis longtemps. On peut sentir l'automne arriver.
C'est avant l'aurore qu'il se lève. C'est avant elle qu'il franchit le pas de porte, salue ses camarades de corvée - et la petite scandinave qui sent l'été - avant de mettre la main à la patte. On en viendrait presque à s'aimer quand on partageait pendant 3 semaines durant cette pénible charge qu'est le remplissage des estomacs vides et affamés.
En plus, c'est qu'il commence presque à s'améliorer en viennoiseries. Ça fera joli sur le CV en sortant.
Un petit déjeuner pris en compagnie des autres Reqem. Ce n'est pas qu'il n'aime pas se mêler au autres délégations - au contraire - mais la place laissée par Sadalbari leur semble encore un peu trop vide, un peu trop fraîche. Alors ils se soutiennent jusqu'à ce qu'ils se sentent à nouveau prêts à battre des ailes loin du nid.
Puis vient l'heure de remballer, de ranger, d'astiquer avant de prendre la direction des cours. D'un bond, il se lève et rassemble les corbeilles de fruits qui lui passent sous la main. Franchement, faudrait leur dire que c'est meilleur que les gâteaux. Ça leur ferait pas de mal à tous d'en manger un peu plus. Au moins, les corbeilles seraient un peu plus vides - et donc plus légères - sur le chemin du retour.
Il a presque fini quand une voix prononce son pseudonyme. Il se retourne dans cette direction. Un sourire bourgeonne.
« Aurora » répond-il en parcourant les derniers pas qui les séparent.
« Si c'est pour un nouveau concours de château de sable, je déclare déjà forfait. »Un petit sac qui surgit et qui change de main. Il s'empresse de l'ouvrir, vérifier que ce sont bien ses affaires afin d'éviter que leur propriétaire véridique ne les cherche encore longtemps. S'il les cherche. Parce que lui, il les avait balayé d'un haussement d'épaules sans importance.
« Oh » C'est bien les siennes.
« Merci.» offre-t-il dans un sourire qui se prolonge dans un petit rire.
Par mégarde. Une deuxième fille avec un sac fourre-tout, à la Lune ? Une petite chapardeuse ?
« Je risque pas de l'oublier, j'ai l'impression d'avoir cracher du sable pendant des jours. Ça a été, toi, le retour ? »Il cherche pendant quelques instants comment balancer le tout. Son sac est dans la cuisine. Autant laisser les corbeilles de fruits ici, personne les piquera. Mais avant, il a des choses à dire.
« C'est vraiment gentil de les avoir gardées aussi longtemps. J'espère qu'elles ne t'ont pas encombrées. Je peux faire quelque chose pour toi, en remerciement ? »Les bons comptes font les bons amis, paraît.