L'Esperumor, journal à parution mensuel, si tant est que son rédacteur ne meurt pas. A destination des soldats qu'on prend bien trop souvent pour des enfants  (ou du moins lorsque ça en arrange certains) et à but informatifs. En gros titres : morts, secret et disparitions, preuves et indices si tant est qu'il y en aient. Rumeurs amusantes mais pouvant en révéler tout autant sur nos camarades, la rédaction se veut sans filtre, seulement à titre informatif. Alors, mouton sans cervelles ou rebelles ?

"(...) Et nous, directeurs, ne pouvons que déplorer que les personnes présentes ne nous aient pas appelés. Que la mort de Shishi vous serve de leçon pour le futur." (Jupiter) Quelle meilleure manière pour attiser la colère et la douleur chez les jeunes recrues que de leur rappeler leurs fautes et leurs erreurs, leur place aussi.  Sommes-nous de la chaire à canon ou des soldats d'élites en devenir ? "(...) Nous sommes tous et toutes des adultes [...] Votre objectif principal est d'apprendre à vous débrouiller sans notre aide." (Tiwaz) Et les discours se confrontent, s'opposent. Sommes-nous des enfants qui doivent apprendre par cœur leurs leçons ou des adultes responsables pleinement conscients de ce à quoi nous serions confrontés en venant ici ? C'est ce que deux des directeurs du Triumvirat suggèrent de manière contradictoire (Et on notera que pour une fois, la dernière ne parade pas en confondant truite et saumon et fait preuve d'un peu plus d'humanité que ce qu'elle nous montrait jusqu'à présent). Ces belles paroles n'ont toutefois pas empêcher la mort, devant nos yeux ébahis et horrifiés, de Sadalbari, née-moldue comme le suggérait Hitodama (Est-ce là une preuve qu'il se trouve déjà des moyens de reconnaissance de sang ? Une résistance de nés-moldus interne, comme ils sont vraisemblablement les premiers touchés ?). Des mots, sans actes. Sans même qu'ils n'aient le temps, eux non plus, d'intervenir. Les funérailles de Shishi furent tournées au ridicule, mais permirent de faire tristement d'une pierre deux coups. Chacun a alors donné du sien, certainement pas de la meilleure manière qui soit ; de toute part on s'accusait les uns les autres, ou déjà démontrait envie suicidaire chez les japonais (Pour l'un vis à vis des mangemorts, pour l'autre des directeurs).

Avantage tout de même à cette mascarade, chacun sait à présent ce qui l'attend dans la guerre. Il n'est plus question d'un camps de vacances où les soirées karaoké font oublier l'atmosphère de terreur qui règne au dehors. Ici, parmi nous, il y a des traitres à la solve du Lord noir et si certains en doutaient, il n'y a plus matière à ce que ça soit encore le cas. Mais revenons sur les premiers traces nous menant, pour les plus fins observateurs, aux premiers indices quant à la présence d'au moins un mangemort sur l'île. A peine le début des cours sonnait que nous commencions la première semaine avec des croissants brûlés au petit déjeuné. Certains savaient déjà qu'ils étaient dû à l'absence de Mannaz (souvenez-vous, la petite Durmstrang aux airs tout doux, peut-être un peu trop, en faisant une cible facile). L’agneau est réapparue plusieurs jours après et a finalement été envoyée aux cuisines. Peu de rumeurs la concernant, beaucoup la pensant sûrement trop fragile pour un tel projet. Et pourtant, comment ne pas l'être lorsque dès les premiers jour on subit une agression et frôle de justesse une mort, seule au fin fond de la forêt ? Pas de mot à ce sujet, certainement que, comme pour la disparition soudaine de Sol, les directeurs ont estimé qu'il ne valait mieux pas inquiéter les enfants. Oui, parce que votre vélane préférée s'est pris de plein fouet le sort d'un de ses chers camarades - simple accident ou véritable attaque ? Première hypothèse paraît bien pâle lorsqu'on nous rabat régulièrement que nous sommes censés être l'élite de la jeunesse sorcière et que la même suivante, c'est l'Impératrice qui finit à l'infirmerie, clouée au lit par une maladie.

Traîtres - le mot se répète dans chaque bouche depuis les funérailles. Alors, qui sont-ils ? Une délégation entière, un directeur, un professeur ? Lancelot et Mizuchi se sont fait la guerre ouvertement, bien que la première s'est défendue intelligemment devant une descendante d'être de l'eau bien sûre d'elle. A tord ou a raison ? La baguette entre les mains semblait avoir bien lancé le sortilège pourtant. Petit hic, la professeure de torture venait tout juste de la ramassée après qu'un autre l'ait vraisemblablement jetée à terre. Lenine ? Le parfait petit soldat (Et toutou d'après certain) de Bakounine qui a été accusé par trois de ses camarades. Ce qui est certain, c'est que peu se sont interrogés quant à la véracité des propos des premiers à avoir pointé du doigts, sur comptine d'enfant : le premier qui dit c'est celui qui est immunisé (et donc pas celui qui dit qui est). Y a-t-il besoin de préciser l'absurdité de la situation ? Peut-être que si nous avions un peu plus ouvert les yeux au lieu de s'intéresser au classement ou à la jolie petite paire de fesse de la charmante sirène (ou que nous avions éviter cette soirée karaoké de mauvais goût) nous nous serions souvenu du climat qui règne à l'extérieur et aurions remarqué les premiers signes de traitrise. Peut-être que si nous nous étions concentrés sur la guerre et nos camarades autrement que d'un point de vu lubrique, nous aurions pu remarquer l'absence de Shishi, ou empêcher la mort de Sadalbari. Qu'elles seraient encore aujourd'hui à nos côtés, combattants vaillamment contre la dictature mangemort. "Avec des "si", on referait le monde." Faute de le pouvoir, partageons au moins la mémoire et chérissons les souvenirs que nous avons des défunts. Qu'ils nous fassent avancer, qu'ils soient rappellent de ce que nous faisons ici ; et que nous respections leur morts en faisant en sorte qu'elles soient les dernières.

E.

C'est au nom de la résistance que je lève la voix. On nous a vendu le projet comme un regroupement de nos forces résistantes contre l'ennemi. Voldemort. Et pourtant nous voilà aujourd'hui à ne pas faire confiance à notre voisin de lit, à entendre les directeurs nous reprocher la mort de nos alliés puis à nous considérer comme des enfants. J'ai signé.e pour apprendre à combattre. Pas pour mourir ici, sans savoir que dans la forêt il y a mille créatures prêtes à me dévorer. Je serais piètre rebelle si j'y avais succombé, c'est vrai, mais j'aurais été meilleur.e encore si l'on m'avait prévenu.e. En ce journal, je ne souhaite pas attiser la colère ou fomenter une rébellion contre le corps enseignant, mais bien éclairer votre esprit critique et engendrer des actes clairs et déterminés. Nous coaliser. Devenir camarades sur le champs de bataille. Et faire tomber les traitres. Pour ce faire, je propose déjà que vous m'envoyez secrets détenus ou proposition d'amélioration de cette interface. Vous recevrez chacun, qu'importe votre rang, une missive dans la soirée, vous indiquant une heure et un lieu de rendez-vous où vous attendra une urne dans laquelle vous pourrez laisser un message. Slogans, rumeurs, indices, preuves, encouragements, aides, critiques, chaque apposition sera utile à la Cause. La Notre. La résistance, c'est sûrement se coaliser et se faire confiance ; intelligemment.

E.