C'est le petit matin, les petits oiseaux chantent, tout est beau, bien et mignon. Même le soleil est gentil a pas encore tapé sur les nuques jusqu'à les faire rougir. Non, franchement, c'est cool, chill, ce serait parfait si un odieux personnage - elle ne sait pas trop qui c'est, l'imagine comme un genre d'esprit malfaisant - a décidé que les nuls doivent se convertir en elfes de maison pour le bien de la communauté. Fawkes est pas trop trop d'accord, surtout qu'elle aime pas trop trop la communauté. Parce qu'elle ne connait pas les gens alors ça fait un peu peur puis parce qu'elle est timide alors ose pas trop trop sociabiliser. Déjà, elle a deux amis. Suhail et un qui dort depuis le début ou presque. Un infirmier. Puis une ennemie. Ou deux. Ou plus. Ce qui fait qu'elle a quand même des relations sociales donc c'est bon. Mais de là à sacrifier ses siestes pour regarder pousser des légumes - à la limite autant le faire à l'infirmerie, Sol est plus joli qu'un potiron - c'est quand même fort de café... D'ailleurs le sien n'est pas si bon, vire au un peu froid, parce qu'elle n'a pas pu le siroter tranquillement en cuisine en toisant Mannase qui devait être en train de s'affairer sur la bouffe comme d'habitude. ELle le boit gorgées par gorgées alors que ses pas l'amènent vers le potager. Elle ne sait pas trop ce qu'il faut faire, elle a écouté les instructions avec toute la mauvaise volonté du monde donc n'a rien retenu du tout. Au pire, elle fera mine d'arroser. Au pire, elle demande de l'aide surtout. Suffit de faire un peu pitié aux mieux classés, les faire sentir en position de force et tellement plus intelligents et utiles qu'elle. Eux qui savent ce qu'il faut faire des légumes face à elle qui sait juste faire cuire des nouilles lyophilisées. Choc des cultures, des milieux, lutte des classes. Et on verra bien au final qui est l'ultime exploité. Alors Fawkes fait un virage dans son chemin en ligne droite vers les serres. S'avance vers des inconnues (ou presque, trois-quatre semaines de cours quand même), hésitante. "Désolée d'vous demander ça mais... Vous vous y connaissez en jardinage ?" Sous-entendant qu'elle non, pas du tout, qu'il y avait que de la neige qui poussait sur l'béton du vieil immeuble gris URSSien qu'elle habitait.

Courbatures – ça s’étire comme un vieux chat sur le point de clamser – ça craque et c’est presque raide mort de froid. La souplesse légendaire a disparue pour aujourd’hui, presque cadavre avant l’heure. L’est rentrée tard, porte les cernes, mais le soleil est là et l’héliophile qu’elle est retrouve, sinon des couleurs, un peu de bonne humeur. Et chante les petits oiseaux. Remix de Blanche neige , elle leur rend la pareille. Chantonne – tiens, ça réveillerait bien l’Amoureux, qui finirait par l’accompagner – à elles deux elles font les chœurs, les voix principales et les instruments. C’est la chorale dans le dortoir quand y a pas l’Impé pour passer des chansons nazes de leur génération – Sardou, Aznavour et tous les autres, ils pleurent des larmes de sang de leurs oreilles.

« Eh Amour, vient on va voir le potager. Peut-être y a des botrucs là-bas. » C’est pas dans le verger plutôt qu’elles trouveront ça ? Bof, l’important c’est de participer comme on dit. L’embarque après s’être habillée – gros pull bien chaud parce qu’elle est glaçon puis ça se dirige là-bas. En chemin elles se font arrêtées par celle qu’elle reconnaît comme la sauvée de l’infirmier. Fawkes ? Interrogation – regard échangé avec la copine frenchies. « Euh, pour les plantes de balcon ça va. » Le petit studio de Paris devait avoir une ou deux plantes de presqu’intérieur – et de la menthe fraîche. Mais trop dans la lune, Lunatique les a peut-être laissées mourir une ou deux fois avant d’abandonner l’idée d’être maman de jolies fleurs. « Mais on peut peut-être aider, tu as besoin de quoi ? » Question amicale, douce malgré l’air zombifié – histoire de rassurer la demoiselle qui a l’air au bout de sa vie – elle comprend, elle aussi elle est timide parfois, quand la lune est de trois quart effacée.

Ca ricane dans sa tête parce que les deux françaises sont grave tombées dans le panneau (si les airs de chaton abandonné ne suffisent pas, elle tentera les yeux doux). Bon, l'expertise en plantes de balcon, ça ne lui paraît pas si bien que ça mais Fawkes n'a pas besoin de bien, elle a besoin de se débarrasser de ses corvées pour ne pas se mettre de terre sous les ongles (ou un truc comme ça). Elle ne comprend juste pas le délire du beau, coule un regard interrogateur à L'Amoureux avant de hausser les épaules. "Il faut que j'rempote des trucs j'crois. Genre les tomates ?" Et franchement, des tomatiers, elle en a pas vu beaucoup et ne sait pas en reconnaître. Sauf si ça a des tomates dessus, brune n'est pas neuneu à ce point (encore que). "Mais j'sais pas trop comment faire ni à quoi ça r'semble..." Dans deux minutes, elle sort le violon, explique qu'elle croit qu'on trouve des frites de chez McDonald's directement sur les arbres. Citadine, n'est-ce pas ? Elle se traîne jusqu'au potager, tachant de garder les françaises avec elle, se dirige vers des plants au hasard. C'est les tomates ? Oui ! La petitesse des pots par rapport à la grandeur des tiges l'ont aidée. Ou alors c'est parce qu'il reste des fruits dessus (d'ailleurs, elle en cueille un machinalement). "C'est quoi la marche à suivre ?" Prendre un pot plus grand, mettre de la terre, dépoter, rempoter, arroser... Flemme, flemme, flemme.

pair. Oui c'est des tomates.

Botruc – elle sait pas s’occuper de plante mais veut des animaux – pour la compagnie tout ça tout ça. Reflet d’égoïsme un peu – est-ce qu’elle s’en cache vraiment ? Pas tout à fait. Revient le sujet en réponse à la slave, observe les mimiques toujours. Elle saurait pas dire quoi – la fausse timidité ou l’air perdu qu’elle reconnaît pas moment, mais enfantine l’intrigue et la repousse en même temps. Rempoter c’est dans leurs cordes, elle imagine. « Si c’est que ça, on peut te soulager un peu – en t’aidant. » Comme un besoin de préciser qu’elles sont là pour prêter main forte.

Tomate, tomate, elle a dû en voir dans son assiette et puis, c’est tout ? Non, en primaire ils ont bien dû faire un cours sur les plantations, au moins les fraises – ça serait vachement triste sinon. « C’est grand et feuillu, je crois. » Nan, vraiment ? Pas genre comme la majorité des plants ? Trop fortiche la Lune, mais de toute façon Fawkes a déjà trouvé sans son aide, trop bien. Chapardeuse s’empare du fruit – fruit ou légume déjà ? C’était la grande question quand elle avait sept ans. Regarde un peu autour d’elle, rempoter on a dit. « J’imagine on prend ça, on met un peu de terre, puis on glisse ça dedans et on remet un peu de terre ? » Sherlune on a dit. Malin le lynx et hop, elle arrête les p’tits gestes de ses petites mains pour s’en servir correctement.

Petit hic au beau tableau paysagiste, le sac de terre pas loin genre cinq mètres) c’est du lourd et elle arrive pas à le ramener vers les filles. « Ok, soit vous m’aidez à le porter, soit on fait des allez-retours. » Elle laisse le choix, toujours, parce qu’elle est gentille la Lune – coup d’œil tout de même vers l’Amoureux – elle est plus pro que les deux autres dans le domaine du plantage de choux – ou du replantage de tomate.

dé:

Sont-elles la définition du "trop bonnes, trop connes" ou Fawkes est-elle réellement larguée en jardinage ? Le mystère est complet. Dans tous les cas, elle sort le sourire oscillant entre la timidité et la reconnaissance, le sort bien même. Bientôt, elle bat des cils pour pas porter les trucs lourds alors qu'elle est si frêle. En tout cas, les indications sur l'art délicat et ancestral du rempotage sont claires, nettes, précises et sont totalement comme Fawkes l'imaginait. Championne. Surtout qu'elle a trouvé les tomates du premier coup et qu'elle n'a plus qu'à faire botaniste dans une autre vie (dans celle-ci, elle fait plante verte). Et en fait, elle ne se retrouve pas à battre des cils parce qu'il y a un truc lourd - la terre en l'occurrence mais comme le déclare L'Amoureux, un sort fait l'affaire - mais au mot collège. "C'est loin l'collège..." Elle ne l'a pas trop connu en plus, c'est un truc du système scolaire français ça. Mais les instructions sont claires alors ça hoche la tête, même si l'histoire laisse songeur. Oui cheffe, bien cheffe, premier plan dépoté, plongé dans un nouveau pot et plus qu'à  mettre la terre. D'ailleurs, elle n'aurait pas aimé être à la place du sac vu comment L'Amoureux l'a éventré. D'ailleurs, elle en a foutu partout puis elle sifflote un air que Fawkes ne connaît même pas. "C'est quoi ?" qu'elle demande, parce que la tsarine a dit qu'il fallait s'intégrer et que les deux françaises n'ont pas l'air trop horribles.

1-10. Elle entend un truc mais c'est juste qu'elle est parano.
11-50. Pouloulou, on s'ennuie presque.
51-90. C'est par là-bas !
91-100. Aaaah un monstre !

Amour donne les directives – Lune avait bien compris le truc au final, c’était pas si compliqué, juste les gestes avec les trucs et les machins c’est bien mieux comme explication quand on a spécialement envie de s’embarquer dans des conversations compliquées. Puis t’façon, elle doit avoir trop l’air à la ramasse pour paraître intelligente, la môme, même si elle est gentille. « Bah, c’est plus sympa sans utiliser la magie. Genre, l’autonomie moldue, tout ça. Puis ça fait les bras. » Pour première réponse alors qu’elle voit bien que personne vient l’aider. Wesh, ça s’amuse avec la magie oklm et ça aide pas les copines à bosser le fessier, ok noté (non). Elle est têtue Lune, et qu’importe si elle a l’air débile, le jour où elle aura pas la magie, elle sera heureuse de pouvoir tirer une charge lourde, même si là c’est un sac de terreau et que c’est pas super sexy.

« J’me souviens, c’était le drama de la semaine, ça avait même fait la une du journal de l’école. » Ton enjoué, mais ne s’étend pas, plutôt fière d’avoir ramené le sac vers les filles (oui elle a réussi, sans magie BIM). Fawkes qui dit que le collège c’est loin – elle veut bien croire, puis elle sait pas comment ça fonctionne le système éducatif dans le pays de la jolie brune, alors elle s’interroge pas trop, même si l’air laisse sceptique. Ouverture du sac – question est posée, Lune tête en l’air. En deux secondes tente a perdu tout sa concentration. « C’est quoi de quoi ? » Alors qu’elle redonne de l’attention à autre chose que le vent qui passe. Mais on change pas une équipe qui gagne alors quand elle croit voir quelques choses dans les plans, elle bouge plus. Ca a bougé ? Elle est folle ou pas ? Paupières se plissent, yeux d'aigles. « J'crois y a quelque chose là. » Pointe du doigt, s'approche doucement - c'est peut-être de ça dont parlait la slave, non ?

EC - elle est pas seule dans sa tête
E - le vent ça fait du bruit quand ça passe entre les deux oreilles
R - tiens du mouvement
RC - un truc bo