Les salutations furent brèves. Solennelles, cordiales, comme d'Arc en avait l'habitude. L'art d'en venir au fait, de ne perdre que peu en mondanités superficielles et inutiles -bien que le demi-vélane était tout aussi connu pour ses mots mielleux et surfaits-. Un visage doux, inspirant le peu de confiance qu'il était capable de faire paraître. D'Arc tâcha de ne pas ressentir trop d'émotions incongrues -et Merlin savait à quel point une certaine flamme de rage bouillonnait en lui, depuis toujours bien entendu, mais d'autant plus aujourd'hui-. Face à lui se tenait une légilimens. Pires sorciers auxquels le demi-vélane pouvait avoir affaire. Hantise des hypocrites, des contrefaçons et des simulacres, d'Arc ne pouvait que trop peu jouer sa carte habituelle de la rhétorique. Les faux-semblants dont il était le maître semblaient inutiles en ces lieux et le charisme des vélanes était la seule arme dont il disposait.

D'Arc s'était permi de pénétrer dans le bureau de la légilimens après avoir nonchalamment frappé à sa porte... Les plumes qui généralement parsemaient son visage lorsque la colère lui montait étaient particulièrement proches. Courroux des vélanes, la laideur dans la peau, d'Arc tâcha de paraître lui plus diplomate possible. Sourire factice, comme il en avait le secret, douceur laide et imprévisible, le demi-vélane se détacha de toutes les passions qui brouillaient ses pensées et pouvaient lui faire du tort face à Bacchus. Une rapide révérence bien pompeuse suivit son entrée dans le bureau.

« J'ose espérer ne pas vous déranger madame Bacchus. » Les mots mielleux et surfaits n'avaient pas pu s'empêcher de sortir. Le titre de dame était bien entendu ici inutile, la simple appellation de son interlocutrice aurait tout aussi bien marché. D'Arc tâcha pourtant de se montrer outrageusement courtois -au contraire de son lui profond, qui de la courtoisie n'en avait rien à foutre-.
« J'ai cru comprendre que vous vous étiez porté garante de l'interrogatoire de Lénine. Est-ce la vérité ? » Une question rhétorique bien entendu. Tout le monde était au courant...
« Auquel cas vous entendez qu'il est assez instinctif pour moi de venir vous retrouver dans votre bureau après les événements d'hier. » Le regard doux, le ton cordial... D'Arc lutta fortement afin de ne laisser s'échapper aucune pensée trop intrusive.