Kitsune venait de rentrer. La nuit était déjà bien noire, et elle s'apprêtait à monter se coucher. Trop de choses tournaient en boucle dans sa boite crânienne. Trop d'éléments, de thèses, de théories infondées. Des bribes, des semblants d'explication, rien qui ne fasse vraiment de sens au final. Tisane au bord des lèvres, la jeune-femme se perd dans la contemplation de la fenêtre. Absente, c'est qu'elle aurait presque pu ne pas voir la silhouette qui apparut de l'autre côté. Frêle, presque fragile. Ces grands yeux bruns et ces longs cheveux noirs. Pas étonnant que les meilleurs films d'horreur étaient japonais. Attendez une ... Ses yeux s'écarquillent, et sa tasse lui échappe des mains, causant au liquide de l'éclabousser, et lui arrachant un cri de douleur. Merde. Elle relève le regard, mais la silhouette n'est plus. Alors, sans réfléchir, elle se lance à sa poursuite. Elle est persuadée de l'avoir reconnue, Shishi. La petite lionne. Mais les renards sont rusés et rapides, et qu'il s'agisse ou non d'une illusion, Kitsune était bien déterminée à ne pas laisser filer le mirage dans la nuit.

Pas vraiment, fatiguée, surtout très déçue de la tournure de sa journée, Mizuchi lisait dans le salon du dortoir. Les genoux remontés contre sa poitrine, elle déchiffrait le traité de zoologie magique avec application, prenait des notes, s'arrêtait parfois pour laisser son regard se perdre ailleurs. Un peu trop loin, peut-être. Le fracas de la tasse la tira de son odyssée, elle tourna la tête, chercha l'origine du bruit.

Kitsune était déjà partie. La naïade hésita une demi-seconde, grommela peut-être un peu, mais n'était au final pas mécontente d'être distraite de son imposant bouquin. Elle le posa à la va-vite, vérifia la présence de sa baguette dans ses cheveux, puis rejoignit la jeune femme, juste à temps pour entendre un Ryû visiblement secoué poser une question sans objet. Ils l'inquiétaient, d'un coup.

"Qui ? c'était qui ?" les pressa-t-elle sans les saluer. Elle sentait que quelque chose se jouait. N'avait peut-être pas idée de son ampleur - mais était là pour le découvrir.

Le coeur de Kitsune battait la chamade. Elle hésita un instant ; avait-elle été victime d'une hallucination ? Ce n'était pas impossible après tout, vu qu'elle s'était pris un bâtiment sur le coin du crâne seulement quelques heures plus tôt. Mais ce n'était pas son genre. Et lorsqu'elle entendit Ryû derrière elle, elle reconnut la torpeur dans sa voix. Sans se retourner, en gardant son regard rivé droit devant elle, elle cherchait à retrouver la silhouette. Mizuchi vint se joindre à eux. "Shishi." Répond-elle aux deux. Voix froide mais troublée. Elle était sûre d'elle. C'était Shishi. Ou en tout cas, quelque chose qui s'y apparentait. Et ce n'était pas un fantôme. "Elle se tenait devant la fenêtre. Souffle chaud, a provoqué de la buée. Elle a posé sa main." Elle les laisse tirer leurs propres conclusions. Ce qu'elle sait, en revanche, c'est qu'elle n'était pas là quand Shishi était ... euh, morte ? Elle n'avait servi à rien ni sur le moment, ni après. Son expression perturbée se teint alors de détermination. Elle n'a qu'une seule chose à faire avant de se lancer à la poursuite de l'apparition. Bien sûr, quand il s'agit de mettre un directeur en rogne, y a du monde. Quand il y a vraiment besoin d'envoyer un patronus, y a plus personne. Bref, tant pis. Au pire, elle meurt. Et c'est sur ces belles paroles qui Kitsune reprend sa course, dans l'intention de retrouver ladite Shishi.

Patronus: