L'oeuf lui atterrit dans la main, finalement, ce qui la surprenait presque. Elle n'avait vraiment fait aucun effort. Mais Wunjo devait s'être relâché, ou bien il lui laissait volontairement le précieux trophée. Mais il lui semblait soudain qu'il lui manquait un élément dans l'équation. Son inexplicable absence de réponse la menait à penser que c'était lié à sa perte de mémoire. Elle fronça les sourcils, mais décida de ne pas s'y attarder. Elle avait d'autres problèmes.

Une nuée de libellule - la sienne - s'attaquait à leur créatrice. Wunjo avait renvoyé à l'expéditeur les jolies créatures, mais il oubliait que c'était les siennes. Et certainement celles qu'elle avait le moins de difficulté à créer et contrôler. Mizuchi évita l'assaut d'une grosse partie des bestioles, quelques unes réussissant tout de même à la déstabiliser. Elle sentit un de ses oeufs lui échapper, et se figea.

Son instinct lui suggéra quelque chose - elle céda, à peine perturbée. Après avoir chassé les dernières libellules loin d'elle, elle pointa sa baguette sur Wunjo. Un premier jet de lumière informulé jaillit - étincelles inoffensives, une feinte pour ajuster son tir suivant. Une seconde, et l'instrument pointait vers le sol : infiniment concentrée, Mizuchi lâcha sa formule avec flegme.

« 여기 당신의 무덤 » (yeogi dangsin-ui mudeom)

Un sort parfois considéré comme une malédiction au vu du caractère morbide de sa traduction - mudeom signifiant à la fois sables mouvants et tombeau, dans sa langue maternelle. Et pour cause, sous les pieds de Wunjo, le sol se ramollit brutalement, et en quelques secondes, il fut embourbé jusqu'à la moitié des cuisses dans une mélasse inqualifiable. Pas vraiment du sable ou de la boue, mais plutôt comme si le béton du sol venait d'être fraichement coulé et que le scandinave s'y était aventuré sans le vouloir.

Profitant de l'effet de surprise, et sans le quitter des yeux, elle courut récupérer le dernier oeuf visible, espérant que l'autre se préoccuperait d'abord de son inquiétante situation plutôt que de leur drôle d'objectif.

Spoiler:

Les dés a écrit:

Dé #1 Attaque : 48
Dé #2 Défense : 46

Dégats reçus : 81
Si Mizuchi obtient un score de défense supérieur à l'attaque de Wunjo, elle arrive à se libérer de son propre piège, et Wunjo reste embourbé et aura un malus de défense au tour prochain. Si Mizuchi obtient un score de défense inférieur à l'attaque de Wunjo, soit elle reste embourbée avec lui soit en se libérant elle libère Wunjo

Dé #3 Oeuf 1 (pour le voler à Mizuchi) : 27
Dé #4 Oeuf 3 (pour le voler à Mizuchi) : 42

Le sort fit mouche, à sa grande satisfaction, et Wunjo s'enfonçait déjà à une vitesse affolante. Elle l'observa une seconde, sa main refermée sur un autre oeuf. Ca commençait à devenir encombrant, cette histoire. Il n'était pas question qu'ils finissent au plat, ceux-là, elle commençait à s'y attacher. Un simple sort de lévitation lui permit de s'en délester, et elle les laissa flotter tout près d'elle, entre son cou et son épaule, comme des boursouflets mais volants et sans poils.

Le sentiment très désagréable d'être harponnée à la cuisse la tira de son animalerie, et en quelques secondes, elle se retrouva beaucoup trop proche de Wunjo, tellement trop proche qu'elle même commençait à s'enfoncer dans le béton coulé. Elle évita souplement le bras de l'autre tentant de lui arracher ses bébés, et captant une ouverture dans les gestes un peu lourds de l'autre, en profita même pour lui prendre le sien au passage.

Sans se laisser submerger une seconde de plus, Mizu pointa sa baguette sur son torse. Une lueur, et en un instant, le contre-sort agit. Elle put se déplacer dans la matière visqueuse, à reculons, jusqu'à en sortir pas après pas. « ça reste mon sort, Wunjo, à quoi tu t'attendais ? » fit-elle avec un haussement de sourcils et une esquisse de sourire goguenard. Des hanches jusqu'aux orteils, elle semblait sortie d'un combat de boue particulièrement intense.

Eggie n°2 rejoignit ses camarades, alignés sur son épaule. Sans attendre, elle fit le tour du marécage de bitume, pour se mettre dans un angle difficile à défendre pour l'autre. Sa prochaine attaque partit, un peu faiblarde, mais précise. Un coup de pied bas, directement sur la main de son adversaire tenant sa baguette. Sur un malentendu, peut-être qu'elle pourrait mettre fin à ce duel maintenant qu'elle possédait les trois oeufs requis pour réaliser un soufflé au matcha de toute beauté. Elle lui en laisserait même une part, au brave homme.  

Spoiler:

Tous les dés ! a écrit:

Dé #1 Attaque : 43
Dé #2 Défense : 0 (merci le malus)

Si mon attaque > Ta défense :
Dé #3 Oeuf 1 : 9
Dé #4 Oeuf 2 : 30
Dé #5 Oeuf 3 : 92

Le petit fouetté fit son effet, et la baguette gicla de la main de son propriétaire. Mizuchi sentit sa cheville agrippée, mais avait anticipé cette parade un peu désespérée, et d'une torsion, elle s'en dégagea. Dans le même mouvement, et pour le punir de son audace, le pied à peine dégagé finit sa course dans l'épaule de l'impertinent, un coup de talon un peu gratuit mais sacrément libérateur.

Prenant quelques pas de distance, elle vérifia que rien d'autre ne pouvait se mettre en elle et la victoire. Les oeufs étaient toujours là, bien entiers à son épaule, et elle venait de récupérer la baguette de l'adversaire, qui ne pouvait vraisemblablement plus bouger. N'était-ce pas la fin ?

« Bvel effort, ffer pollègue. » fit-elle, un peu essoufflée, avant de pointer sa baguette vers ses dents à rallonge pour leur redonner des proportions moins encombrantes. Elles se rangèrent gentiment dans sa bouche, et Mizuchi put adresser son plus beau et délicat sourire au scandinave. Elle n'attendait plus que sa reddition, et puis elle irait prendre le bain du siècle. Après l'avoir libéré. Ou peut-être avant, tiens.

Spoiler:

Immobilisé, désarmé, Wunjo n'avait plus d'autre recours que d'admettre sa défaite. C'était toujours décevant, de perdre, mais cela faisait partie du jeu, du sport. Des duels comme ceux-ci (quoi qu'un peu plus conventionnels) il en avait déjà perdu des milliers, il en perdrait de milliers d'autres. C'était comme cela que l'on apprenait. Et la leçon du jour ; ne pas surestimer Mizuchi.
Oui, Wunjo avait pris un malin plaisir à se moquer d'elle, à l'énerver, et cela l'avait probablement mené à sa perte. Dommage. La prochaine fois il serait plus fourbe, plus concentré, plus sérieux. Digne d'elle. Plus de place pour la plaisanterie.

Et c'était au tour la coréenne de se moquer de lui, en le laissant poireauter. Wunjo dut presque insister pour pouvoir sortir de son piège, mais quand elle le libéra enfin, il alla récupérer sa baguette et lui adresser quelques mots, sans entourloupe.
« Vraiment bien joué. Sans rancune j'espère. Au pire on pourra faire la revanche la semaine prochaine ! Dis, au passage, faudra que tu m'apprennes ce sort, ton dernier là, il a l'air très utile ! »
Il était souriant, imperturbable, ses dents exhibées comme sa marque de fabrique malgré le sang qui les recouvraient.

Il n'attendait pas de réponse de sa part, c'était une demande laissée ouverte, qui aurait une réponse quand ils auraient tous les deux le temps et la volonté de s'y mettre, un jour peut-être.

« Bon, je te laisse, faut que j'aille féliciter Ortiz aussi. Et s'il pouvait me rafistoler, ce serait pas mal. »

Et Wunjo décolla, s'en alla rejoindre l'infirmier. Il avait mal à l'épaule, au poignet, aux jambes, au visage, le nez cassé et une chemise de foutue. C'était un inventaire bien complet, pour un combat bien amusant.