Clic Clac. Pantalon droit, chemise blanche, cravate bleue marine. Occidental, yeux écarquillés, silencieux.
Clic Clac. Caprice capturé d'enfant gigoteur. Enfermé dans un costume qui n'est pas le sien à plus d'un titre. Hurle son désespoir. Dénonce. Papa.
Clic Clac. Homme silencieux observant. Peu de réaction, statue de chair. Yeux froid. Trop vu. Trop perdu.
Clic Clac. Papa. Léger ventre, plus si jeune. Console son fils. Ma jolie. Asiatique pas si cruelle. Papa a trop d'espoir. Papa a été maladroit. Fille aux poisons n'est pas une enfant.
Clic Clac. Vieille femme stricte. Bien habillée. Froide. Même froideur que Lancelot. Même dignité. Même rancoeur. Premiers indices. Qui parmi les neuf aurait eu l'intelligence de régler ses comptes.
Clic Clac. Talons hauts, sourcils bas. Belle femme en colère égal danger. Parole stupide égal intelligence. Les hommes pensent trop souvent qu'une belle femme ne peut faire de mal. Choix de la cible intéressant ? Impossible à savoir. Nouvelle photo, de couple.
Clic Clac. Enseignants s'agitent. Minutes passent, heure tourne, asiatique frappe gamin.

Photographe pose son objectif pour capturer avec les yeux. Bien sûr petit va pleurer, père va s'énerver, conflit va arriver. Aiguille des secondes court bien trop vite. Le temps c'est de l'argent. De la lumière qui ne reviendra pas. Le temps est un luxe. Le seul qu'elle n'a pas.

"Myeong Lee." voix qui croasse, abîmée. Femme remet son foulard en place. Douloureux. Ils sauront pourquoi elle ne parle pas maintenant. Ils éviteront de sauter aux conclusions.

"Pourquoi êtes-vous là"

Personne d'alpagué, personne de visé. Question lancée dans la foule. Plus vite cirque fini, plus vite vie revient.

Il ne faut pas attendre bien longtemps avant que les premières voix ne brisent la chape du silence. Attentif, tu ne perds pas une miette du spectacle qui se joue devant tes yeux délavés. Pourtant, tu finis distrait par une silhouette qui se rapproche de toi. Le premier réflexe est de se refrogner, mais tu ne peux pas jouer cette carte-là. Pas si tu désires en finir rapidement. La sorcière se déhanche, et tu peines à retenir une grimace de dégoût, avant de faire un pas de côté pour installer une distance de sécurité entre vous. "Nous allons très rapidement le découvrir" le ton est bourru, chaleureux, emprunt de tonalités vaguement britanniques. Peut-être du nord de l'île. Ou de quelqu'un qui a trop voyagé pour échapper à ses démons. Le son d'une gifle retentit dans l'air, et tes sourcils se froncent. Tu sais que nul ici n'est un enfant en quête d'attention, mais tout de même. D'une démarche crispée, tu te diriges vers la scène "Allons. Il y a d'autres manières de se faire entendre". Voix de la raison ? Quelle ironie. Mais tu étais d'avis qu'on ne touchait pas les petites têtes blondes, même s'ils n'étaient pas ce qu'ils prétendaient être. Aussi, tu t'accroupis vers l'enfant, et lui adresse un sourire avenant "Ne t'en fais pas mon garçon, ce n'est qu'un mauvais moment à passer" mais à qui parles-tu, au juste ? A lui ... ou à toi-même ? A lui, bien entendu. Après tout, il était l'innocence, le petit ange aux cheveux d'or. Toi, tu en as trop vu, trop entendu. Ce qu'il se passe dans cette pièce n'est qu'un ennui de plus. "Mais pour reprendre ce que disait madame ..." tu marques une pause pour lui laisser le temps, si elle le désire, de préciser son nom "Nous ferions bien de nous y mettre si nous n'avons pas envie d'y passer la nuit. Comment procéderons-nous ?" T'as pas l'âme d'un leader. T'aimes pas être sous le feu des projecteurs. Mais si personne ne se décide, il va bien falloir faire quelque chose.

L’gosse, il court, il court, il braille. Mon r’gard d’ours des cavernes est attiré par l’autre chinoise dans l’pièce. La voix enraillée, j’ai envie d’lui faire confiance, mais c’peut être les retombées d’un attentat malm’né.

Et j’suis tombé.

J’croise le r’gard rempli de pensées obscène vers la dame ph’tographe. J’en oublis les mots d’la vieille, mais j’vois une aut’ jolie dame qui rejoint un type t’seul dans son coin.

Font des magouilles, j’aime pas ça. Fin pas l’aut’ mec, lui aussi il parle. Et r’ssure l’gosse. C’bin.

J’fais tourner l’anneau sur mon pouce gauche, j’touche pas la chevalière à l’index de l’autre main.

J’cogite.

"Erikson Asbjorn." J’réponds, voix grave, j’suis d’mi géant ‘près tout.

Et p’tard. Deux p’tin de questions, j’suis pas fait pour réfléchir autant moi, pas en m’me temps quoi.

C’que j’fais là… Barbiche frotté, mais j’ai l’pensées brouillées. B’rdel c’qu’elles sont bonnes c’nanas.

"Attendr’ça nous aid’ra po." On sait tous là qu’le prof en a empoisonné plus d’un.

J’pourrais prendre le lead. Juste boarf, j’plus les poings faciles qu’les mots d’aplomb.

"Moi j’sais m’servir d’mes poings. C’tout, v’m’direz si v’z’avez b’soin." Et s’non, j’m’occuperais moi-m’me des gens louches, comme l’petite dame à talon.

Les premiers pions bougent. Il y a ceux qui parlent, ceux qui se déplacent et ceux qui font les deux. Les acteurs. Mais il y a aussi ceux qui ne font rien. Les spectateurs. Toi tu joues. Vous avez des coupables à démasquer. Des meurtriers. Qu'ils soient encore libres est une injustice que tu ne peut pas tolérer.

Tu observes l'enfant se cacher dans les bras de son père. Ce dernier tenter de le rassurer. Et de jouer de la pitié que peut susciter l'idée de blesser un être qu'on pense forcément innocent. Tes lèvres se pincent. Tu méprises cette façon de faire. Belle paternité de se servir de son fils comme d'un objet.

Un peu plus loin, une femme (Serena) qui se rapproche d'un homme (Wilford). Tu remarques sa démarche. Tu la juges provocante et indécente. Pas adapté à la situation. Pareille pour leur proximité. Peut-être parce-que tu es trop veille pour ça.

Mononoke entre en scène. Gifle l'enfant. Méthode barbare. Presque autant que celle d'Ombrage dans un univers parallèle. Cette démonstration de violence semble t’emmener ailleurs. Ton regard accroche le vide. Fixe un point que tu ne quittes plus. Jusqu'à ce que les mots de Wilford te raccroche au présent. " McGonagall." Tu affirmes ton nom, ce n'est pas une information cruciale.

La voix abimée de la photographe attire ton attention. Un instant. Avant d'être effacée par les mots bourrus d'Erikson. Tu préfères te concentrer sur ceux de celui qui avait reprit tes mots. Tu sors tes mains de ton dos. Les joints devant toi. " Si le but de l'exercice est d'obtenir des informations, interrogeons." Tu pensais que s'engager directement dans la violence vous retarderait. Plus que ça ne vous avancerait. Parce-que ça créerait des désaccords sans le moindre doute.

Ton regard se porte sur la dénommée Myeong Lee. " Pourquoi avez-vous la voix abimée ?" Il fallait bien commencer quelque part. Tu n'aimes pas l'idée de lui demander de parler si c'est douloureux pour elle. Mais ça te questionne. Alors tu demandes. Simplement.

En retard, toujours en retard. Ca lui allait bien au teint (blafard, yeux hagards). L'homme sirota un peu de sa boisson avant de s'avancer dans la pièce. Peut-être qu'il y avait encore plus de poison dans ce qu'il buvait d'ailleurs, ça ne l'étonnerait pas plus que ça. Toujours s'attendre au pire, aux meurtres en chaîne, à l'horreur qui faisait ouvrir des yeux ronds, prenait aux tripes, donnait des envie de fuite à l'autre bout de la Terre pour y élever des lamas. Et dans son regard, on voyait qu'il connaissait ça. Qu'il connaissait plein de choses. Il avait l'œil baladeur, appréciateur sur la silhouette de l'asiatique à l'appareil photo, clin d'œil un rien amusé au petit gamin jusqu'à ce que ce dernier ouvre la bouche. Le blond tressaillit, reprit une gorgée de sa boisson avant de perdre contenance. Il n'aimait pas les cris. Il n'aimait pas les vieilles non plus, elles se donnaient toujours trop d'importance même lorsqu'elles étaient fausses. Premier acte de violence -le petit garçon ne l'avait-il pas cherché ? - premières bavarderies. Il prit encore une gorgée de sa boisson avant d'élever la voix une fois que les autres en eurent fini. "Herbert Johns" se présenta-t-il, un peu nerveux avant de se diriger vers Asbjorn. Toujours se faire des potes musclés. "Bah mon gars, t'es un genre de géant toi... Le poison arrive à te faire des effets ?" Il faudrait une dose d'hippogriffe pour le mettre à terre non ? Pas comme pour un hibou.