Potion anti-flemme ingurgitée, elle a quitté les bras du loup pour aller manger. Sort du dortoir, pas le goût à discuter – se fait ombre sur les murs jusqu’à atteindre la cuisine. Ne compte pas vraiment manger, plutôt choper de quoi survivre, puis s’éloigner de la foule, du monde – de tout. Fourre ce qu’elle trouve dans le sac, petite boîte qui attire l’œil, tient ? Lunaire garde objet entre les mains tandis qu’elle fait demi-tour, direction bâtiment principal et une salle vide où avoir la paix. En chemin croise Suhail, grand, toujours. Plus sombre soudainement, moins solaire comme ses yeux à elle sont nuageux. Boîte tournoie habillement entre les doigts longs et fins. « Suhail ? Tu veux réitérer la séance potion de la dernière fois ? » Petit sourire amical, forcé, il n’y a pas de faux semblant tenu aujourd’hui, traits marqués par l’épuisement d’une hyperactivité mal contrôlée – alimentée à coup de potion revigorante.

Laisse le garçon la suivre ou non, comme la dernière fois. « Tu vas mieux ? » S’informe sur son état, souvenir que lui aussi a été léché par les flammes bleues. N’en dira ou demandera pas plus, sauf s’il veut continuer la conversation – n’a rien de plus à apporter, elle porte la honte d’avoir risquer des vies inutilement. « Tu as des nouvelles de Kitsune ? » S’inquiète de son état à elle aussi, hippogriffe ennemi qui l’a bien amochée – qui vraiment s’en est sorti sans dommage ? Tourne la tête, observe les réactions. Réfléchit la lumière finalement, sinon qui est-elle pour porter le pseudo lunaire ?

Garçon reste lumineux, dans le sourire qu’il offre et qui réchauffe un peu le cœur de douceur – de la chaleur qu’elle peut supporter, séquelle de la mission passée. Enfant n’est pas bien habillée, ne se pare que de soie depuis deux jours – seule couche n’étant pas suffisante à l’extérieur des bâtiments. Mais elle préfère encore le froid mordant. « J’imagine qu’à force d’entêtement on finira bien par s’améliorer. » Rictus complice est délicat comme les mots qui sont plus murmures que parlés. Ainsi  ils finissent tous deux par rejoindre coin tranquille – espérons le. Hochement de tête. « Uruz est certainement le meilleur d’entre nous. » Tant dans les capacités que dans les pensées – elle ne lit pas les esprits, la Lune, mais voit les émotions et leurs sincérités.

« Tant mieux. » - sincère. Alors qu’il déclare l’état d’une Kitsune qui se porte bien. Un instant de soulagement, parce qu’enfant n’a pas eu le temps de prêter attention à l’asiatique jusqu’à maintenant, parce qu’elle culpabilise toujours de lui en avoir voulu quelques centièmes de secondes durant. A son tour, Suhail prend des nouvelles des deux grands blessés. « Raidho va mieux, il est encore alité mais il devrait reprendre du service demain. » Tait le fait qu’elle revient d’une matinée en sa compagnie. « Le Mât est en vie. » Pour seuls retours qu’elle a eu. « Je crois qu’Uruz et Ortiz ont passé la journée d’hier à le soigner. Il était gravement blessé, Raidho aussi. » N’abordera pas son propre état – Astre porte les cheveux plus court, Lunaire n’a plus de marque sur la peau. Tête est lourde tout de même et les courbatures d’avoir soutenu sont toujours là – mais elle va, n’a pas le choix d’aller bien. Car c’est elle qui soigne les esprits et qu’ainsi le sien s’oublie.

« Je ne sais pas. Le Mât ne s’est pas montré depuis le retour de mission. » Doute un instant, regarde le garçon – quand a-t-il été question de débriefer déjà ? « J’imagine qu’il n’y en aura pas. Ou pas maintenant du moins. » Ce souvient encore du directeur dont l’état psychologique l’a davantage perturbée que l’odeur de la chaire brûlée. Aborde sujet qui tue. Culpabilité encore meurtrie, de ne pas avoir pu aider mieux, de ne même pas avoir été choquée de la mort sur l’instant. « Je ne sais pas non plus, je demanderais à Aurora quand je la verrais. » Mordillage de lèvre, comment pourrait-elle s’excuser encore de ne pas être allée chercher ses restes. « Je ne sais même pas si quelqu’un est allé la chercher. » Oublie les mains qui tremblent de son inutilité en effaçant des larmes indivisibles, donnant plus l’impression d’enfant s’éveillant.