Elle est en tenue de sport lorsqu'elle se pointe au réfectoire. L'heure de repas est largement dépassée, l'endroit est désert, et elle, elle crève la dalle. La course ça creuse, la louve a envi d'un casse croûte conséquent. Elle a la flemme de croiser les fripons français, alors les cuisines, c'était l'endroit parfais.
Elle commence à fouiller les placards à la recherche de l'eldorado du gouter nocturne. Elle finit par se dénicher du pain et de la charcuterie, bon cliché français considère que la pèche est bonne et s'en va rejoindre les tables du réfectoire, s'assoit sur l'une d'elle en tailleur.
L'endroit a une certaine quiétude un poil inquiétante qui ne lui déplait pas, les grand lieux désert, ça donnait l'impression qu'on dominait l'endroit autant qu'on se faisait avaler tout cru. Elle agrémente savamment son premier morceau de pain de chorizo, croque goulument.
Pourquoi Le Diable se faisait un footing nocturne en cette douce journée ? Parce qu'elle était sur les nerfs, et qu'un diable nerveux, ça dors peu. Entre l'enterrement un peu trop du feu de dieu, et l'indiscipline actuelle dans les rangs, elle ne savait plus ou donner de l'agacement. Oui il y avait des morts, oui il y avait des trahisons, oui il y avait des tensions, on était en guerre, ils s'attendaient à quoi sérieusement ? Il était assez clair que la stratégie actuelle de cohésion de l'Esperanto était défaillante, il allait falloir agir et vite. Elle était pas psychologue malheureusement, c'était pas sa came la diplomatie, elle était plutôt de ceux qui métraient de l'huile sur le feu. Elle s'abstenait cependant depuis qu'elle était ici, se faisait violence pour se montrer un minimum politiquement correcte. C'était d'autant plus chiant de voir que tout le monde ne faisait pas le même effort.
Elle rumine ses pensées en mâchant rageusement son casse croûte lorsqu'un bruit attire son attention à l'entrée du réfectoire. Les yeux font le focus et elle discerne le visage de Bacchus. Elle affiche immédiatement un sourire ravis, s'adresse à elle dans un anglais parfait. "Salut ma belle, crise d'insomnie ?"

Sweet dreams are made of this.
Peignoir en pilou blanc (passé 19h00, c'est la tenue officielle de Bacchus), pétard en bouche, la Bacchus nous offre un air guitar et un karaoké muet de la version de Marilyn Manson dans sa chambre. Madame danse et évacue le stress de la journée.
Elle est crevée, mais le sommeil refuse de toquer à sa porte. Bien sûr, c'est en se dandinant comme une Rock Star que ça va aider. Of course.
Ce fut une excellente journée. Premier cours de Technique Moldue qui s'est plutôt bien passé selon elle (on va éviter de mentionner que peut-être elle a traumatisé des recrue), le duel avec l'Amoureux qui l'a beaucoup amusée et cette putain de partie de jambes en l'air avec Jupiter. La dernière, mais ça, elle ne le sait pas.

I travel the world and the seven seas
Everybody's looking for something !

Écouteurs blancs sans fils dans les oreilles, Ipod dans une des poches profondes, Bacchus sort de son baraquement pour aller chiper un casse-dalle. Elle a pas soupé, préfère éviter les foules une fois le soir venu, et à cette heure-ci, peu de chance de croiser quelqu'un. Bacchus danse jusque dans la cuisine, chanson suivante.

Bang bang into the room (I know you want it)
Bang bang all over you (I'll let you have it)

Donne un coup de cul à la porte du frigo, burger entre les main qu'elle balance dans le micro-onde. Elle chantonne, secoue la tête. Gonflée à bloc.
Le soir, elle se sent libérée, moins dans le contrôle, moins de barrières.

TING !

Bang bang... Hachis est balancé sur une assiettes, bout des doigts sont soufflés parce que - putain - c'est chaud - sa mère. Y'a Le Diable dans le réfectoire, Bacchus lui lance un large sourire et vient se poser face à elle. "Hello jolie morue !" C'est amical, familier, Saïka apprécie Le Diable. Une des rares sans doute. Elle sort sa boite à musique. Pause. Stop. On éteint. C'pas poli.

"Nan. Le sommeil c'est surfait." D'ailleurs, elle ignore l'heure qu'il est présentement. Sait juste qu'elle a commencé son concert muet dans sa chambre aux alentours de 20h00. "J'essaie de me vider la tête, vois-tu. " déclare-t-elle en montrant son pétard à moitié fumé qu'elle pose sur la table. Faudrait prévoir des cendriers tiens. Elle lorgne sur le bout de baguette que sa copine frenchie mange, elles sont un putain de cliché et ça la fait rire.

Elle sourit en coin au surnom qui avait du apparaitre pour la première fois environ 0,5 secondes après qu'elles aient compris qu'elles s'entendraient bien, très bien. C'était assez inhabituel de la part du Diable, elle était bien plus habituée à la méfiance permanente et ne pas sympathiser en une semaine. Mais Bacchus était d'une trempe bien trop rare pour ne pas être attrapée au vol à l'instant où on la croisait. Elle avait mille défauts et zéro stabilité, un cocktail explosif qui l'amusait beaucoup.
Elle la regarde couper sa musique, demande le ton léger dans un anglais parfait "t'as la salsa du démon dans tes musiques ?" Sait t-on jamais, si une pulsion la prenait de vouloir se dandiner sur la camarade sorcière vieille moche mégère horreur malheur. Et que depuis qu'elle s'était retrouvée avec ce pseudo, se faire des playlist halloween de mauvais gout était devenu sa passion.
Elle hoche la tête à l'inutilité du sommeil, elle ne pouvait qu'être d'accord avec elle, ne se souvenait plus de la dernière fois qu'elle avait eu un sommeil régulier et pleinement réparateur. "Elle est pas déjà vide ?" elle affiche une mine profondément surprise, les yeux pleins d'une révélation. Puis croque dans son sandwich bi-ingrédient fière d'elle et de sa blague plus prévisible que l'homosexualité de Freddy Mercury.
Elle partage de rire du cliché ambulant qu'elles sont actuellement "semaine éprouvante ?"

Bacchus ne pète pas un mot de français, et heureusement que Le Diable se débrouille merveilleusement bien en anglais. Elle a un joli accent mélodieux, c'est agréable à l'oreille, presque plus agréable que les centaines de musique qui tournent en boucle sur son IPOD. "La quoi ??" Sourcils se froncent. Chanson inconnue dans son répertoire. Ca ne lui dit vraiment rien, et elle ne sait pas si Le Diable tente l'humour où si ce titre existe réellement. "Hinhinhin, très drôle" qu'elle ajoute à sa petite remarque sur sa tête vide. Okay, La Salsa du Démon, c'était une boutade. Bacchus n'a pas compris, mais c'était une boutade, non?

Si ça semaine fut éprouvante ? Oui, quand même. Entre Vulcain qui lui casse les couilles H24, ses sautes d'humeur, le climat anxiogène ... Ouais et on est que mercredi, putain. Y'a que ses cours et les recrues chez qui elle trouve un peu de réconfort. Finalement, elle commence à s'y attacher à ces futurs soldats. Et c'est agréable, ouais. "On peut dire ça, oui..." Elle croque dans son burger, sauce qui coule dans son assiette. Peut-être qu'elle pourrait se confier à Le Diable sur ses états d'âme et son "petit" soucis avec Vulcain ? Ca fait presque quatre semaine, et elle commence à en avoir gros sur le coeur, Bacchus. Puis, les interrogatoires de Lenine sont éprouvants. Ca la fatigue. Ca la désole aussi, parce qu'elle n'aime pas ce genre de méthodes. Son regard semble être figé quelques instants. Elle réfléchi avant de faire sa demande sur le ton de la rigolade. Peut-être qu'elle a la solution dans sa poche son amie.

Elle affiche simplement un sourire mutin en guise de réponse à sa perdition quand à l'identité musicale que peut être la fameuse salsa du démon. Sans doute était t-il préférable qu'elle n'ajoute pas cette musique à sa culture générale, c'était encore trop tôt pour traumatiser l'américaine avec les chefs-d'oeuvres de la variété française.
Elle l'observe patiemment, regarde les traits de son visage qui trahissent les émotions qui y passe, lassitude entre autre, et une pointe d'appréhension peut-être. Bacchus laissait toujours transparaitre l'image d'une femme fort et sûre d'elle, mais elle restait humaine et personne ne pouvait se permettre de rester inébranlable dans un contexte comme celui-ci.