Elle parle pas tout de suite. Elle est douce, elle a peut-être pas les gestes dont j'aurais eu besoin mais elle a ceux qu'il faut. Elle me croit. Elle me calme. Elle me touche, elle est chaude et elle est tout près. Sans que j'aie vraiment réfléchi ma main libre trouve sa place dans son dos, sur sa taille, à l'endroit où on dirait qu'il y a une place exprès. Elle m'envoie pas bouler, alors tout doucement je l'attire contre moi, tête sur tête. Elle est encore plus chaude. Encore plus douce.
Et tellement intelligente.
Je sais pas si c'est volontaire qu'ils l'aient pas tué, que son cœur ait encore battu. Au fond c'est vrai, ce que j'ai dit à Bakounine : l'important, c'est qu'il tue personne d'autre, Lénine, vivant ou mort.
"C'est le seul doute que je veux bien leur laisser." je murmure dans ses cheveux.
"Qu'ils aient monté une mise en scène pour... je sais même pas pourquoi." Contrairement à d'autres, je connais le concept de
besoin de connaître - je peux accepter de pas être au courant de tout, s'il y a de bonnes raisons. J'espère que c'est que ça. Que personne va essayer de me faire taire - de nous faire taire, maintenant. Peut-être que c'est elle qu'ils ont chargée de me faire taire ?
Ca voudrait dire qu'elle me surveille depuis au moins trois semaines en prévision de ce moment, c'est ridicule.
Blessé maintenant ? Quelle drôle d'idée.
"Non, ça va." je la rassure.
Bien sûr que je suis pas blessé. On m'a pas bousculé, on m'a pas lancé de sort, j'ai attrapé Raidho correctement, et il faut plus que le mépris suintant de l'autre connasse pour que je sois
blessé.
"Et toi ?" Je la relâche, je l'écarte doucement pour l'examiner.
"Tout va bien ?"