ft. @PNJ

Changement de lieu. Changement d’ambiance. Venin de musard prend rapidement un ascendant digne du rang que je lui ai donné rien qu’en cataloguant son attitude. Bien évidemment, la mettre dans ma poche ne sera pas chose facile. Tout d’abord car elle est membre de cette Arche Céleste qui est prétendument une école de surdoués – ça reste à voir d’ailleurs, passe alors cette idée dans ma tête. De plus, elle transpire la confiance en elle. Enfin, comme elle le rajoute en prenant un air de prédatrice, elle est sur son territoire, pas le mien. « Ravissant, ce territoire » je commente, un sourire acéré mordant mes lèvres. Comme si elle faisait l’effort infini que de me faire une visite de ce dit territoire. Fonce, belle créature. N’oublie pas que dans la nature, c’est la proie qui montre le chemin, et le prédateur qui la suit. Et devine, qui est en train de suivre qui en ce moment ?

Voix dure, regard glaçant, commentaire condescendant. Si seulement Venin savait qu’elle jouait à un jeu auquel j’excelle. L’Impératrice lui serait déjà rentré dedans pour lui faire fermer son caquet ; mais Mucus de Veracrasse est plus calme, plus discret, plus séducteur aussi.
Sa main sur la porte, j’imagine que ma réponse conditionnera mon entrée dans son monde, d’un point de vue physique autant que social. A entendre les rires étouffés par le bois derrière, le moment va arriver de rencontrer les autres. Ce qui veut également dire que ce sont potentiellement mes derniers instants seul avec la déléguée. Elle me jauge, attendant une réponse à ce qu'elle a pu me demander. Il me faut une réponse choc. Quelque chose qui l'intrigue, qui la stimule, qui la flatte. « J’ai peur de plein de choses » je lance alors, le visage clos. Ah tu ne t’attendais pas à ça, Venin ! Je plonge mes yeux dans les siens, réchauffant sa glace, m’humectant la langue rapidement, innocemment, comme si je n’avais pas fait exprès. « En revanche, je ne crains pas de faire les choses qui me font peur. Je n’ai pas peur de la peur. »

Je m’avance quelque peu, me rapprochant de la porte et de la venimeuse. Le bourdonnement des bruits derrière la porte se fait plus fort. Mon regard ne quitte pas le sien. « C’est bien comme ça que l’on monte au sommet non, Venin ? » Sois un venin, le mucus sera l’antidote. Sous-entendant qu’elle connaît le sommet, les hautes sphères, et que je tends à la rejoindre. Sans trop se rapprocher non plus, je ne veux pas empiéter sur son territoire. Dans ce jeu, c’est un mélange de prise de territoire et de respect de celui de l’autre. « Après vous, Madame ma déléguée. Je vous suis. »