Sans doutes que les étoiles brillent au dehors, qu'il y a un temps pour les murmures comme il y a un temps pour les actions.
Les nuits ne sont pas froides, pas encore, on pourrait simplement rester à une fenêtre et serrer contre soi des souvenirs partis comme une mère le ferait de son enfant, mais pas ici. Aucun temps n'existe pour le regret, sur l'île, seul est et sera le devoir...
Lancelot rejoint le réfectoire à l'heure dite. Ses cheveux nattés de manière lâche la font croire prête au sommeil. Elle ne dors pas puisqu'elle est là, debout, prête à accomplir son devoir.
Est-ce que cela est dérisoire, une simple ronde? Peut-être. Dérisoire, mais nécessaire. Beaucoup de choses sont nécessaires, des détails parfois petits, des actions minuscules qu'on ne prend pas au sérieux.
Les remarquer, les effectuer, cela est important. Le poids de ce que l'on fait ne peut arriver que plus tard, ne pas nous toucher nous mais toucher d'autres, cela n'en reste pas moins des conséquences. Le battement d'aile d'un papillon, disent les moldus.
Lancelot aime bien les papillons.

”Bonsoir”, salut-elle Mizuchi. ”Y allons-nous?”

Elle ne porte qu'une veste longue par dessus ce qui semble être une chemise de nuit et un pantalon malgré tout. Une apparence étrange, assez pour qu'on ne se méfie pas d'elle pour peu qu'on y prête attention. Ca, son regard souvent perdu, souvent au loin. Même entraîné, il est parfois difficile de se défaire des apparences...

C'était son idée après tout, et elle n'était pas mécontente de la voir rencontrer un tel succès. Mardi soir, Mizuchi se présenta à l'heure au rendez-vous, après une journée d'errance et de lecture. Elle avait certaines choses à l'esprit, voulait les laisser derrière elle avant de rejoindre sa collègue. Alors elle expira profondément, vérifia que sa baguette était bien calée dans ses cheveux, et atteignit le point de rendez-vous.

« Bonsoir. », fit-elle sobrement, et elles partirent, tranquillement. Le ciel était couvert, et il n'était pas impossible qu'une averse les surprenne. Mizuchi ne s'était pas changée, avait seulement enfilé d'autres chaussures, plus robustes, mais ne prête pas attention à l'accoutrement de la femme-enfant. Elle ne l'avait pas remarqué, pour tout dire.

« Je suis partie un peu brutalement, la dernière fois, je m'en excuse. Où nous étions-nous arrêtées ? » demanda-t-elle après un temps, tentant d'engager une conversation saine avec la jeune femme. Et puis, surtout, elles étaient maintenant loin des oreilles indiscrètes, et pourraient s'exprimer librement sur les sujets qui les intéressaient. Et Mizuchi avait une petite idée de ce dont elle voulait parler avec l'autre. Sujet n'ayant vraiment pas besoin de témoins.

Parler quand Lancelot ne laisse que des discussions inachevées? La femme hausse les épaules, les choses brusques ne l'effraient pas. Elle laisse son regard aller et venir aux différentes ombres, aucune ne semble menaçante. Leurs voix pourraient couvrir bien des choses, quand bien même souffles, quand bien même murmures. Une erreur pour mourir? Il y a le sang dans ses veines, il y a l'autre femme à ses côtés qui marche d'un pas égal, sait ce qu'elle veut.

”A vrai dire je ne sais plus”, consent à dire Lancelot. ”De quoi auriez-vous aimer parler?”

L'autre a une idée derrière la tête. Quant à ce que veut réellement Mizuchi, demander ou accuser, Lancelot ne sait pas. Tout ce qu'elle constate, c'est que la jeune femme n'a pas encore allumé de cigarettes. Pour le moment.
Elles avancent, pendant ce temps des recrues dorment, d'autres attendent peut-être. Leur tour viendra, plusieurs rondes ont été décidées. L'initiative de Mizuchi semble avoir rencontré un certain succès au niveau des inscriptions.
Une idée intéressante, une bonne idée.