Il commençait à le connaître, ce couloir. Longue allée sans âme, portes uniformes dont seule la forme des lettres d’or changeait. Pourquoi cette immondice lisse et vide de sens ? Pourquoi leur rappeler, chaque jour, que le monde était comme ça, qu’il fallait se battre pour avant d’espérer pouvoir le changer ? Il voulait voir de la crasse et de la rouille, de la mousse, quelque chose de vrai pour une fois. Le cœur était pourri, et on faisait semblant. Quelle belle bande de connards. Il se résigne cependant, à jouer le jeu qu’on lui impose, encore un peu. Garde sa maîtrise disciplinée dans ses pas qui résonnent dans l’allée, et s’arrête devant la porte de son instructrice. Attend quelques secondes, comme pour se forcer à reprendre contenance, n’y arrive pas vraiment. Soit. Tant pis. Sa main vient frapper trois coups secs à la porte, et il attend la voix qui l’autorise à franchir le seuil. La porte s’ouvre, soupir qui s’échappe déjà de ses lèvres crispées, il entre. Il sait que ça va péter, de toutes façons.
Il a le regard lourd et rouge de celui qui a trop vu. Les gestes vifs, les muscles tendus. «
Bonsoir. Mizuchi. » Mots hachés, pupilles qui se croisent, il maintient le contact. S’incline finalement, révérence polie, un peu trop peut-être pour ce qu’elle est. «
J’ai entendu dire que vous vouliez me parler. » Quelque chose bout dans le creux de sa voix, tension sourde qui ne demande à sortir, dangereuse. La porte se referme sans douceur, claquement qui résonne dans le couloir désert.
@Mizuchi