Bon. Bon. Bon. Y a soucis dans l'esprit. Et la flemme qui s'invite dans le corps. Et ça c'est terrible. Parce qu'elle a même plus le courage de lever ses fesses de la chaise qu'elle a trouvé après avoir quitté le cours de Mizuchi. Lune, elle veut plus rien faire tout d'un coup - sûrement qu'elle a déjà trop vagabonder d'un bout à l'autre de l'île. Et c'est dommage parce que y a la forêt là-bas au fond qui lui fait de l’œil. Mais elle se sent déjà fatiguée à l'idée d'y mettre un pieds. Là elle ferait bien la sieste aussi - histoire de rattraper un peu les heures de sommeil qui se sont perdues au détour d'une énième aventure.

Mais nan. Debout sur ses deux jambes, elle est déterminée - un petit coup de pouce d'une certaine potion ferait pas de mal. Alors hop, elle sort de la pièce et part chercher de quoi s'improviser potionniste. Ça doit se trouver dans une autre salle de classe sûrement. Du coup elle ouvre toutes les portes - sans honte aucune, il est midi, les gens doivent manger surtout. Tiens, sauf ce gars qui traine là. Suhairu ? Suhail ? Souvenir du visage dans les cours, mais surtout au réfectoire où l'astre s'était improvisée impériale - contre son gré. La mémoire qui siffle aussi qu'il n'est pas le plus investit non plus - peut-être que lui aussi aurait besoin d'un remontant naturel et pas trop risqué - pour peu qu'on ait pas raté une étape.

Alors elle se pointe sous son nez - littéralement. « Salut, ça te dit de m'aider à faire un potion ? Évidement on fait moitié-moitié à la fin. » Le sourire étoilé, qui force la douceur un peu. « C'est une potion qui donne de l'énergie et annule la paresse. » Et elle se souvient tant des ingrédients que des mouvements à faire. C'est un bon point ça déjà. « Aller viens ! » Elle est motivée rien qu'à l'idée de s'amuser de faire une potion - le genre de chose qu'elle a plus fait depuis sa sortir de Beauxbâtons.

Et s'en plus attendre, elle retrouve la salle de potion et ses richesses infinies.

Le rire discret qui s’envole – jolie pique amusante et tristement réelle. « Désolée pour ça. » Elle n’était pas elle – autre, infante de milles idées qui ne lui appartenaient pas. Lune impériale – plus éclipse qu’astre glacial. Et a un peu honte en y repensant, même si les souvenirs amusent encore un peu. Mais ils ne feront pas de potion trop risquée – elle n’a pas les capacités pour, seulement des connaissances globales et scolaires – et peut-être un peu plus en théorie comme elle s’aime à déchiffrer tous les bouquins qu’elle trouve. Et le sourire s’étend lorsque le garçon précise qu’il est avec elle.

Elle suit jusqu’au fond – vers les étagères bien garnies. Ça ça fait plaisir et ça ravi même. Les yeux pétillent un peu d’imaginer tout ce que les mains pourront faire – envie même de tester des nouveaux trucs même si le risque est tout autre que simplement se contenter de reproduire mouvements connus. « Bile de tatoue, lavande, épine de porc-épic, algue et une pincée de poudre de corne d’Éruptif. Et de la menthe poivrée si vraiment t’as besoin d’un boosteur. » Du genre trois tasses de café bien noir. Qu’elle répond lorsqu’il lui demande – mais il griffonne déjà tandis qu’elle sort le matériel et le dispose à côté du chaudron.

Puis il lui tend sa liste – les étapes les plus importantes marquées. Elle hoche la tête. « Tu permets ? » Elle demande le porte-mine enplus du parchemin. « J’ai pas de bouquin sur moi mais je connais assez bien cette potion. » Et d’ailleurs elle marque les étapes qui manquent après un léger temps de réflexion. Sûrement qu'elle a du passé des nuits mouvementées lorsqu'elle était encore à l'école. Ou qu'elle avait besoin de se motiver pour réviser les examens à venir. « Mais t’as l’air de savoir ce que tu fais aussi. » Compliment glissé – habitude sûrement que de sortir des mots positifs. Tête qui montre la négation : non, elle n’est pas potionniste, quoique la matière intéresse. Le talent réside davantage dans les sortilèges. « On commence ? » Et sans plus attendre elle débute - doser les ingrédients machinalement avant de vraiment commencer les mélanges.

Elle l’observe rire, de ceux communicatifs et qui arrivent dans la bouche sans prévenir – rit donc elle aussi, peut s’imaginer le booster de trop qui finit par rendre fou avec les mouvements incontrôlés. « Rien ne nous empêche de faire plusieurs doses. Un chaudron c’est environ dix fioles. »

Et hop, ça commence à s’activer un peu – malgré la flemme – comme remontée à bloc par la nouveauté de cette relation de camarades potionnistes qui se crée. Apprécie le rire et l’aide qu’il apporte. Elle commence sans peine à couper, décortiquer, les mouvements un peu lents encore parce qu’elle fait attention à ne pas raté la concoction, monte le feu pour que le chaudron se réchauffe, puis l’apaisera lorsqu’elle commencera les mélanges -tente de gagner un peu de temps. « Les dortoirs c’est sympa pour y mettre de l’ambiance, mais souvent, on oublie de dormir. » Référence à la scolarité, aux soirées passées à débattre de la vie ou a s’amuser de la société.

Elle sourit un peu à l’évocation des connaissances qui ont finit par éduquer un peu, parce qu’il n’y a pas meilleure façon d’apprendre qu’en observant ceux qu’on aime. Puis rit à sa réflexion. « L’île n’est pas prête, bientôt on ouvrira un commerce de potion en échange de bons points pour ce fichus classement. » Notation étrange, paradoxal dans un contexte de guerre. Ils devraient former des soldats, pas des élèves – comprenez que même pour l’esprit lunaire il y a soucis de cohérence et de logique. « Ou en échange de quelque chose de plus précieux. » Se retourne en souriant – l’air innocent qui trahit qu’elle n’a pas de mauvaises pensées, pas vraiment. « Faut investir dans l’alcool. Quand il en manquera on touchera plus gros encore. » Avec tous les alcooliques de l’Esperanto. Rit encore.

Éclat de rire parce que le garçon est amusant – parce qu’il est facile de discuter et que la simplicité semble priorité. Ça lui plaît de ne pas avoir besoin de vraiment réfléchir, seulement entretenir la sympathie habituelle même si discrétion est oubliée un peu sur le moment. Elle ne manque pas de noté tout de même la tristesse cachée entre le lèvre, le regard dirigé dans les limbes d’un passé tût. « Ça a de l’importance pour certains. » Et elle n’est personne pour remettre en cause l’utilité. « Moins pour d’autres. » Elle sait toutefois, que l’une de ses rencontres crierait le premier que c’est une perte de temps d’apprendre par cœur des leçons qui ne sauveront pas les corps. « J’imagine que ce qui compte vraiment, c’est de s’améliorer, d’apprendre, pour avoir une chance même infime de vivre un peu plus longtemps. » Mais se doute que sur un champs de bataille il faut aussi un peu prier la chance.

Sourire discret est lâché, s’attache à l’espoir qui passe. « Si l’on gagne on aura qu’à trouver un bar. » Pour fêter cette victoire, parce qu’il n’y aura pas à revenir ici, sur l’île, qui sera alors sûrement tombeau de bien des maux. Garde tout de même la suite de ses pensées pour elle, parce que c’est une réalité à laquelle elle veut s’échapper, qu’il y ait des morts et des blessés. Pour l’instant elle entretient l’invulnérable humanité, celle qui touche chaque Homme et qui fait oublier faucheuse et désespoir.