Loin – le regard que se perd vers les marais – sombres et mauvais. Le genre de paysage qui l’effraie – alors que l’inconnue souvent est synonyme de rêve. Les siens sont ternis – mais cette nuit au moins elle a dormi. D’une traite. L’attrape-rêve au dessus de son lit a du aider un peu – comme d’habitude. Superstition salvatrice. Elle observe le soleil se coucher – ou plutôt la terre tourner. Profite de ses derniers rayons et s’en amuse de ses doigts, là, à moitié couchée sur l’alcôve vitrée cocoonisée par les coussins disposés. Le lit juste en dessous – parce qu’elle voulait pouvoir voir les étoiles. Elle semble lointaine ainsi – dans une autre dimension. Limite si elle n’entonnerait une mélodie inventée – ou inconsciemment imprimée dans l’esprit embué.

Elle est là donc, fantôme et poupée – la silhouette fine mais avachie un peu, animée seulement par l’air fébrile que la lune chantonne et observe la nuit tomber – le monde changer. Ça ne semble pas trop la déranger, soir qu’elle éclaire lorsqu’elle est bien entourée – discrets conseils glissés au détour d’un chemin effacé. Bruit sourd, elle à l'air de se réveiller – sursaute un peu tandis qu’on la force à sortir de ses rêveries infinies. Et les astres nuiteux rencontre les océans d’une camarade de chambre.  Elle.

« La Lune. » Pour présentation timide et regard qui s’échappe à l’emprise de l’alliée. Parce que les retrouvailles ici sont nombreuses et que même si la silhouette était reconnue depuis l’arrivée elles n’avaient pas encore eu l’occasion de discuter. De quoi au juste ? Le sourire poli qui se mue en une neutralité banale – la lueur dans les iris qui s’efface. Se retrouver là, en face d’elle, semblait être une mauvaise blague. Mais l’enfant ne doute pas que l’évènement doit être plus douloureux pour la blonde encore. « Tu vas… bien ? » Mordillage de lèvre en prime, redoutant la réaction – karma qui amène les deux à se recroiser.

Échange de surnom – elle ne peut s’empêcher de se dire qu’elle aura quelque peine à retenir le sien – parce qu’elle ne sait pas, ne la connaît pas tant, bien que tant de mots pouvaient la décrire à l’époque. « Merci. » Choisit de prendre comme compliment ce qui n’est qu’affirmation – si astre lui va bien, c’est qu’elle y ressemble – et apprécie cette vision des choses. Donne un sourire timide, se forme au coin des lèvres, comme s’il avait peur de s’imposer. La question reste en suspend – parce que certaines évidences n’ont pas besoin de mensonges.

« Tu n’as pas à t’excuser. » L’air est doux – la voix tendre – rassure sur la condition. « Je ne t’ai pas encore vue dans cette chambre donc peut-être que tu es dans l’autre ? » Elle n’est pas certaine à vrai dire, parce qu’elle n’a fait attention à rien depuis son arrivée – trop dans la lune. Note qu’elles sont deux à avoir les esprits ailleurs. « Tu veux qu’on aille voir ensemble ? Ou tu reconnais tes affaires par ici ? » Elle questionne tout en se retournant vers le reste de la pièce – les lits qui s’y regroupent, le sien défait et sur lequel trônent nombres d’ouvrages.

« Tu... » Le besoin d’entretenir une conversation – futile, qui dévie les pensées. « Tu te fais à l’île ? » Finit bien par poser ses questions qui auront au moins l'utilité de combler un silence qui effraie – étrange, lorsqu’on sait qu’il se fait parfois meilleure réponse que les mots. « Ca ne te fait pas bizarre de retourner en cours ? »