Kitsune allait devoir apprendre à faire des nuits complètes, un jour. Mais ce jour n'était pas encore arrivé. Alors que le soleil pointait le bout de son nez, elle était déjà dans le parc, lunettes de soleil sur le nez pour cacher les ravages du sommeil sur son magnifique vidage. Elle avait revêtit sa plus belle tenue de sport, complétée par un pull pour essayer de ne pas trop se geler les miches. Alors, certes, la vision était plutôt inhabituelle. Enfin, les lunettes de soleil un matin de semaine, non, ça, ça faisait sens. Par contre, il était de notoriété publique que niveau exercice physique, Kitsune en faisait toujours le moins possible. A l'écouter, ce serait pour éviter de se casser un ongle. Dans les faits, c'était surtout parce qu'elle était relativement mauvaise dans à peu près tout ce qui impliquait l'utilisation de muscles. Or, la mission pour laquelle elle s'était portée volontaire impliquait ... de voler sur un balais. Alors, certes, elle aurait pu s'abstenir. Mais d'un autre côté, si elle avait décider d'aller explorer les entrailles d'un navire, elle aurait vomi non stop. Et aller en Pologne ? Sérieusement ? Vous la voyez en première ligne ? Bref. Il y a une chose dans laquelle elle excellait : c'était l'apprentissage. Et faire du balais, ça s'apprenait. Elle avait donc demandé à Aonyobo le prêt de deux balais, et avait envoyé un message à l'une des autres volontaires : La Lune.

Les deux jeunes-femmes ne s'étaient jamais vraiment parlé, à l'exception éventuellement du jeu du drapeau auquel elles avaient pris part la semaine précédente. Mais si elle s'était inscrite, c'était sans doute qu'elle était plus à l'aise que la nippone sur un balais, et puis, elle n'avait pas l'air bien méchante. Enfin, apprendre à connaître sa coéquipière pourrait s'avérer utile une fois en mission. Bref, Kitsune avait ravalé son orgueil et lui avait envoyé un mot pour savoir si elle était disponible pour un entraînement le mardi matin. Mieux valait s'y prendre tôt. C'était ainsi que la renarde s'était retrouvée aux premières lueurs du jour à s'entraîner (avec un succès relatif) à voler en attendant la française. Et bien sûr, Kitsune avait tout prévu : quand celle-ci arriverait, elle serait accueillie avec du café, et des pancakes. Parce que bon, l'effort, ça creuse, quand même.

Sombre – jogging large et sweet à capuche noir. Elle porte le deuil encore, de cauchemars qui se sont réalisés, de rêves égarés. Repense à la veille et l’avant veille et à ce qu’il s’est mal passé, quand est-ce qu’on a vu Shishi pour la dernière fois, quand-est-ce qu’elle a été attaquée. Et oublie un peu, tout ça, a clairement besoin de se défouler – se lève aux aurores, il fait encore nuit, Lunaire bientôt sera absente, ne reste qu’un sillon de son existence pour perforer le voile de son omniscience – filet fin de lumière qui bientôt sera remplacé par un soleil aguicheur, aveuglant. Femme-enfant s’en va courir, aurait bien profité de la présence du loup, mais il est un peu tôt encore. Elle fait des grands tours, longe le désert, puis la forêt, les montagnes, les marais. Recommence. Crache un peu parce qu’elle n’a pas la condition physique – ça fait de la peine, mais elle s’entraîne – c’est déjà ça qu’on dira.

Lueur s’en vient, avec elle un peu plus de couleur – les rougeurs marquent déjà les joues, mais contraste sûrement moins effrayant qu’auparavant. Elle se retourne à la cité, n’oublie pas qu’elle a rendez-vous avec Kitsune – ne se demande pas vraiment pourquoi la numéro un a besoin d’apprendre à voler, se dit que sûrement, elle est première parce qu’elle s’adapte plus vite que son ombre – espère pour elle du moins. Astre blanc a pu observé un peu, exubérance à peine retenue, solaire en ses ombres aussi. Elle n’a rien d’Hitodama ou de la défunte, porte bien son nom, séductrice, certainement très maline, plus qu’elle n’y paraît. S’accorde à dire qu’elles sont opposées, mais qu’en ceci pourrait résider le secret d’une bonne entente.

Au loin, silhouette parfaite se dessine, tentant déjà de commencer à s’entraîner, visiblement sans résultat probant. Ils ont des cours à Mahoutokoro ? Peut-être que ce n’est pas juste son point fort ceci dit. Lune se rapproche, doucement – presque molle, trop sûrement – si bien qu’elle ne semble pas la voir, ou l’entendre, l'asiatique. L’habitude d’être fantôme – absence nuiteuse. « Je suis là. » Qu’elle souffle, brise qui passe, ne veut pas surprendre de trop. Note du coin des azurs qu’il y a un autre balais à côté, de quoi se rassasier aussi – sourire léger, timide, remercie d’y avoir pensé alors qu’elle se ramène main dans les poches – baguette dans une et petite bouteille dans l’autre, histoire de ne pas mourir déshydratée. « Tu n’as pas eu de cours de vol, chez toi ? » Demande pour savoir s’il y a des bases ou s’il faut tout apprendre, ne perd pas vraiment de temps, prononce un debout pour faire lever celui qu’elle utilisera.

Accessoire en main, elle l’observe un peu – elle n’y connaît vraiment plus rien en matière de balais, ne reconnaît pas même le modèle. Bon, on verra avec la prise en main. « Ca fait un moment que je n’ai pas volé, mais je m’en sortais pas mal en course sur balais. » A l’époque, c’était il y a pas loin de huit ou neuf ans quand même – mais sait depuis lundi dernier qu’elle n’a pas trop perdu de ses capacités. « Tu sais comment t’envoler ? » Enjambe l’engin et commence doucement à léviter, pas plus de cinq centimètres au-dessus du sol – hop, ça prouve qu’il n’y a pas besoin d’aller bien haut pour savoir voler. Mais il y a plus importante question encore que les précédentes. « Est-ce que tu as peur ? » Parce que le travail sera double alors.

La Lune arrive. Enfin, pense Kitsune dont la patience est déjà testée. Oh, la française n'était pas responsable. Mais la renarde était de ces gens qui préfère se concentrer sur ses forces plutôt que ses faiblesses. Devoir accepter de se remettre en question lui coutait énormément, mais elle était prête à le faire, puisque c'était nécessaire. Mais pas sans café. Aussi, quand la Beauxbâton annonce sa présence, Kitsune lui adresse un signe de tête et se dirige aussitôt vers le petit déjeuners qui les attendait. Elle n'a pas faim, et refusera d'admettre que c'est en partir l'angoisse de ne pas y arriver qui est responsable. Gobelet dans une main, thermos dans l'autre, elle s'adresse à l'astre « J’ai ramené du café et des pancakes. Je bois mon café noir mais si jamais, y a du lait et du sucre dans le sac.  » Lâche-t-elle négligemment avant de porter le breuvage sombre à ses lèvres. La Lune l'interroge. Dans sa voix, pas la moindre note de jugement. Kitsune sent les muscles de ses épaules se détendre, réalisant par la même occasion qu'ils étaient tendus. « Si si, j’ai eu cours. Le Quidditch est super important dans notre école, mais c’était pas mon grand kiff.  » Elle ne rentre pas dans les détails. Pas besoin, de toute façon. Les cours de vol étaient sans doute pareil dans toutes les écoles. Au moins, Kitsune savait voler. Elle était maladroite, une fois que ses pieds ne touchaient plus le sol, manoeuvrait difficilement, et tombait rapidement. Mais elle avait les bases. Disons qu'en cas d'urgence, elle était capable d'enfourcher un balais et de se carapater rapidement. De là à arriver à destination en vie, c'était une autre paire de manche. « Je crois que j'ai surtout besoin d'une petite remise à niveau, histoire de ne pas tomber de mon balais après trois minutes.  » répond-t-elle comme pour rassurer la Lune ; cette dernière aura sans doute les compétences nécessaire pour l'aider à s'améliorer ne serait-ce qu'un peu. De toute façon, le fait de s'entraîner, même avec quelqu'un de pas trop mauvais, serait bénéfique pour Kitsune. Et avec un peu de chance, la française faisait simplement preuve de modestie.

Lorsqu'on lui demande si elle sait s'envoler, la nippone enfourche son balais, et tape le sol du bien. L'effet est immédiat ; elle quitte la terre ferme dans une grimace. Elle rejoins la sorcière à cinq mètre du sol, et hausse un sourcil à sa question. A-t-elle peur ? Kitsune jette un regard en direction du sol -- ce qu'on lui a dit de ne surtout jamais faire -- mais ne ressent rien « Je ne sais pas. J'ai pas peur du vide, en tout cas. J'ai déjà volé à dos de créatures - Abraxan et Sombral, notamment. J'ai jamais eu peur. » Explique-t-elle en réfléchissant. Pourtant, aussi loin qu'elle se souvienne, elle n'avait jamais aimé le vol sur balais. C'était encore différent du fait qu'elle n'aimait pas le sport. Par exemple, elle n'aimait pas courir, mais n'était franchement pas mauvaise. Elle n'aimait pas les sports d'équipe, mais tant qu'elle avait les deux pieds au sol, pouvait s'en sortir et préserver sa dignité. Mais les balais, c'était autre chose. Peut-être parce que c'était l'accessoire par excellence des sorcières, de cette image que Kitsune cherchait à fuir à tout prix ? Elle réprima un soupir avant de reporter son attention sur la française. « Enfin, si j'ai peur je m'en rendrai vite compte, je suppose. Mais en attendant faisons comme si je n'étais que le cliché de la nana qui déteste le sport sous toutes ses formes.  » un maigre sourire combat la fatigue pour étirer ses lèvres tandis que les lunettes de soleil camoufle un regard qui ne sourit pas du tout.

Azurs observe demoiselle se délecter de sa dose de caféine, hoche de la tête sourire discret toujours scotché pour remercier, mais elle ne se servira pas. Pas faim et sans envie, juste ici parce qu’il faut vivre pour le moment – et qu’elle a promis. Dépressive un peu, toujours mais ça va déjà mieux – à voir un soleil qui rayonne malgré les regards dissimulés. Opine du chef de nouveau à la réponse, ne juge pas comme elle n’aime pas l’être non plus – et chacun ayant ses points forts et ses points faibles, qui rassurent en une humanité imparfaite. Genre sorcier qui intrigue en ces fissures, ces domaines moins maîtrisés mais les volontés d’apprendre, les curiosités inébranlées.

Le Quidditch, c’est le sport de leur monde, il faut le pratiquer si on veut montrer qu’on en fait pleinement partie – elle le sait, l’infante joyeuse, mais ne s’y est jamais pliée, n’en a pas eu besoin. Plutôt, elle coursait, allait toujours plus vite, vent en gorge, adrénaline rythmant les mouvements. Évidement, l’activité faisait jaser – "c’est le balais qui fait tout", "c’est parce que t’avais le vent dans le dos". Elle s’en fichait, comme elle touchait les nuages. « Alors on va commencer par se remettre dans le bain. » Lèvres s’étendent encore un peu, même si une âme empathique pourrait savoir qu’elles ne sont que maquillage de sympathie pour le moment, politesse doucereuse.

Enfant s’envole, proposition muée en question de la rejoindre – ne manque pas de voir les traits qui s’étirent en un tableau peu appréciable. Demande alors, si c’est la peur qui traverse l’âme – visiblement non, comme elle ne vacille pas en regardant en bas. Puis garde la réponse en tête, la range dans un coin. « C’est le balais qui fait que tu n’es pas à l’aise ? » Est-ce qu’elle douterait des objets plus que des créatures ? Interrogation file alors qu’elle commence déjà à avancer, s’oriente vers le désert et invite Kitsune à en faire de même, lentement d’abord, parce qu’il n’y a pas à se presser, qu’avant tout il faut s’habituer à manier un outil qu’on exploite si peu à l’ordinaire.

Rire léger à l’entente des derniers mots prononcés. « Je n’en suis pas fan non plus. » Peu avide de transpirer en tout temps, d’avoir la gorge sèche ou le cœur qui bat à mille à l’heure – en temps normal. Lunaire commence tout juste à en apprécier les effets. « L’avantage du balais, finalement, c’est que tu as juste besoin de t’agripper. » Plus complexe tout de même quand il s’agit de vitesse ou de fuite, parce qu’il faut gainer les abdos, arriver à s’orienter pour aller à droite ou la gauche. « Enfin, tant que c’est une balade de santé. » Parle peu, mais suffisamment sûrement pour que l’asiatique ne se rende pas compte directement qu’elles avancent toujours plus vite – pas encore assez pour sentir les brises heurter les silhouettes, juste assez pour que les cheveux se soulèvent de temps en temps.

« Tu te débrouilles bien. » Pour quelqu’un qui disait avoir besoin d’aide au début. Complimente, parce que gone sait que des félicitations donnent plus envie que des réprimandes, n’a pas besoin de mentir en prime – alors ça lui convient. « Pourquoi avoir choisit cette mission ? » Intriguée tout de même par le choix – Numéro un qu’on aurait pu croire sur le champs de bataille dès les premiers instants, à l’effigie du Chariot, empreinte d’une volonté de s’imposer, de guerroyer. Accélère encore un peu, tente de décrypter un peu les expressions, comme les mots, mais a du mal à cause des lunettes – qui pour le moment doivent plus servir d’accessoires anti-sale gueule que de protection contre les rayons solaires.

Astre du jour qui s’élève tout de même, avec plus de ferveur – aube aux couleurs qui scintillent de poésie. La lune préfère son jumeau du soir, le crépuscule, qui annonce sa venue, mais ne se plaindra pas de la carte postale sous les yeux. « On voit les choses différemment d’en haut. » S’arrête soudainement – voir si la première peut suivre le mouvement. « Des premières remarques à faire ? » Douceur de la voix qui perce dans un silence calme – petit matin où les esprits sont encore endormis. Elle questionne ainsi, s’il y a des mouvements qui ne lui vont pas, si elle est plus à l’aise maintenant qu’elles ont un peu volé – et ensuite elles prendront sérieusement l’entraînement. Au moins histoire de s’assurer que Kitsune ne tombera pas du balais ou ne foncera pas dans le mur.

Kitsune se souvenait presque de la première fois qu’elle avait vu des sorcières sur un balais, à Mahoutokoro. Presque, car elle était vraiment jeune. Mais elle se souvient de l’échine qui lui avait parcouru la nuque. Jusque là, elle avait été à l’école avec des enfants moldus tout ce qu’il y avait de plus ordinaire, ses parents voulant l’avoir le moins possible dans les pieds. Elle n’y avait appris ni à lire ni à compter, mais elle se souvenait des terribles histoires que l’on racontait sur les sorcières, leur nez crochu, et leurs balais. Heureusement, et malgré sa rhinoplastie, Kitsune n’avait jamais eu de nez crochu. Quant aux balais, elle s’en était tenu éloignée autant que possible. Avec le recul, elle se rendait bien compte que c’était un peu ridicule, mais même à l’heure actuelle, elle avait du mal à se faire à l’idée de voyager à balais. Et tandis que les deux jeunes-femmes fendaient les airs, Kitsune ressentait encore et toujours le même malaise, les imaginant presque portant d’immondes robes noirs et éclatant d’un rire lugubre. Aussi pousse-t-elle un soupir à la question de la Lune « Je suppose oui … » il n’est bien sûr pas question de rentrer dans des explications larmoyantes. Ce n’est pas le genre de la maison. « Je suppose que malgré toutes ces années, j’ai encore du mal à me faire à l’idée qu’un simple bout de bois puisse servir de moyen de transport ». Ce n’était pas entièrement faux non plus. Et puis, pourquoi un balais ? Parce que tout le monde a un balais chez soi, lui avait déjà rétorqué un de ses professeurs. Enfin, elle avait des coussins chez elle également, et cela aurait sans doute été bien plus confortable que ce bout de bois qui requièrent le parfait niveau de contraction des fesses pour que ce soit un minimum confortable.

Kitsune suit l’astre vers le désert, les mains toujours fermement agrippées autour du bois. Elle tente de garder la face, mais la chose n’est pas aisée. L’encouragement de la française lui arrache un sourire crispé, plus poli que sincère. Mais le sourire s’évanouit rapidement lorsqu’est évoquée la mission. Un léger soupire franchit ses lèvres, et elle tente de se détendre en sentant une douleur s’emparer de ses avant-bras, se concentrant sur la réponse à dos « J’ai le mal de mer puissance dix mille, donc le bateau, c’était pas envisageable. Et je ne servirais à rien en première ligne, du coup pas la peine d’aller en Pologne. Je me suis dit que la dernière mission était la seule qui pourrait convenir, tant que je m’entraînais suffisamment avant dimanche. » Vérité pure et dure, qui provoque la fuite de son regard vers l’horizon. Elle aurait pu s’abstenir de participer, mais il en était hors de question. Elle avait un rang, une image à maintenir. Puis, elle voulait être utile. Ou au moins, essayer. Ressentir ce que cela faisait de servir des intérêts autres que les siens. « Puis je t’avoue que je suis assez curieuse de voir ce que prépare le Mât. Vous connaissez bien votre directeur ? » enchaine-t-elle sur le ton de la conversation.

Lorsque le soleil termine de se lever, la nippone est bien contente d’avoir ses lunettes vissées sur son nez. Elle ralentit, observe. Les rayons embrassent son corps et la chaleur suit. C’est agréable. Une âme plus poétique que la sienne aurait sans doute trouver des vers à déclamer pour décrire la beauté du ciel en cet instant, mais Kitsune n’est pas de ceux là. Et lorsque l’astre nocture l’interroge, elle n’a aucun mal à se détourner de la carte postale pour poser son regard sur la Lune. « Pour le moment, pas grand chose. Je suis ultra crispée, je vais finir par me faire une tendinite pour rien. Mais ça devrait partir à force d’entraînement » Parce que Kitsune ne comptait pas s’en tenir à une seule séance cette semaine. La première était avec une camarade, au cas où, mais elle comptait bien reproduire l’exercice les jours suivants. « Peut-être qu’on peut tenter … » La jeune femme aimeraient prendre de la vitesse. Au moins se prouver qu’elle en est capable. Après une inspiration, elle se concentre afin d’augmenter la cadence et dépasser la française. En espérant que rien de fâcheux n’arrive.

Jack, je vole:

Supposition – balais rend mal à l’aise. Pourquoi ? Enfant n’a-t-elle pas grandi entourée de magie ? Née-moldue elle se doute alors – comprend le point de vu, a elle-même été surprise de découvrir bon nombre de choses une fois arrivée dans le monde sorcier. « Je comprends oui. Il y a plein de chose auxquelles on ne s’habitue jamais quand on a grandi dans le monde moldu. » N’en ressasse pas plus, s’accorde toutefois à donner un peu de ses origines à elle. Pourrait énumérer tout ce dont elle a eu du mal à se faire lorsque sonna ses onze ans. A commencer pour toute cette magie qui parcourait chaque parcelle de ce monde caché. Prunelles avaient été illuminées de savoir et de rêves – époque naïvement enfantine.

Envolée lyrique, accompagnée par les premières lueurs, par un espoir nouveau. Entend la réponse qui semble étrange un peu, par l’inutilité en première ligne – a entendu dire que le classement était plus reflet des capacités globales, donc que ses lacunes devaient être – doivent l’être – comblées par des points forts exceptionnels. « Je vois. » Se trouve tout de même impressionnée par la volonté, la détermination même. « Je t’admire. Tu es courageuse et déterminée. » D’appréhender mais d’essayer tout de même, de ne pas rester les bras croiser à attendre qu’arrive le moment où l’on sera utile – mais de devenir utile pour un moment à venir. Sincérité claquante cette fois-ci, qui marque par la douceur pure.

« Je ne le connais pas bien, mais d’autres de mes camarades en sont proches. » Le Mât – vision de papi gâteau un peu beauf. « J’en sais juste suffisamment pour avoir confiance en lui – surtout dans les airs. Mais j’ai entendu dire que vous aviez déjà eu des démonstrations il y a deux semaines. » Étoile devenue filante par le bon vouloir du directeur. « Aonyobo ? » N’est pas sûr de prononcer convenablement le nom, interrogation à double sens – retourne en même temps la question. Les jeunes femmes ont l’air de se ressembler, dans leurs manières, dans les regards jetés – tout même Lune aurait plus de facilité à croire la renarde, se méfie des airs ahurit de celle qu’on lui a décrite comme auror – de ce sourire mielleux et de ses actes d’enfant gâté. Garde ses réflexions pour elle, toutefois, n’est personne pour juger ou prétendre savoir, juste à du mal à accorder confiance aux inconnus.

L’avancée est plutôt bonne, même si Kitsune a du mal à se décrisper – pour l’instant en phase d’observation, ne donne pas de conseil, attend de voir si la demoiselle saura trouver solutions à ses doutes seule ou s’il faudra aiguiller. Amorce un freinage risqué qu’elle suit très bien – bon, ce n’est pas si terrible au final. Et en prime elles ont consolation dans la beauté naturel d’un levé de soleil. Hochement de tête, signe qu’elle comprend, s’apprête à ouvrir la bouche pour donner un premier conseil mais l’asiatique va pour proposer quelque chose – et tombe. Arrêt sur image, baguette dégainée plus vite que prévu, sort fuse alors qu’elle s’élance à la rescousse. Merde – memento mori marchant tout juste, ralentit un peu la chute, sûrement pas de quoi la sauver d’une ou deux fractures, pourra peut-être la récupérer dans un état pas trop lamentable.

Accélère, accélère encore – n’aura pas le temps sûrement d’arriver avant l’embrassade contre le sol, à moins qu’elle ne ralentisse encore un peu. Bon sang Kitsune, sort la baguette et lance un sort – ou pitié, qu’une personne extérieure intervienne.

Vous avez confiance en moi ?:

L'évocation du monde moldu ne provoque pas le moindre sentiment chez Kitsune. Elle aurait bien haussé les épaules, si elle en avait la force. Oui, elle avait grandi au sein d'une famille qui ne connaissait pas la magie. Non, elle n'en gardait pas de bons souvenirs. Elle n'avait jamais vu la magie comme une fabuleuse aventure. Elle avait profondément haï ses premières années à Mahoutokoro. Alors non, les balais et autres symboles si propres à la sorcellerie ne lui plaisaient pas, et c'était le moins que l'on puisse dire. Des choses auxquelles elle ne s'habituerait effectivement jamais. Elle s'était fait à l'idée. Alors, certes, signer pour une mission qui exigeait de tenir sur un balais, c'était un peu ridicule, mais au fond elle savait que c'était un moindre mal. De toute façon, si elle devait attendre qu'on l'appelle, elle risquait d'attendre longtemps. Kitsune n'était pas un soldat. Elle n'avait rien d'un bon élément pour un champ de bataille. Pourtant, elle refusait de se tourner les pouces dans son dortoir en se contentant d'obéir à Aonyobo. Elle n'était pas la chienne de la reine des yokai. Surtout pas après ce qu'il s'était passé dimanche. Elle était arrivée trop tard, et avait dû se confronter à sa propre inutilité. Peut-être était-ce, au fond, une façon de se racheter une conscience, de se lancer tête baissée dans une mission où elle risquait de laisser des plumes. « Hm. » répond-t-elle au compliment. Ironie du sort, la renarde est mal à l'aise avec le compliment. N'a pas l'habitude d'entendre ceux-ci pour la qualifier. Mais si cela plait à l'astre de le croire, elle ne dira rien.

Kitsune prête une oreille attentive à ce que lui dit la française concernant leur directeur, mais aucune information capitale n'en ressort. Curieuse, elle se pose beaucoup de questions concernant ces entités qui sont à la tête du projet, à la tête des délégations. Le discours de Jupiter lors de l'enterrement de Shishi n'est pas encore passé. Arrogante belle gueule. Et pourtant, la japonaise, elle s'y connaissait en arrogance. Et quand la Lune lui retourne la question, un fin sourire étire ses lèvres « On se connaissait avant l'Espéranto. Je n'irais pas dire qu'on est proche, mais on a des intérêts communs. » Les deux jeunes-femmes se ressemblaient, c'était certain, mais Kitsune donnait tout de même l'impression d'en avoir un peu plus dans le ciboulot. Ce qui n'était pas compliqué en soi. Elle minaudait moins, et sa voix était plus agréable. Pour le reste, il était vrai qu'on pouvait aisément les penser coulées dans le même moule. La renarde s'en moquait. Elle avait parfaitement conscience que sa directrice jouait un rôle, elle aussi. Et elle le jouait plutôt bien.

Alors. Déjà. Pour commencer. Kitsune allait clairement passer par le bureau du Mât pour lui demander de troquer le balais contre un sombral. Ou contre n'importe quoi d'autre qui volait. Ensuite, elle n'avait pas vraiment envie de mourir comme ça. Mais au fur et à mesure que le sol se rapproche, Kitsune se fait à l'idée. Puis, la chute semble ralentir un instant. Un bref instant. Suffisamment pour lui permettre de dégainer sa baguette et de lancer un sort protéiforme sur le sol. Il lui faudra cependant attendre l'impact pour savoir s'il avait fonctionné. Lorsque celui-ci se produit, elle ne peut retenir un cri de douleur tandis que son corps s'enfonce dans le sol, et que sa peau se frotte contre une matière caoutchouteuse. Réflexe de survie, elle s'était protégé le visage avec ses bras, ce qui n'empêcha pas ses mains de brûler dû au frottement. Au moins, elle n'a rien de grave. Dans une grimace, elle se relève et fait signe à la Lune qu'elle va bien. Son balais, en revanche, elle n'a aucune idée d'où il est.

Spoiler:

Demoiselles ne semblent pas vraiment compatibles malgré les efforts – ça n’étonne pas, elles partagent des points en communs et des différences, comme tout à chacun, mais les esprits sont trop ailleurs pour l’une et épuisé pour l’autre – la conversation pourtant est maintenue, n’a pas de mal à avancer, sans qu’il n’y ait besoin de forcé, sans que vraiment elles aient besoin de feinter. C’est reposant, de ne pas avoir besoin de plaire, ou de chercher à l’être – pour l’astre, de ne pas avoir à réfléchir une lumière qui ici se trouve fébrile, lointaine. Note pourtant que les compliments laissent pantoise l’asiatique – s’interroge sur la raison, gêne plus probable d’entre-toute, en comprend qu’elle doit faire plus attention alors, parce qu’elle ne veut pas induire du malaise chez les personnes qu’elle côtoie – se fera pudique et les sortira de manière plus avisée.

Sujet dévie alors sur leurs directeurs respectifs – Lune ne pouvant apporter grand-chose de plus que ce qui a déjà été vu ou entendu : les difficultés du Mât à parler en face d’un public mais ses habilités inégalées en vol. N’est pas très proche de lui même si elle apprécie le bonhomme – sait que d’autres donneraient leur vie pour sa cause, celle de la résistance, globalement raison de leur présence ici. Française un peu à part parmi ses semblables mais s’adaptant parfaitement à cette nouvelle vie toutefois dangereuse. Directeurs qui toujours interrogent, projets qui semblent dûment réfléchis sur papiers mais qui en pratique laisse sceptique, dotés de failles qu’elle ne comprend pas encore parfaitement. Et elle acquiesce à la réponse de la renarde. « Par le métier ? » Renchérit, par curiosité – savoir si Kitsune et Aonyobo étaient collègues sur le front, comme on lui a appris que le serpent était auror avant ça. Note ceci dit qu’elles se sont côtoyées, semblent alliées aussi. Et avec le recul, comprendra un jour que c’est un bon choix que d’avoir une personne haut placée comme associée.

N’a pas bien le temps de penser à autre chose que la demoiselle tombe, tombe encore malgré le sortilège lancé – qui lui permet quand même de lancer son propre sort et de ne pas s’étaler comme une crêpe. En vie, c’est déjà ça – redresse le balais avant d’imiter asiatique, atterrit juste à côté. « Tu t’es fait mal quelque part ? » Voix monotone qui trahit inquiétude dans l’essoufflement – azurs détaillent silhouette et blessure – lance en prime un sort qui ne marche pas en tentant de soigner les ecchymoses apparentes. « On devrait aller à l’infirmerie pour s’assurer que tu n’as rien. » Même en protégeant la tête comme elle l’a fait – très bon réflexe de survie – on est pas à l’abri d’un trauma crânien. Regarde les alentours pour trouver le deuxième balais toutefois, parce qu’il serait bête de l’oublier ici – et qu’elle ne veut pas qu’il y ait des répercussions en prime – le voit au loin et l’attire d’un accio – tiens, au moins un sort qu’elle maîtrise. « Tu peux marcher ? » Parce que dans l’esprit il n’est plus question d’utiliser le balais – et quand elle montera dessus encore s’assurera de ne pas s’élever à plus d’un mètre du sol.

Dé:

L'astre est curieux. Cela ferait presque sourire la renarde si seulement elle avait les pattes posées au sol. Elle a beau essayé, elle ne parvient pas à se détendre. Elle essaie de se concentrer sur le mots, sur la conversation. Allez, un petit effort Kitsune, ce n'est pourtant pas si compliqué " Non, on a pas du tout le même métier. Je suis dans la technomagie. Mais on s'est rencontré lors d'événements mondains ... un tout autre contexte, ça fait bizarre de la revoir ici. " Elle revoyait les prunelles froides de sa directrice, sa posture militaire lors de la mort de Shishi. Sa façon de réagir, froide et calculatrice. Elle se souvint du profond malaise qu'elle avait ressenti alors qu'ils étaient réunis autour du corps de leur camarade, tous ces traits qui se révélaient chez Aonyobo et qui inquiétait sa recrue. " Tu as confiance en ton directeur ? " la question lui échappe, brulante, trahissant un sentiment de doute et d'inquiétude. Qu'importe. Elle était curieuse, elle aussi.

Ce dont elle n'était pas curieuse, c'était de goûter la terre qui se trouver sous elle. C'était pourtant ce à quoi elle s'était appliqué. Rapidement rejointe par la Lune, Kitsune se relève. Titube dans un premier temps, une grimace aux lèvres. Elle ne veut pas l'inquiéter, essayer de plaquer à nouveau sur son visage l'expression ferme et assuré qu'on lui connait si bien. Compliqué après une telle chute. Mais l'inquiétude est palpable dans la voix essoufflement " Plus de peur que de mal, ne t'en fais pas " un sort qui échoue, et Kitsune qui secoue doucement la tête. Elle ne cherche même pas à soigner ses blessures, mauvaise médic. " Eh, Lune, ça va " la rassure-t-elle une deuxième fois alors qu'elle parle d'aller à l'infirmerie. Est-elle capable de marcher ? Excellente question. Kitsune, persuadée que oui avance, lorsqu'une douleur lui lance dans le genou pour la clouer au sol. Ok. Bon. Zut. La douleur lui arrache un glapissement pendant qu'elle retombe au sol. " Ok, laisse-moi peut-être cinq minutes et je devrais pouvoir marcher " larme au coin de l'oeil qu'elle tente d'ignorer. Bien joué Kitsune, tu t'es vraiment surpassée cette fois. Un soupir franchit ses lèvres tandis qu'elle passe une main dans ses cheveux à moitié défaits sous l'effet de la chute. " Je suppose que je vais devoir m'entraîner davantage avant dimanche, ça va être compliqué de vous suivre sinon " corps qui s'étale au sol, regard rivé sous le ciel qui s'éveille, en attendant que passe la douleur dans son genou. Mais quelle idée de merde elle avait eu là. Bien sûr, elle pourrait aller voir Le Mât et lui demander de la retirer de la mission. On n'était que mardi. Il aurait le temps de lui trouver un ou une remplaçante assez facilement. Mais l'idée n'était pas envisageable. Une défaite n'était pas envisageable. " Bon. Tu peux m'aider à me relever s'il te plait ? Histoire de voir si j'ai plus de succès cette fois-ci... "

Curiosité est rassasiée par les mots de la renarde – soirées mondaines ça leur ressemblait assez, elles ont toutes les deux cette classe qui fascine ou répugne, l’attitude de ceux qui ont percé dans la cours des grands. Technomagie ça lui ne lui inspire pas grand-chose de son côté, sinon qu’elle l’a déjà vu avec, euh téléphone robot entre les mains ? Pas trop son truc à Lune, elle préfère les bonnes vieilles méthodes même si elle admet que son ordinateur et le web sorcier l’ont souvent sortie de merdier sans nom lors de thèses et recherches. « Ca manque un peu, ici, la technologie. » Est par contre de cet avis, parce qu’il serait bien plus facile s’ils avaient tous accès à leur téléphone, même si ce serait risquer d’être piraté et de communiquer des informations à l’ennemi – outch ça commence à faire mal à la tête, mieux vaut qu’elle n’y pense pas trop et se concentre sur la question qui suit.

Réfléchis un moment. « Oui. » Elle l’avait dit à l’Impératrice, le pensait aussi, alors finit par avouer. « J’ai confiance en lui. Mais c’est un choix peu objectif. J’ai choisit d’avoir confiance parce que je savais que si je ne le faisais pas je psychoterais à tout bout de champs. Ce n’est pas facile, surtout depuis que c’est officiel qu’il y a des traîtres sur l’île, mais ça m’évite pour le moment un stress supplémentaire, de savoir que je peux avoir confiance en mon directeur, et plus largement en ma délégation. » Mais ne doute pas toutefois, qu’elle à moins à ce soucier de sa famille que d’autres des leurs. « Ce n’est pas ton cas ? » L’interrogation à l’aura d’affirmation – sent le trouble à côté, outre que cette histoire de pas à l’aise en vol.

Kitsune finit par tomber, elle se montre inutile tant pour la rattraper que pour la soigner. Décidément, depuis le début de la semaine ne sert à rien – rien de rien. « Eh, Lune, ça va. » Voix étrangement douce et rassurante – ne lui connaissait pas cet attrait mais s’en trouve agréablement surprise, confortée aussi dans l’idée que l’asiatique n’est pas une mauvaise personne. Elle tente alors de se relever – mais retombe visiblement genoux atteint, elle tente de la rattraper. « Prends ton temps. » Ton est calme de nouveau, Kitsune décidera d’elle même ce qu’elle veut faire. Baguette toujours en main, il serait peut-être bien de créer une attelle autour de la jambe histoire de la supporter et surtout de la bloquer – il s’avérerait pas de s’abîmer davantage.

« Tu auras le temps de t’améliorer d’ici là – mais il faudra cette fois s’entraîner un peu moins haut je suppose. » Petit sourire désolé et responsable – ouais, elle aurait dû commencé à un mètre du sol plutôt que cinq. Agite la baguette alors pour lancer son ferula mais de nouveau rien ne se passe. Ne grommèle pas, garde son calme, stoïque. Enfant ne doit pas être dans l’état d’esprit pour réussir ses sortilèges. Lunaire passe le bras autour de la taille de la japonaise – suppose-t-elle – et propose ainsi son appuie quand demoiselle demande son aide. « Hésite pas à prendre appuie. » Française est plus solide qu’elle n’y paraît. « Et on y va doucement. » Avise le pieds, observe si elle peut le poser avant de demander. « Tu peux poser le pieds ou ça fait trop mal ? » Espère que ce n’est pas casser, ou une entorse, ou une rupture des ligaments – ça serrait l’horreur. « Tu es certaine de ne pas vouloir aller à l’infirmerie ? »

Acciote alors les deux balais – ça elle y arrive étrangement, tiens donc. « Ca ne risque pas de te plaire, mais avec une jambe blessée tu dois toujours pouvoir monter sur un balais. Et on atteindrait rapidement l’infirmerie. » Seule proposition, tendresse toujours de rigueur – et ainsi jauge un peu plus l’asiatique – a-t-elle la force émotionnelle suffisante pour remonter tout de suite après être tombée ?

Dé: