La plus belle morue du monde fini par faire son apparition dans la salle des profs. Sourire complice lui est lancé pendant qu'elle se concentre sur ses cartes. Les genoux d'Ortiz sont hyper confortables. Est-ce qu'elle allait refuser qu'un type comme lui l'invite à s'assoir sur ses jambes ? Pas du tout. Mal connaître la brune et ses principes libérés.
So gurl, on est en 2020, femme fait ce qu'elle veut de son corps. Be a fucking Queen.

Bon ok. Elle perd la première manche, mais c'est à cause de Le Diable. Faut pas entrer comme ça, hein. Bacchus, elle est pas concentrée. Elle passe plus de temps à lancer des coups d'oeil puérils à sa copine en se mordant la lèvre. Bacchus se met même à glousser par moments.
Chelou.

Wunjo gagne, Ortiz doit répondre à la question. Pas besoin de se retourner pour observer ses traits, doigt qui pointe chacunes et chacun dans son ordre chronologique. Elle bat les cartes et distribue. "Il ment pas" qu'elle déclare soudain avec ennui.
Cette question était nulle. Voilà.
Elle, elle voulait du croustillant.

"On suit ! " qu'elle déclare en découvrant ses cartes. Allez let's go, roud II.

Elle envoie son plus beau clin d'oeil aguicheur à Ortiz alors qu'elle tire sur la cigarette, obtempèrent moyennement pour la distance puisqu'elle profite de la flasque proposée pour gouter l'alcool, toujours de qualité, d'Ortiz, le gratifie d'un à ta santé russe "Za tvoye zdorov'ye"
Elle sort son plus beau regard méprisant à la blague - ou du moins il lui semblait que s'en était une - de Wunjo. Et puis ce sourire putain, il avait pas des crampes à force de se la jouer sourire colgate h24 ?
Puis elle envoie un baiser du bout des lèvres dans l'air à Bacchus, sa fidèle comparse et actuelle camarade de jeux d'Ortiz il semblerait, et d'après ce que Wunjo ne manque pas de confirmer, ajoutant au passage qu'il a gagné, qu'ils ont perdu "j'ai des yeux chéri, j'ai vu" le ton dédaigneux malgré le surnom affectueux.
Elle tire tout de même la chaise la plus proche d'elle pour s'installer autour de la table, devant les deux cartes qui lui ont été distribuées, clope au bec, elle avise ses cartes rapidement.
Wunjo pose sa question et Ortiz après intense réflexion répond. Sourire complice est renvoyé lorsqu'il la désigne du doigt, quel homme de goût. On notera que les femmes dominent clairement le classement. Et la petite cerise sur gâteau, Vulcain est dernier. Sheh.
La nouvelle partie commence, trois première cartes posées, puis la quatrième, elle a un brelan de 10, c'est pas une mauvaise main mais à la cinquième carte elle se fait coiffer au poteau par meilleur qu'elle, il y a pire, au moins c'est pas la dernière et elle aura pas à se plier à la question.

Le Diable s’installait avec eux, pas sans piquer Wunjo au passage. Ne pouvait-elle pas au moins être polie, éviter d’être désagréable juste pour le principe ? Visiblement non.
Il laissa la chose passer, comme d’habitude.

Mais il ne laissait pas passer la réponse d’Ortiz à sa question. Elle n’était pas nulle, la question, elle était très utile au contraire. De qui fallait-il se méfier autour de cette table. La réponse était, finalement, peu surprenante. Le Diable. Elle était ce qu’elle était, après-tout. Au moins, Wunjo et Ortiz étaient d’accord là-dessus. Les autres, Wunjo avait au moins réussi à les approcher, à les connaître, à briser la glace. Ils l’intéressaient un peu moins. Sauf Vulcain, en dernier. Le pauvre. Pour sa défense, tous les professeurs n’étaient pas ici avec eux, le classement pourrait être très différent si tous étaient là.

Peut-être trop occupé à réfléchir, ou à bailler, ou à compter les cartes pour véritablement jouer, ce fut à son tour de se coucher le premier. Vulcain posa sa question.

« Savonnable ? » repris Wunjo, inquiet que le sortilège de traduction leur fasse soudainement défaut. Mais de toute évidence, non.
Le regard de Wunjo se figea, il réfléchissait. Ses yeux parcouraient l’auditoire de gauche à droite, de droite à gauche. Il hésitait. Ce n’était pas facile comme question. Il y avait ce qu’il voulait véritablement répondre, ce qu’il était trop tôt pour dire, ce qu’il oserait raconter, et la menace d’une legilimens. Et le collègue exigeait à la fois liste et justifications.

Qu’il était gêné, Wunjo. Il n’était pas habitué aux soirées dont les conversations pouvaient prendre cette tournure, il était pudique, il était finlandais. Il réflechissait, réunissant à nouveau les cartes pour les mélanger.

« Bah… Rien de personnel hein, désolé, mais je suis bien obligé de dire Lancelot, Mizuchi et Bacchus, parce que… bah… » D’un geste circulaire de la main, il désignait l’ensemble de son entourage, constitué de ces trois femmes, puis d’hommes. Puis du Diable mais fallait pas déconner.

« Et peut-être Ortiz, en fait, pour- juste pour voir jusqu’où vont ses tatouages, » corrigeait-il, le sourire plein de gène. Il se tentait à l'humour pour essayer de détendre une atmosphère dans laquelle il n'y avait bien que lui qui était tendu.

Une fois, pas deux, il fallait qu’il se concentre davantage. C’était trop gênant, ce jeu. Il redistribua les cartes.

Mizuchi n'était pas une grande joueuse de poker, mais elle avait quelques bases, et une bonne mémoire. Les deux premiers tours lui avaient donné un jeu passable qui l'avaient laissée hors des drames et des vérités. Mais elle n'en loupait pas une miette, silencieuse et souriante.

Elle adressa un clin d'oeil à Ortiz quand il la désigna après le Diable, qu'elle n'aurait peut-être pas mise en haut de la liste, mais certainement pas trop loin non plus. Elle ne la connaissait pas assez. Et la réponse de Wunjo la fit ricaner, pour quelque obscure raison. Il était attendrissant, le scandinave. Mizu s'amusait beaucoup. En silence peut-être, mais définitivement extatique.

Enfin le jeu providentiel arriva. Elle misa, attendit prudemment, son sourire énigmatique indécrochable depuis le début de la partie. Puis la dernière carte du croupier se révéla, et elle posa son jeu, triomphante. Quinte flush.

« Le Diable ! » fit-elle, toute de guimauve et d'accent français irréprochable. Elle réfléchit un quart de seconde. Des questions indécentes couraient dans son esprit ; elle n'avait aucun scrupule. En saisit une au vol, la laissa basculer dans la réalité, comme si elle lui demandait de passer le sel. « Quelle est la chose la plus humiliante que tu aies faite pour de l'argent ? »

C'était bien sympa de nourrir les gossip au sein de l'équipe, mais Mizu n'était pas de ce genre. Elle visait ad feminem, un air indolent sur le visage. Peut-être qu'elle le paierait plus tard, mais le jeu était le jeu. Right ?

A peine arrivée, déjà perdante. Elle affiche une moue boudeuse lorsqu'elle rabat ses cartes et constate sa défaite. La sirène dégaine une quinte flush, parce que pourquoi se contenter d'une simple victoire quand on peut en avoir une écrasante ? Elle la gratifie de son plus bel accent français lorsqu'elle attire son attention en chantonnant presque son pseudonyme. Elle s'attend à des questions du même accabit que les précédentes, mais Mizuchi choisis de taper dans le plus personnel. Le Diable se fige un instant, une image qui flash dans son esprit avec puissance. Mais elle se rappelle vite à l'ordre, les yeux qui se posent sur Bacchus, légilimens. Elle a forcément vu.
Elle prend un moment, pensive "Indigne serait plus adapté comme vocabulaire qu'humiliant." Yeux qui se rivent à Bacchus à nouveau, c'est le jeux. "Il y a cette fois, ou j'ai kidnappé une petite fille. C'était pas une promenade de santé qu'elle a vécu." Elle ne donne pas plus de détails, parce qu'elle n'a pas envie, et parce que ça ne les regardes pas.
Tour suivant le sort s'inverse, elle gagne la manche et Mizuchi est celle qui doit être questionnée. L'occasion de renvoyer la politesse. "Mizuchi" sourire mutin, elle ce qui l'intéresse c'est les secrets "Donne nous le plus grave secret que tu connaisses chez les élèves, et par grave j'entend selon les critères de l'Esperanto, pas les tiens. Mais tu n'as pas besoins de dire à quel élève il appartient."

La réponse française agrandit le sourire de Mizuchi, qui n'en attendait pas tant. Gaspard de la Nuit était à la hauteur de sa réputation, et elle se promit de lui proposer un café, un de ces jours. Discuter de la vie, de la mort, des enfers de ce monde.

Le jeu étant ce qu'il était, dame qui avait tout un instant perdait tout au suivant. Sans démordre de sa calme indolence, elle posa ses cartes et fixa la diablesse. Réfléchit un instant. Comment choisir ? L'une ou l'autre chose, finalement, cela l'importait peu.