Tasse de café moyennement bon dans la main, mais presque vide malgré tout, Wunjo avançait, déterminé. Il avait été chercher au sous-sol, chez les Beauxbâtons, dans la salle des professeurs, elle était finalement dans le parc. Comme la dernière fois.

« @Le Diable. »

Il était loin le temps de sourires avec celle-là. Elle ne méritait ni politesse, ni respect. Elle était un animal qui ne comprenait que la violence, que des rapports de soumission. Elle était une bête folle et dangereuse, ni éduquée ni rationnelle, qui prendrait Wunjo de haut tant qu’il ne lui aurait pas rendu la monnaie de sa pièce. Elle était un danger pour lui et pour ce à quoi il tenait. Il devait lui faire comprendre qu’on ne pouvait pas s’en prendre si facilement à lui, et parlant son langage, celui de la violence.

« Je veux une revanche. Cette fois, selon mes règles. »

Même la pluie ne saurait garder le diable entre quatre murs, aussi en cette charmante matinée, elle était assise en tailleur sur l'herbe, à l'arrière des serres, petit coin routinier lorsqu'elle voulait rester tranquillement dehors, seule.
Mais c'était sans compter sur le plus gros fragile de la cité qui aimait décidément sacrement venir l'arracher à son nid douillet.
Elle l'observe, silencieuse un instant se demandant si il était con ou maso lorsqu'il réclame une revanche. Elle hausse un sourcil, sourire méprisant sur les lèvres. Puis elle décide de se lever, parce qu'elle respecte le concept de second round, surtout lorsqu'on s'était fait démolir la première fois. "Aller" qu'elle répond simplement "tu veux faire ça où ? Méthode magique ou moldu ? Avec ou sans témoins ?" Sa revanche, ses règles.

Rien qu'un haussement de sourcil et un sourire avaient suffit à faire bouillonner Wunjo. C'était quand même fou, la capacité qu'on avait - qu'il avait - à prendre quelqu'un en grippe. Pourtant, il en fallait pour qu'il déteste profondément quelqu'un. Enfin, selon lui, il en fallait.

« Au sous-sol, rien que nous deux. A la méthode que tu veux. A la baguette, et avec tes armes. »


« Dans une heure. »
Il n'attendait rien de sa part qu'un signe d'accord, n'importe lequel et il repartait comme il était venu. Il finissait d'une traite le café qui gisait au fond de sa tasse et partait au dortoir des Durmstrang se changer.

Une heure plus tard, comme prévu, il était au sous-sol. Jean, tee-shirt Slipknot au logo blanc et délavé. Seul, adossé contre le même bureau que la dernière fois, cette fois la baguette en main. Cette fois il ne la lâcherait pas. Il attendait qu'elle arrive, tapant du pied sur le sol. Il ne voulait qu'en finir, bien que cette fois, c'était lui le responsable.

Elle pourrait presque voir la fumée sortir de ses oreilles. Il rage le poussin, il veut perdre des plumes. Elle se retient de rire, moyennement chaude pour qu'il nous ponde un oeuf sur place.

Elle hoche la tête en guise d'accord et le regarde s'en aller avec autant de tension dramatique qu'un hamster asthmatique. Bon, bah une heure à tuer.

***

Elle se pointe au sous-sol dans la même tenue, elle avait juste attendu à la serre l'heure du duel. Wunjo se tient en face à quelques mètres, baguette fermement en main. Jolies mains.
Elle prend pas la peine d'user de politesse comme lui à leur dernière entrevue, elle dégaine Molly et tire une balle en direction de la main qui tient la fameuse baguette. Un centimètre trop haut cependant, ça frôle, mais le touche pas.
"oups."

Spoiler:

Pas de politesse, pas de règles, pas de fair-play ; rien qu'une gamine qui ne sait pas jouer franco. Quand ce n'est pas elle qui impose les règles en sa faveur, elle fait en sorte de déséquilibrer le jeu. Wunjo l'a vu lever son arme, il a brandi sa baguette. Un protego au bon moment, qui fait dévier la balle juste assez pour qu'elle aille se ficher dans le mur derrière lui. Il avance d'un pas, baguette en avant, sortilège informulé à l'éclat orange distinctif qui en sort.

Expelliarmus:

Spoiler:

Le sort rate, la sorcière est distraite dans son incantation. Et à raison. C'est un directeur qui rentre, visiblement mécontent de voir des individus se servir du sous-sol de la manière prévue. Il était fait pour s'entraîner, non ?
Et d'un point de vue extérieur, c'est exactement ce qu'ils faisaient... Non ?

Grosse patte qui se fiche dans sa nuque, que c'est désagréable, gênant. Wunjo se libère tandis que la jeune femme parle.

« Tout-à-fait. On ne dirait pas; mais ça demande de la préparation, ce genre de cours si on veut apprendre efficacement aux recrues. Et Merlin sait que certaines d'entre elles en ont besoin. » En parlant, il replaçait son tee-shirt correctement.

Regardez-les, mentir à l'unisson comme les deux enfants puérils qu'ils étaient. Mais même dans ce mensonge, ils n'étaient pas d'accord. Wunjo n'avait pas envie qu'Arthur reste, non. En même temps, elle avait qu'à se servir de sa baguette au lieu de tirer à l'arme à feu dans un sous-sol. Tout ce bouquant qu'elle avait fait, c'était normal d'avoir attiré son attention.

Il semblerait qu'on ne lui fasse pas à l'envers au british. Faut dire qu'avec les tempéraments qu'il devait gérer dans sa propre délégation, il était plus que rôdé à l'exercice. La diablesse laisse échapper un soupire, autant la jouer honnête et voir si ça passe ou ça casse.
"C'est ma faute. Comme je pouvais pas le blairer et qu'il avait attaqué l'un de mes comparses je lui ait proposé un duel à main nu la semaine dernière pour régler ça." Elle s'approche du directeur, la voix qui se fait plus suave, les charmes de vélane exploités "Et comme il s'est prit une raclée il réclame une revanche. Et c'est son droit, non ?" Elle passe sa main dans ses mèches, replace la crinière élégamment "De mon point de vue, il vaut mieux que je subisses un duel de ce genre plutôt que me prendre une attaque dans le dos un beau jour." Oui, subisse, Le Diable se plaçait en victime le plus tranquillement du monde après avoir admis avoir tabassé son fameux bourreau la semaine d'avant.

Si on continue à te gonfler ? Excuse-moi, mais qui est venu déranger qui, là ? On t'a rien demandé, que je sache.

Il ne manquait pas de culot, celui-là. Il venait râler, les prendre de haut, sans invitation. Il leur parlait de cohésion, leur faisait comprendre que ce serait bien de s'entendre, mais venait jeter de l'huile sur le feu et retourner le couteau dans la plaie. S'il voulait de la cohésion, qu'il les laisse régler leurs comptes pour qu'on puisse arrêter d'en parler.

Et en plus il avait le culot de venir les engueuler parce qu'ils se battaient, alors que c'était quand même leur boulot. Tout ce qu'il voyait c'était deux professeurs en plein combat. Et ils étaient professeurs de quoi ? Bah ouais, de combat. Excusez-nous Môsieur Arthur, de faire notre travail, de faire ce pour quoi on est venus sur cette île. Parce que contrairement à vous on n'est pas des êtres semi-transparents intangibles et sans mission précise, qui n'a rien de mieux à faire que de errer sans but dans les couloirs au petit matin. Sale péquenaud alcoolo, va.

...

Oui, c'était entièrement de la mauvaise fois, mais ça c'était le cadet des soucis de Wunjo. Alors il allait prendre la parole, une fois encore prêt à dire des choses qu'il allait regretter, mais on lui coupa l'herbe sous le pied.

Il écoutait les explications du démon, pris de court mais bien forcé d'être d'accord avec ce qu'elle racontait - au début au moins. Et elle acceptait la faute, en partie, Wunjo en est surpris. Il ne s'attendait pas à cela de sa part.
Coup bas quand elle insinuait qu'une telle trahison serait possible de la part du professeur, elle était là l'embrouille, c'était là qu'on la reconnaissait la diablesse.
Mais s'ils voulaient se débarrasser du directeur, il allait falloir suivre.

« Et du mien il vaut mieux régler ses comptes une bonne fois pour toute plutôt que de laisser le doute planner sur ses intentions vis-à-vis des autres. »
Parce que finalement, la méthode barbare et violente du Diable, elle avait peut-être ses bons côtés.
Par Merlin ce que ça faisait mal à admettre, putain