La douleur lancinante du sortilège maudit était encore là, agitant tout son corps, faisant écho à la brûlure de sa jambe, aux marques qui maculaient ses bras. La douleur était différente, indescriptible, bien pire.
Wunjo était presque surpris que son sortilège ait fonctionné. C'était l'instinct qui avait agité son poignet, sa baguette, ses lèvres. Et face à lui, la femme s'effondra dans une marre de son propre sang.

Il la regardait perdre en vivacité, en ténacité, en dignité, sans baisser sa baguette. Face à elle, il s'attendait à tout. Il pourrait tout finir, l'achever au moins temporairement, lui prouver qu'il ne plaisantait plus avec elle. Qu'il l'avait ménagée un temps, qu'il avait essayé de la comprendre, de parler son langage même s'il était celui de la violence, mais que cela n'avait pu durer éternellement.
Surtout, il ne pouvait tolérer qu'un être aussi dangereux qu'elle puisse arpenter les mêmes couloirs que lui tout en considérant qu'il était possible de le malmener ainsi, sans craindre quelques conséquences que ce soit. Elle savait ce qui l'attendait si elle revenait à la charge contre lui.

Elle utilise ce qu'il lui reste d'énergie pour se soigner, pour se sauver, comme si elle considérait que Wunjo était capable de la laisser mourir sur ce sol. Etait-elle si sauvage qu'elle considérait tous les autres aussi bas qu'elle ?

Il faut attendre que la diablesse se moque à nouveau de lui et se rallonge pour que Wunjo enfin abaisse sa baguette.
« Et toi t'es enfin à ta place, répond-t-il, amer. Je t'envoie Ortiz. »
Et sans un mot de plus, il transplana.

Dans un craquement sonore, il apparaissait à l'étage du dessus, face à la porte de l'infirmerie. Il expira longuement, sentant ses nerfs enfin se détendre. Il rangea sa baguette dans son fourreau et toqua 3 fois à la porte de l'infirmerie.