Du mouvement dans l’hémicycle. Une petite silhouette s’y affairait, déplaçant du bout de sa baguette un bric à brac étrange, fredonnant pour elle-même. Elle portait un square pants et une chemise en coton, semblait boire à sa gourde toutes les trois minutes – la matinée s’annonçait torride. Un geste, et quelques miroirs en pied s’alignaient sur la gauche. Un autre, et une malle emplie d’un étrange assortiment d’objets parfaitement anodins se referma gentiment et alla prendre ses positions au fond de l’estrade. Des mannequins, des livres, un tableau, une fontaine d’eau claire pour que tout le monde s’hydrate correctement sous le soleil qui montait. Une fois ce court travail achevé, Mizuchi s’installa au bord de l’estrade, face aux gradins, et ouvrit un livre en attendant ses élèves.

Ils ne tardèrent pas. Quelques-un.es, en avance, quelques-un.es, un tout petit peu en retard. La majorité à l’heure dite – 9h30. Installés plus ou moins haut, surplombant plus ou moins la scène. La Coréenne se leva deux minutes après le début supposé du cours, quand plus personne ne semblait devoir les rejoindre. Elle reconnaissait la majorité des visages qui lui faisaient face. A travers leurs dossiers, minutieusement parcourus et mémorisés, ou plus simplement via leurs formulaires d’inscription. Les fameux documents étaient d’ailleurs soigneusement disposés à ses côtés, en évidence, sous un lourd maneki-neko secouant sa patte et souriant avec arrogance. Elle s’inclina légèrement pour les saluer, posa sa baguette sur sa gorge et prit la parole d’une voix douce. Le léger Sonorus qu’elle invoquait devait faire porter suffisamment sa voix pour qu’elle parvienne aux derniers rangs épars. Elle n’imposait à personne de lui faire face, seulement de l’écouter.

« Bonjour à tous. Bienvenue à ce cours de Renseignement. Je suis Mizuchi. J’ai pour tâche de vous enseigner quelques fondamentaux sur l’art de l’obtention, du transport et de la protection d’informations. Contrairement aux sortilèges ou aux potions, c’est un domaine que l’on n’enseigne dans aucune école de magie à ma connaissance. De fait, je n’ai aucune attente particulière concernant votre niveau actuel. En revanche, j’exige que vous preniez vos apprentissages ici au sérieux, et que chaque séance soit le théâtre de vos progrès. Je suis entièrement à votre disposition, durant le cours ou en dehors, pour vous assister dans ces progrès. »

Elle fit une pause, laissant le temps aux mots de s’imprimer dans l’esprit de son public. L’échec, pas de souci. L’abandon, hors de question. Ils comprendraient rapidement que sur ce point, elle serait absolument intransigeante.

« Dans vos questionnaires, pour ceux ayant eu la courtoisie de me les retourner, j’ai lu des choses très intéressantes sur vos visions respectives de l’activité, et je suis persuadée que vous allez beaucoup apprendre les uns des autres. Je rappelle les intitulés. » Elle leva sa baguette, et les fameux intitulés s’inscrivirent derrière elle.

« Codes et messages, Infiltration, Extraction. Je ne reviendrai pas sur vos réponses, le but principal ayant été pour moi de vous cerner un peu mieux et de vous faire potentiellement apprendre quelque chose à travers de vos recherches. » Recherches que peu d’entre eux avaient réellement menées. Certaines avaient pourtant été réalisées avec un grand sérieux, et lui avaient même souvent appris d’intéressantes anecdotes. Elle ne l’oublierait pas. « Aujourd’hui, le cours sera principalement orienté sur une courte présentation théorique de ces trois domaines, suivie de quelques bases sur leur mise en pratique. Il n’y aura pas de mauvaise blague, pas de piège, nous aurons bien le temps d’y venir plus tard. Des questions ? »

Toujours élégamment installée contre son estrade, les mains posées sur le bord, Mizu attendit un instant que des mains se lèvent, ou que des voix résonnent. S’ils s’attendaient à du mystère et des feux d’artifice, ils seraient déçus. En revanche, s’ils comprenaient le véritable enjeu de cette première leçon aux allures de cahier de vacance, la suite risquait d’être beaucoup plus intéressante – pour eux, comme pour elle.

Dés le matin il fait chaud et ce n'est pas la chaleur que Fawkes a appris à connaître. On est loin du climat continental de la Russie aux hivers glaciaux et aux étés lourds où les thermomètres explosent. Mais pas à la chaleur moite. C'est étrange comme sensation, elle n'est pas sûre d'apprécier. Elle traîne des pieds jusqu'à l'amphithéâtre, note les machins qui décorent l'estrade, se garde de ricaner à la vue de la pile de formulaires. Nul doute sur le fait que @Mizuchi doit la prendre pour la dernière des connes. Pour aller avec son statut, la brune se poste au dernier rang, joue les planquées, pose la tête sur ses bras alors que les mots se font trop nombreux. Blablabla, pourvu qu'il n'y ait pas de questions, elle va mourir fossilisée sur place sinon.

Matinale - en avance - les cheveux qui gouttent encore, humidifiant le dos - mais qu'importe, il fait déjà chaud. Le corps qui se hisse sur via les marches jusqu'au milieu des gradins, fantôme discret qui semble plongé dans un passé lointain. Les yeux se perdent ci et là - semblant aveugle à ce qu'il se passe. Perdue - l'apparence peu sophistiquée qui contraste avec l'élégance naturelle du professeur. Le genre de femme que Lune admire en silence - lié à l'enseignement qui la fascine sans qu'elle n'en dise rien.

Elle ne manque pas d'observer les objets disposés - des miroirs à la malle en passant par les devoirs maison alias formulaires d'inscription posés sur le bureau. Tout le reste juste derrière - on pourrait croire qu'elle s'attarde sur la fontaine à eau un instant, mais les astres vides de tout reflets paraissent une fois de plus égarés dans un monde inventé - et on se doutera qu'elle ne retiendra de ce cours que les aventures imaginées dans la caboche. Faux - la Lune est plus attentive et observatrice qu'on ne le croit.

Elle attend le début du cours pour s'assoir - rigueur décalée - puis sort une feuille et un stylo - se demande pourquoi le cours ne se passe pas dans une classe où prendre des notes seraient bien plus facile. Mais Mademoiselle Mizuchi doit avoir ses raisons - elle n'en doute pas - quelles soient personnelles ou pratiques. Le discours est un peu long - pas de doute qu'elle a du perdre certains élèves en court de route - on pourrait presque croire que c'est le cas de la française qui griffonne des arabesques folles sur la feuille blanche.

Petite pique lancée à ceux qui n'ont pas eu l'obligeance de rendre le questionnaire - elle ne se sent pas concernée même si elle regrette un peu de ne pas avoir eu le temps d'en passer plus dans la bibliothèque - mais assurément elle aurait rendu un exposé d'une vingtaine de pages si ça avait été le cas. Elle est presque triste aussi lorsqu'on l'informe qu'ils ne reviendraient pas dessus - elle avait une centaine de question en tête en plus de celles qu'elle avait posé sur papier.

Mais lumière revient toutefois lorsque Mizuchi conclue son speech - promesse d'apprentissage. Puis se tasse un peu quand, lointaine, une voix qu'elle ne connait que trop bien résonne. Hop, elle disparaît, comme maitresse d'une aura invisible - elle n'existe plus, se fait discrète comme l'ombre.

Résumé:

Levé aux aurores, même plus tôt, comme à son habitude, Lenine court autour du domaine, s'entraîne dès le matin. Ajoutons à ça quelques tractions, abdos-fessiers et tout le toutim. Après une heure et demi, Lenine rentre dans son baraquement et le rituel continue : douche, brossage de dents et vêtements habituels se glissent sur son corps. Cours de renseignements ce matin, gants blancs sont portés ce qui contraste à chaque fois avec son allure austère et ses habits foncés. Chemise est correctement entrée dans son pantalon parfaitement lissé, manches sont relevées implacablement, laissent entrevoir des lianes de cicatrices sur ses avants bras.

Il file déjeuner comme un orgre. Repas le plus important de la journée. Oeufs, bacon, flocons d'avoine, jus d'orange, café, tout y passe. Rien ne semble indiquer que Lenine tient à sa ligne et pourtant. Il ingère plus ce qu'il n'en faut, à ainsi de l'énergie pour toute la journée. Il mange seul, comme d'habitude. Se dirige seul vers la salle de classe, comme d'habitude. Tout n'est qu'habitude. Rien n'est encore parvenu à perturber ses horaires militaires. Il pénètre dans l'amphithéâtre, démarche rigide et s'installe en silence au troisième rang. Pas trop loin, pas trop près. Il observe Mizuchi longuement, une des rares professeur qu'il trouve à sa place sur cette île. Une personne respectueuse, respectable et qui invite à la confiance. Pour l'instant en tout cas. Lenine reste vigilant envers tout le monde.

Le cours commence. Le russe écoute attentivement, mains jointes et doigts croisés devant lui. Putain. Cours théorique. Même s'il est déçu, il ne montre rien. Lui n'a pas de question, il n'en n'a jamais. Préfère aller voir le professeur a la fin du cours que de perturber la classe. Elle parle beaucoup Mizu, lui, il préfère ceux qui agissent.
Bref, ça va être long.

Team réveillée aux premiers émois de l'aube doublée adhérente du club sale gueule parce-que le sommeil c'est surfait; le combo est joyeux. Silhouette se plaisant à flâner ci et là tandis que les heures défilent, ça râle après Marcel qui cogne fort tôt et fort tout court - ils pouvaient pas réguler la température de l'île ? Genre, rendre le climat supportable et agréable ? Non parce-que si les recrues voulaient cuire et cramer au soleil, ils avaient qu'à aller s'paumer dans le désert. A faire sa française à râler dans sa barbe - inexistante, la britannique va s'perdre sous l'une des douches de son dortoir - réussit à pas s'y noyer malgré l'indécence du temps qu'elle y reste. Se pointant finalement juste à temps pour le début du cours dispensé au sein de l’amphithéâtre - râle encore silencieusement car ça manque d'ombre.

Se faufile entre les silhouettes déjà présente - relève la présence de quelques visages vaguement familier; lune française, bombe japonaise et militaire russe - il lui semble, confond peut-être le dernier avec un autre. Ne prend le temps de s'y attarder pas plus que d'admirer les rangs; se glissant au sein de ceux du milieu. Membre du fan club : oublier moi, j'suis pas là, j'existe pas.

Mots coulant tels l'encre ne glissant pas de la plume absente aux creux de ses doigts; l'attention douteuse tentant de se concentrer sur les mots tandis que le regard houleux s'attarde sur les détails meublant l'espace ci et là - livres, mannequins, fontaine à eau. Tiens, ils pourraient boires. Ils pourraient p'têtre même faire une piscine improvisé, à l'aide de deux/trois sorts. L'idée pourrait presque lui plaire - la perd, un instant. Et lorsqu'elle tente de raccrocher aux wagons du discours de Mizuchi celui suivant, elle semble paumée la britannique - même si elle a toujours l'air paumée lors des cours théoriques.

Tout ce qu'elle pige à la finale, c'est Hitodama qui prend la parole - y avait pas que les explications de la coréenne qui étaient limpides, la fatigue du japonais l'était aussi à ce stade. Puis ça demande si y aura des binômes. Ah ça, c'est une bonne question - une qui l'intéresse même. Pas qu'elle ait pas la patience pour le travail de groupe... Mais elle avait jamais la patience pour le travail de groupe, de c'qui se dit.

Finalement, ça juge et jauge beaucoup mais ça dit rien - c'est un peu redondant, faudrait changer le disque un jour. « On peut pas directement passer à la mise en pratique ?» Tonalité nonchalante - politesse à revoir également, plus par habitude que par désire de provoquer. Mais au moins elle participe - plus ou moins -, c'pas déjà ça ? Finalement le disque changeait un peu puisqu'elle prend la parole - presque un miracle.

résumé:

Les bancs de l’amphithéâtre étaient honorablement pleins, et Mizuchi s’amusait de noter les choix de placement de ses recrues. Si elle n’imposait pas de tous les avoir en face de l’estrade, proches et visibles, c’est que toutes les décisions qu’ils prendraient durant les prochaines heures étaient primordiales pour elle. A commencer par l’endroit où ils s’installaient.

Deux types de Russes, visiblement. La brune @Fawkes, maussade au fond, l’intraitable @Lenine au troisième rang, pour tout voir et sans être trop vu. @La Lune discrète, comme toujours, mais attentive, malgré son air perdu. Dans l’équipe des désireux de se faire oublier, @Viviane, moue râleuse mais charmante, et @Hitodama, déjà en train de gribouiller. Elle les observait tous avec tranquillité, pas troublée le moins du monde par le silence qui s’installait. Silence rapidement brisé par la voix de sa recrue japonaise, les yeux fatigués mais visiblement dévoué à ne pas laisser la gêne prendre le pas. Elle hocha la tête avec neutralité à son intervention, notant au passage le tic bref de la Lune, et reporta immédiatement son regard sur @Raidho qui prenait la parole.

« Vous serez amenés à travailler en groupe, mais soyez tranquille, je ne vous imposerai pas vos partenaires aujourd’hui. »

Une autre voix s’éleva, plus haut, et Mizuchi n’eut pas besoin de la regarder pour savoir qu’il s’agissait de Viviane. Sa question, sonnant plutôt comme une réclamation dans sa bouche, fit s’élargir imperceptiblement le sourire de l’instructrice, qui leva sa baguette en réponse. Dans une autre salle de classe, on aurait pu croire qu’elle allait lui infliger on-ne-sait quelle punition pour son ton trop nonchalant, mais bien sûr, ce n’était pas le genre de la maison. A la place, Mizuchi fit jaillir de son instrument une élégante émanation argentée, qui prit la forme d’une libellule, avant de s’envoler vers la dame du Lac. Elle se posa sur son épaule, et sembla lui murmurer quelque chose à l’oreille, puisque le visage de Viviane s’en trouva légèrement affecté. Un autre coup de baguette, et l’insecte se dispersa au vent. L’action avait duré moins de cinq secondes.

« Le renseignement est un domaine nécessitant avant tout de la finesse et de la prudence. Au cours d’une opération, la préparation compte pour autant, voire plus, que l’action elle-même. L’improvisation doit être uniquement une solution d’urgence. Être capable d’appliquer un plan bien conçu vous évitera bien souvent des dangers inutiles. Et pour l’appliquer, il faut d’abord le comprendre, et donc l’écouter avec attention. »

Bien qu'elle n'ait pas exactement répondu à la question, le message était clair. Mizuchi n’avait pas durci sa voix, ni son attitude, mais ses paroles eurent un effet immédiat sur son auditoire. Quelques-uns se redressèrent, d’autres prirent mécaniquement quelques notes. Elle poursuivit, n’ayant aucune intention de modérer son débit de paroles, ni de répéter quoi que ce soit.

« Codes et messages, donc. Le Patronus Messager que vous venez de voir a pour lui la discrétion sonore et la longue distance. Il est en revanche visible et peut trahir l’identité de son sorcier, mais une main habile peut lui donner des propriétés de camouflage ou de désillusion. Modérer son volume et son éclat demande de la pratique et un grand contrôle sur sa magie. Puisque vous semblez désireuse de pratiquer, Viviane, je vous en prie. Levez-vous, et envoyez un message exclusif à la personne de votre choix. Par ailleurs, quiconque souhaite l’imiter est invité à le faire. Ne soyez pas timides. »

Ou réticents de révéler la forme de votre Patronus, cela allait de soi. C'était plus une consigne qu'une simple proposition, et Mizuchi serait passablement agacée si personne ne s'exécutait. Elle décrocha enfin son regard d’eux pour aller se servir de l’eau à la fontaine, et quand elle se retourna, son regard se posa sur Viviane et ne la lâcha plus, jusqu’à ce qu’elle fasse démonstration de son sortilège.

Les recrues devaient comprendre que son cours ne serait pas non plus dénué de sacrifices. Ils formaient une équipe, et devaient accepter de partager certains aspects de leurs talents. L’anonymat, c’était bien beau, mais cela avait ses limites, sur le terrain comme dans la vie. On ne faisait pas confiance à des inconnus. Dévoiler une part, même aussi infime, de son identité, établissait un lien de confiance tacite. Elle-même avait appris d’expérience que dissimuler ses forces ne menait qu’à la défiance. En révéler une partie, en revanche, permettait d’apaiser les soupçons et d’endormir les vigilances. La jeune femme espérait qu’ils comprendraient cela rapidement, car elle s’ennuierait très vite d’un groupe de paranoïaques sans individualité, et ne les laisserait pas longtemps choisir ou non de se dévoiler.

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A moins que votre personnage ait des difficultés particulières avec le sortilège du Patronus, vous n'êtes pas obligés de jouer aux dés la réussite de son apparition même. En revanche, je vous invite à les lancer pour en définir la qualité et la discrétion du message délivré !

Résumé:

Les dés:

Résumé:

Dès :