Lancelot regarde, observe. Comme d'habitude elle ne parle pas et plus les jours passent, plus le silence d'installe depuis le fond de ses yeux jusqu'aux traits de son visage.
Elle n'est qu'une professeure parmi d'autres, ses sourcils se froncent un peu lorsque Saïph prend la parole : chérir le souvenir de la jeune fille?
A bien y réfléchir, Lancelot ne sait même plus à quoi ressemble Shishi de son vivant : sans doute se sont-elles déjà croisées dans les couloirs ou lors d'événements communs mais la plus jeune bien que présente sur l'île, n'était pas au cours de Torture.

Les yeux de Lancelot volent jusqu'aux élèves, essayent de reconnaître des silhouettes plus tristes parmi d'autres, plus fragiles. D'autres ici sont là pour se souvenir de la morte, elle le regrette d'ailleurs.
Pourquoi encourager l'émotion à ces jeune déjà par trop dissipés? Ils ne demandent que cela, ressentir. Ressentir, être vivants, se dire qu'ils sont du bon côtés, pas de celui des machines et des coeurs de pierre. Sur l'île, certains croient encore à la frontière factice entre le bien et le mal, qu'une ligne de conduite exemplaire leur permettra de briller quand bien même ils ne remplissent pas l'objectif même qu'on leur a donné.

Il y a des ombres sur le visage de Lancelot, ces ombres sont muettes elles aussi. Une cérémonie, du temps perdu, une vérité à découvrir aussi sur cette mort bien sûr mais elle n'est pas là pour ça.
Elle est là pour apprendre, enseigner.
Apprendre ce qui ne devrait jamais être appris mais le monde est ainsi : injuste, violent, brutal. La femme enfonce un peu plus les mains dans les poches de son long manteau, que peut-elle faire sinon attendre?

Etrange soirée, dans la chaleur tombante, et plus étrange encore le spectacle donné par les occupants de l'île. Beaucoup semblaient parfaitement indifférents à la cérémonie funéraire, quelques uns à l'inverse étaient bouleversés. Tous avaient fait l'effort au moins de se présenter à l'heure.

Drapée dans son kimono immaculé, Mizuchi emboîtait le pas à leur directrice, le regard dans le vague. Elle sentait la présence des neuf recrues derrière elle. Faisait bonne figure pour eux, et pour eux uniquement. Ils étaient liés par la proximité du bois de cerisier, la présence de Mikan dans leur esprit. Au loin, on distinguait déjà le bûcher, haut et digne. La distance à parcourir semblait interminable.

Enfin arrêtés. Des paroles s'élevèrent. Mizuchi les regarda tour à tour, ces hauts dignitaires, ne réagit pas. En réalité, elle était plutôt de leur avis. Elle n'avait jamais considéré la mort comme une tragédie. Si Mikan devait partir, si c'était le moment pour elle de rejoindre ses ancêtres, rien n'aurait pu l'en empêcher. Les lamentations étaient belles, et peut-être nécessaires. Elle respectait la douleur mais n'y prenait pas part. La jeune fille ne méritait pas ce genre d'hypocrisie.

Hitodama rendit son hommage, lyrique et larmoyant, puis tous les représentants de Mahoutokoro, tout à tour, déposèrent quelque chose. Pour leur brillante amie, du moins, pour leur camarade. Mizuchi, elle, n'alla disperser que quelques pétales de rhododendron au-dessus du corps inerte. Elle murmura un hommage bouddhiste en japonais, s'inclina profondément, et s'éloigna sans lui tourner le dos.

Dans l'assemblée, elle sentait la tension suite aux discours directoriaux. Beaucoup de recrues avaient frôlé la mort, la veille. Elle-même était encore épuisée des soins, son corps n'avait pas encore restauré entièrement le sang perdu. Elle comprenait leur indignation. N'avait rien à y redire. Mais égale à elle-même, elle ne les soutiendrait pas dans ce combat stérile. Les chassa même immédiatement de son esprit, pour se concentrer sur le vent chaud, le frottement du tissu sur sa peau, la rumeur diffuse de la montagne.

Elle tentait de calquer sa conscience sur une réalité autre. De sentir les esprits, si tant est qu'ils se soient glissés parmi eux. Mais si, comme le voulait l'usage, le deuil les attirait vraiment, il n'était pas impossible qu'elle en sente la caresse sur sa joue ou entende un gémissement au détour d'un sanglot.

Lorsque Aonyobo s'avance vers le cercueil, Kitsune sait que le supplice ne durera pas longtemps. Une fois le cadavre incendié, elle partirait. Elle ne comptait pas rester jusqu'au bout. Que son geste soit considéré comme irrespectueux, elle s'en moquait. Elle avait fait acte de présence, et à présent elle avait mieux à faire qu'observer un corps partir en fumée. Aussitôt les premières flammes léchant le cercueil, Kitsune fait volte-face et sort du rang, mains dans les poches, pour s'en retourner à son dortoir. Sauf qu'au même moment, un cri déchire l'assemblée, et la renarde observe un corps s'enflammer. Un corps bien en vie celui-ci. Elle s'arrête. Observe. Interdite. L'action dure un instant. Un bref instant. Puis, des cendres, alors que le cadavre de Shishi est toujours en train de brûler. Kitsune se retourne à nouveau, regard vers les directeurs. Elle hésite à les héler, mais préfère sortir sa baguette, un "spero patronum" murmuré en toute discrétion.

Les dés j'avais oublié de décrire mea culpa:

Soudain, une lumière bleue jaillit, éclatante, et la forme d'un majestueux sombral s'en échappe. Il se plante devant Jupiter, et la voix de la nippone s'en échappe « Quelqu'un vient de mourir par ici. J'ai pensé que vous aimeriez être prévenus. » dans la voix, une colère sourde, froide. Lentement, mais sûrement, Kitsune sent que les raisons qui ont pu la conduire à venir sur l'île sont en train de muer en quelque chose de profond, de sombre. Une personne, ou plusieurs, sur cet île, avait la ferme intention de les décimer. Et elle avait la ferme intention de lui donner du fil à retordre. Mais toujours avec insolence.

Cernes ornementent visage pâle d’avoir vu sans ne pouvoir agir, des cauchemars, aussi courts furent-il – bleuté contrastant avec le noir des vêtements, sobres et endeuillés. On aurait pu s’attendre à voir pire sur le minois poupon, que les traits tirés et humainement spectres. Lune suit sa délégation, tête baissée – entre les mains, chrysanthème blanc, délicat et unique, qu’elle déposera d’un tour de baguette pour ne pas perturber l’ordre ou s’imposer parmi les véritables proches. Cercueil arrive alors – reine en tête – parvient à entrevoir Hitodama. Vision meurtrière, fuit des azurs désolés. Elle n’arrivera pas à soutenir émotion si dure. Cherche alors son Durmstrang, le capte un peu plus loin et s’en rapproche discrètement avant que les discours ne commencent – femme fantôme de toute façon, on ne la remarquera pas.

Paroles retentissent – horizons se durcissent. Contradictions des mots, des directeurs – demande d’union mais comment faire lorsqu’eux-même ne se font pas confiance ? Tension monte dans les rangs, mais personne n’ose s’imposer – respect silencieux pour le départ de Mikan, comme tel était son nom. Ne relève pas non plus que demoiselle ne soit dépeinte que comme une élève douce et discrète – était bien plus, même si toutes deux ne se sont pas bien connues. Et ainsi cérémonie se passe, sous la voix cristalline du japonais. N’entend plus que ça – ne pleure pas malgré la fatigue, et ces émotions qui tournoient. Souffrances devraient s’envoler avec la fumée, si seulement cela était possible – au contraire, douleur retentit plus brusquement.

Bloquée par les fumées, par le feu, incapable de réagir – c’est ça l’armée sauveuse du monde ? Tête est tournée vers les autres, cherche, cherche encore regards de satisfaction, ou un visage peu stupéfier par l’évènement, lit les traits, aussi vite qu’elle le puisse, sans s’attarder de trop, parce qu’à chaque seconde qui passe elle perd une chance de décrypter les visages, de faire tomber les masques – n’en voit alors pas Kitsune envoyer insolent patronus ou n’entend pas les accusations de Sakhm. N’est concentrée que sur l’observation. Mais enfant ne détecte rien, a beau être en pleine possession de ses capacités (91 d'après le dé svp), est sûrement trop myope à cause de la fumée.

Résumé: